Mustapha El Ahamadi, une passion pour la course et un parcours incroyable

Mustapha El Ahamadi, une passion pour la course et un parcours incroyable
Mustapha El Ahamadi, une passion pour la course et un parcours incroyable
Publié le 14/12/2024 à 7h15

Écrit par Jean-Martial Jonquard

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Il est l’un des athlètes les plus captivants que le Limousin ait connu. Cependant, Mustapha El Ahamadi, d’origine marocaine, y est arrivé illégalement au début des années 1990. Mais son talent, sur les longues et moyennes distances, et sa gentillesse l’ont aidé à y trouver sa place. Trente ans plus tard, il est toujours là… Et si sa carrière est terminée, le renard de Saint-Junien est toujours en cavale.

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Le rythme est un peu plus lent, mais toujours aussi beau. Les spécialistes le reconnaissent au premier regard. Pour d’autres, c’est plutôt le sourire qui illumine leur visage, ou la bienveillance qui se dégage de leur voix. Et puis tout le s’est exclamé : mais c’est « Soft » !

Mous, ou plutôt Mustapha El Ahamadi. Eh bien non. Mustapha El Ahamadi, ou plutôt Mous, puisque tout le monde l’appelle ainsi. “Je ne suis pas sûr non plus que je me détournerais si quelqu’un m’appelait Mustapha. Mous, ça fait si longtemps…”

Mous est né au Maroc, il y a 56 ans, à Berkane, à l’extrême nord-est du pays. Bien que son père soit agriculteur, il a toujours voulu faire du sport, aussi loin qu’il se souvienne. “Je voulais étudier, devenir enseignant ou travailler dans l’industrie. Au début, je jouais au football et au handball. Et puis le soir, je suis allé courir. Mais attention, je ne courais pas pour courir, ni pour aller vite. Mous a alors une idole, le légendaire Saïd Aouita, le Marocain qui a régné entre 800 et 5 000 mètres, entre les JO de Los Angeles et de Séoul. “Ce qui m’a tout de suite plu, ce sont les 1 500 mètres, comme Aouita.

Eh bien, tout de suite, pas tout à fait. C’est presque une humiliation qui l’a poussé vers son destin ! “Un jour, une course sur route a été organisée chez moi à Berkane et je l’ai gagnée. Et mon entraîneur de handball m’a dit : Mous, je préfère que tu partes courir. A l’époque, je l’ai mal pris. Mais après… Si je le revoyais, je le remercierais. [Rires]




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Il est l’un des athlètes les plus captivants que le Limousin ait connu. Cependant, Mustapha El Ahamadi, d’origine marocaine, y est arrivé illégalement au début des années 1990. Mais son talent, sur les longues et moyennes distances, et sa gentillesse l’ont aidé à y trouver sa place. Et trente ans plus tard, il est toujours là. Sa carrière est terminée, sa passion pour la course automobile est toujours présente. Équipe : JM Jonquard, N Chigot, P Ruisseaux


©France Télévisions

Pour vivre sa passion, Mous décide de quitter le Maroc et de venir en France. Il participe d’abord à quelques courses dans le sud, avant de revenir, par hasard, en Limousin. “C’était pendant la première guerre du Golfe. J’avais un ami qui habitait Limoges, il faisait des études de pharmacie, alors je l’ai rejoint. Je suis arrivé comme ça, par hasard. C’est là que j’ai commencé à faire du shopping. J’en ai gagné quelques-uns et c’est comme ça que ma carrière a commencé.”

Le seul problème, c’est que Mous est sans papiers, débarqué illégalement, et lors de ces déplacements il fait tout pour éviter la police. Mais plein de talent, est immédiatement remarqué. Par Alain Lebègue, de l’AS Saint-Junien, par Bernard Faure, par Jean-Luc Monge, qui organisera prochainement la Course des Gendarmes et des Voleurs du -. “D’accord, quand j’ai participé, je n’étais plus un immigrant clandestin. Mais je n’ai jamais su si la police était au courant de mon passé. Je ne lui ai pas demandé non plus.”

Sous la houlette de ses mentors, Mous voit sa carrière exploser et sa situation s’améliorer. Sa naturalisation en 1998 lui donne des ailes et intègre l’équipe de France.

En cross ou sur piste, au tournant des années 2000, Mous saura tout. Il a fait la France, l’Europe, la Coupe du Monde, avec peu de titres et d’excellents classements.

Puis, individuellement, il classe 4ème, 5ème et 8ème aux championnats d’Europe de cross-country en 1999, 2000 et 2002, 11ème aux championnats du monde de cross-country en 2001. Il a été champion de France du 10 000 m en 2000, et 2ème et 3ème aux championnats de France de cross-country. en 2000 et 2002.

Et que dire du palmarès de son équipe : champion d’Europe de cross-country en 2000 et 2002, vice-champion d’Europe de cross-country en 2001, troisième aux championnats d’Europe en 1999, vice-champion du monde en 2001 !

Une carrière dans laquelle, tout en continuant à courir en Limousin, il rencontrera les plus grands au niveau international, dont le roi des rois, Hicham El Guerrouj, comme lui de Berkane. “J’ai beaucoup aimé Hicham, parce qu’il était originaire de Berkane et parce que je l’ai vu arriver et grandir. Après, je l’ai surtout vu de dos ! [Rires]

Seul regret, encore présent : ne pas avoir participé aux Jeux, raté à Sydney en 2000, avec seulement dix secondes au-dessus du minimum…”Les Jeux sont toujours un regret. C’est quelque chose… Vous avez l’impression de ne pas avoir terminé votre carrière. J’ai fait la Coupe du Monde, les Championnats d’Europe, mais les Jeux Olympiques…”

Après vingt ans à haut niveau, Mous met fin à sa carrière en terminant senior. Fidèle au Limousin, qui l’a accueilli et, dit-il, fait de lui un homme, il est resté à Saint-Junien, où il travaille désormais dans les équipements sportifs de la ville.

Mais la passion et le besoin étaient trop forts, et continua, incapable de s’en empêcher, entraînement. “J’en ai besoin. Même si je ne cours pas plus vite, cela me rappelle ma jeunesse.

Sa fille et son fils ne suivent pas ses traces, trouve la course trop dure. D’autres sports l’attirent, comme le vélo ou la natation, mais s’estime incapable de le faire. C’est trop difficile, au final je n’aime pas ça ! Ce n’est pas grave, il courra aussi longtemps qu’il le pourra. Avec la même envie, le même sourire, la même droiture et la même gentillesse.

Mous, la volpe di Saint-Junien.

Mustapha El Ahmadi, un vrai bon gars.

 
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