Ôn aurait aimé passer la soirée des World Rugby Awards – sorte de cérémonie du Ballon d’or ovale – à côté de Santiago Gomez Cora. Quelques jours avant l’événement, l’entraîneur de l’équipe masculine argentine de rugby à sept s’est indigné qu’Antoine Dupont soit l’un des quatre nommés pour le titre de meilleur joueur mondial de rugby à sept. “C’est un manque de respect”a-t-il déclaré. Implicite pour ceux qui pratiquent la discipline à plein temps. On n’imagine pas sa réaction lorsqu’il a appris que les Pyrénées avaient remporté le championnat, dimanche 24 novembre, à Monaco.
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La raison de cette colère, largement partagée sur les réseaux sociaux ? Antoine Dupont aurait été parachuté et aurait gagné sur son statut plutôt que sur ses performances. Après tout, il n’a disputé que quatre tournois à sept en 2024 – dont les JO de Paris – et a débuté la plupart des matches sur le banc des remplaçants. Mais prenons le problème à l’envers : est-il juste de priver un joueur de la reconnaissance individuelle qu’il mérite parce qu’il s’appelle Antoine Dupont ?
Car une fois la tenue septiste enfilée, Dupont a fait Dupont. Avec lui, les Bleus ont tout pris. A Los Angeles, une première épreuve internationale depuis 2005. A Madrid, la finale du circuit mondial, une performance inédite. Et à Paris, évidemment, le titre olympique. Restera surtout la finale, lors de laquelle il a battu les Fidji quasiment à lui seul en inscrivant deux essais, et en en offrant un autre sur un plateau à Aaron Grandidier Nkanang après avoir traversé le terrain.
Pas mal pour un « débutant », qui n’accordera sans doute pas beaucoup d’importance aux commentaires malveillants. Il avait déjà eu droit à son prix lorsqu’il annonçait (mais avec beaucoup d’humilité) son envie de se lancer dans l’aventure au VII. “Je n’ai pas la mémoire courte [sur les critiques qui l’ont visé] et je suis fier des choix que j’ai faits”a-t-il déclaré dimanche, une fois le trophée dans ses bras imposants. L’habituel demi de mêlée n’a pas fermé la porte à un nouveau rôle olympique en 2028 à Los Angeles, où il pourrait définitivement asseoir son statut dans la discipline.
L’impasse sur le Tournoi des Six Nations
Dimanche soir, la vraie incongruité est surtout qu’Antoine Dupont n’a pas remporté de trophée lié à ses performances à XV. Le titre suprême est revenu au troisième ligne sud-africain Pieter-Steph du Toit. Le capitaine de l’équipe de Fabien Galthié n’a même pas été nommé. La raison réside dans une phrase du règlement de World Rugby, l’organisme mondial régissant la discipline : « Les votes sont basés sur leurs performances lors des matches internationaux, excluant ainsi les réalisations en club de rugby. »
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