C’est l’histoire d’un petit Français qui monta sur un ring à Tijuana devant 30 000 spectateurs pour jouer au sparring, et qui finit par en sortir après avoir allumé la climatisation et éteint la gloire locale. Le boxeur Bruno Surace, 26 ans, a réalisé un authentique exploit samedi soir au Mexique, en s’imposant par KO contre Jaime Munguia dans le (plus) bien nommé Estadio Caliente.
La performance est énorme. Parce que Munguia était le challenger numéro 2 du WBC dans la catégorie des super-moyens (-76 kg), dont la seule défaite jusqu’à présent est survenue en mai dernier aux points contre Saul « Canelo » Alvarez, la mégastar de la catégorie avec ses trois ceintures mondiales, et qui était affronter le Français Christian Mbilli dans les prochains mois pour savoir qui aura l’honneur de défier à nouveau Canelo.
« Rocky dans la vraie vie »
Bruno Surace n’a été qu’une étape sur ce chemin pour le Mexicain. Le Marseillais n’est pas n’importe qui non plus, invaincu depuis son passage chez les professionnels, mais il appartient à la catégorie en dessous, celle des poids moyens (-72,5 kg) et il n’est pas connu pour être un puncheur spectaculaire, ne remportant que quatre de ses 25 victoires. avant la limite. Eh bien, c’était avant.
Après avoir essuyé une tempête de coups au deuxième tour, dont un crochet du gauche l’envoyant au tapis et presque aux vestiaires, Surace a parfaitement géré ses affaires, attendant que Munguia se fatigue et baisse enfin sa garde.
Au sixième round, après une série de deux uppercuts gauches du Mexicain, El Frances s’est décalé et a placé un crochet droit dévastateur au visage de son adversaire. Même si ce dernier lutta pour se relever, c’était fini. « Rocky en vrai, la surprise de l’année !! », a réagi le célèbre écrivain et journaliste de boxe Dan Rafael, comme probablement des centaines de milliers de fans.
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Même les plus proches de Bruno Surace ont dû se pincer pour le croire. Demandez à Hamid Zaïm, son manager historique, qui est à ses côtés depuis l’âge de 18 ans. Il avait eu un samedi trop chargé pour durer jusqu’au milieu de la nuit, et quand sa femme lui a annoncé la nouvelle à son réveil le dimanche matin, il lui a fallu un peu de - pour s’en rendre compte. «J’ai été un peu choqué. C’était impossible. Eh bien, impossible… Je n’y croyais pas, dit-il en souriant. Elle a dû me montrer l’image de sa victoire au téléphone. Les poils se sont dressés sur mes bras et j’ai eu beaucoup de frissons. »
Une victoire qui va tout changer
Figure de la boxe ardennaise, Hamid Zaïm a construit la carrière du Sudiste, qui a débuté à Marseille avant de venir dans le Grand-Est rejoindre l’entraîneur Mourad « Kayser » Haddu, l’associé de Zaïm. Ce dernier a organisé l’an dernier son premier championnat de France, puis son premier championnat d’Europe. Si Bruno Surace signe ensuite avec la NAPA (Noble Art du Pays d’Aix) pour bénéficier du soutien de la ville, il ne prend pas ses distances avec ses deux mentors.
« C’est vraiment exceptionnel ce qu’il a fait, poursuit Hamid Zaïm à propos de son protégé. C’est une victoire référence pour lui, avec en plus ce magnifique KO. Cela va tout changer pour lui. » De la 57e place mondiale, le Français va remonter à la 7e, et entrer dans un nouveau cercle, celui des challengers qui comptent.
Un tourisme bien mérité
Se posera la question de sa catégorie, entre moyens et super-moyens. En tout cas, ce grand fan de l’OM, titulaire d’une licence en droit et d’un master en organisation sportive, sera très courtisé par les promoteurs. Premièrement, il verra déjà si Jaime Munguia exige la vengeance prévue dans le contrat.
Les proches de Bruno Surace qui l’accompagnaient au Mexique ont appelé dimanche matin Hamid Zaïm pour le prévenir que, « bien sûr », ils se reverraient dès leur retour. « C’est Bruno qui détient désormais les cartes », projette le manager. En attendant, l’intéressé a décidé de rester quelques jours au Mexique pour faire un peu de tourisme. Il le méritait.