Nicaragua –
Un juge argentin ordonne l’arrestation du président Ortega
La justice argentine a requis l’arrestation du président nicaraguayen pour « violation systématique des droits de l’homme ».
AFP
Publié aujourd’hui à 22h59 Mis à jour il y a 24 minutes
Abonnez-vous maintenant et profitez de la fonction de lecture audio.
BotTalk
Un juge argentin a ordonné l’arrestation du président nicaraguayen Daniel Ortega et de son épouse Rosario Murillo, ainsi que d’une dizaine de collaborateurs, pour « violation systématique des droits de l’homme » dans ce pays d’Amérique centrale.
“Le juge fédéral Ariel Lijo a ordonné l’assignation à comparaître et le mandat d’arrêt international contre Daniel Ortega et Rosario Murillo”, a déclaré lundi à l’AFP Dario Richarte, l’avocat à l’origine de la plainte.
Cette dernière repose sur le principe de compétence universelle, qui permet aux pays de poursuivre les crimes contre l’humanité quel que soit le lieu où ils ont été commis.
« Les disparitions forcées de personnes »
Le gouvernement de Daniel Ortega et de son épouse « est peut-être la dictature la plus sanglante qui ait jamais existé sur le continent », a déclaré Dario Richarte.
Les crimes qui leur sont reprochés comprennent « l’assassinat, la privation grave de liberté, la disparition forcée de personnes, la torture, la déportation ou le transfert forcé de population et la persécution d’un groupe ou d’une communauté ».
La plainte a été déposée en août 2022 par un groupe de professeurs de l’Université de Buenos Aires dirigé par Dario Richarte.
Un « plan criminel de répression »
Un mandat d’arrêt a également été émis contre “chacun des responsables de la structure étatique, policiers, militaires et paramilitaires, de crimes contre l’humanité”, a-t-il ajouté.
La plainte fait référence à un « projet criminel de répression » et s’appuie sur des témoignages de victimes restées anonymes.
L’action en justice « s’est élargie à mesure que la dictature commettait de nouvelles violations des droits de l’homme », a déclaré l’avocat.
“Personne n’est en sécurité”
“Personne n’est à l’abri” du “modèle répressif” mis en place au Nicaragua par le gouvernement du président Ortega, qui menace les droits humains d’une manière “sans précédent”, avait prévenu mi-décembre l’ONG Amnesty International.
Daniel Ortega, un ancien guérillero de 79 ans qui a dirigé le Nicaragua dans les années 1980 après le triomphe de la révolution sandiniste, est revenu au pouvoir en 2007. Il a réformé la Constitution une douzaine de fois, lui accordant notamment un nombre indéfini de mandats.
Il est accusé par les États-Unis, l’Union européenne et les pays d’Amérique latine d’avoir instauré une autocratie avec son épouse, qui deviendra « co-présidente » grâce à une réforme constitutionnelle adoptée en novembre par le Parlement, contrôlé par le parti au pouvoir, le Front sandiniste de libération nationale (FSLN, à gauche).
320 morts lors des manifestations antigouvernementales en 2018
La réforme doit être validée lors d’une prochaine session parlementaire en janvier. Il prévoit une « présidence de la République […] composé d’un coprésident et d’un coprésident », qui seront nommés lors d’élections organisées « tous les six ans », et non plus tous les cinq ans.
Les deux dirigeants coordonneront « les organes législatifs, judiciaires, électoraux » ou ceux gérant les régions et les communes, alors que la constitution actuelle les considère comme indépendants.
Daniel Ortega et Rosario Murillo ont radicalisé leurs positions et renforcé leur contrôle sur la société nicaraguayenne après les manifestations antigouvernementales de 2018, dont la répression avait fait 320 morts selon l’ONU.
Le principe de compétence universelle
Ils accusent l’Église, les journalistes et les ONG d’avoir soutenu ces manifestations qu’ils considèrent comme une tentative de coup d’État soutenu par Washington.
Entre février 2023 et septembre 2024, le gouvernement Ortega a déchu de leur nationalité nicaraguayenne plus de 400 hommes politiques, hommes d’affaires, journalistes, intellectuels, défenseurs des droits humains et membres du clergé qui ont été contraints à l’exil ou expulsés du pays.
La justice argentine a récemment appliqué le principe de compétence universelle en ordonnant en septembre l’arrestation du président Nicolas Maduro et de son ministre de l’Intérieur Diosdado Cabello afin qu’ils soient interrogés dans le cadre d’une enquête pour crimes contre l’humanité.
Un précédent célèbre pour l’application de ce principe remonte à 1998, lorsque l’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet a été arrêté à Londres après un mandat d’arrêt du juge espagnol Baltasar Garzon.
“Dernières nouvelles”
Vous voulez rester au courant de l’actualité ? La Tribune de Genève vous propose deux rendez-vous par jour, directement dans votre boîte email. Ainsi, vous ne manquez rien de ce qui se passe dans votre canton, en Suisse ou dans le monde.
Autres bulletins d’information
Se connecter
Avez-vous trouvé une erreur ? Merci de nous le signaler.
0 commentaires