Réaction à un documentaire | «Je n’ai jamais volé Alex Hilton», défend Gilles Proulx

Écorché dans une série de documentaires sur le boxeur Alex Hilton, l’animateur de radio et de télévision Gilles Proulx souhaite rebâtir sa réputation. Oui, il était “naïf” d’investir l’argent du boxeur dans un paradis fiscal, vers 2004, mais il l’a fait en se comportant comme un “grand frère”, se défend-il.

“Je n’ai jamais volé Alex Hilton”, insiste l’ancien animateur de Journal de midi de CKAC et CJMS, connu pour ses nombreux coups de gueule et sa forte prononciation.

L’homme de 84 ans, qui tient une chronique hebdomadaire sur Le journal de Montréal depuis des années il est en colère contre l’animatrice radio Marie-Claude Savard et son documentaire Devenez un Hilton.

La série de trois épisodes diffusée sur Crave, à laquelle M. Proulx a volontairement participé, explore la vie tumultueuse du clan Hilton, cette confrérie de cinq boxeurs montréalais connus autant pour leur fureur sur le ring que pour leurs nombreux démêlés avec le loi .

Le scénario se concentre en particulier sur le rétablissement d’Alex après des années d’alcoolisme, de violence et de dépression.

La présentatrice Marie-Claude Savard cherche notamment à faire la lumière sur un enjeu jusqu’alors inconnu du public : la disparition d’un pécule de près de 90 000 $ accumulé par Alex Hilton à la fin de sa carrière de boxeur.

« Ses dernières bourses, représentant environ 90 000 $, lui ont été volées par un animateur de radio bien connu qui a accepté de réaliser le documentaire. C’était Gilles Proulx», a déclaré MMoi Savard, lorsqu’elle était interviewée à l’émission Nous nous dironsà Radio-Canada, pour promouvoir sa série.

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PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

L’ex pugile Alex Hilton

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«C’est une tarte à la crème dans la gueule», réagit Gilles Proulx, en entrevue avec La presse. « J’arrive au terme de ma carrière, et là, à 19 heurese 3 heures minutese période, j’ai le cul sur une pelle à charbon et on me dit : « Va-t’en ! », alors que ma carrière devrait être couronnée par ma persévérance soutenue. »

M. Proulx a envoyé à M.Moi Savard et Productions Déferlantes ont émis un avertissement le 30 octobre, les accusant d’avoir porté « des accusations manifestement criminelles » contre lui et exigeant une rétractation.

Dans un email envoyé à La presseProductions Déferlantes répond qu’« aucune accusation ou conclusion n’est formulée » contre M. Proulx dans le documentaire et qu’« en aucun cas M. Proulx n’est présenté comme le voleur d’une somme d’argent dans les trois heures de contenu de la série ».

Mais Alex Hilton, dans une interview avec La presseen rajoute une couche : « Il m’a volé mon argent », dit-il. Si Gilles Proulx veut prouver qu’il ne m’a pas volé, on peut tous les deux utiliser le détecteur de mensonge», conteste l’ancien boxeur, aujourd’hui âgé de 59 ans.

Rôle de protecteur

L’implication de Gilles Proulx dans la vie et la carrière d’Alex Hilton a débuté de manière informelle à la fin des années 1990. « Les Hilton étaient des gitans, explique Gilles Proulx. Le père Hilton avait expulsé Alex et j’avais proposé de gérer ses contrats de boxe, bénévolement. » L’accord s’est produit par une poignée de main.

« J’ai été témoin des efforts incroyables de Gilles Proulx pour protéger Alex Hilton de son entourage », se souvient Réjean Tremblay, ancien chroniqueur de La presse qui a évoqué leur relation à plusieurs reprises dans ses articles. « Je l’ai vu s’en occuper, négocier des bourses avec détermination. Il est allé chercher Alex après les pinceaux », raconte-t-elle.

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PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Alex Hilton lors de son dernier combat contre Adam Green, au Centre Bell, en décembre 2004

D’un combat à l’autre, Alex Hilton a réussi à récolter un peu plus de 80 000 $ en bourses, raconte Gilles Proulx. Mais comme il « n’avait aucune idée de la valeur de l’argent » et « avait tout gaspillé », l’animateur a procédé à investir le pécule.

Un homme d’affaires proche de lui, Léon Gélinas, qui produisait des vestons sport, les a convaincus d’investir l’argent auprès d’un certain Victor Lacroix, qui leur a promis un rendement de 12 %.

Une « enveloppe épaisse » argent

Dans des entretiens séparés avec La presseAlex Hilton, Gilles Proulx et Léon Gélinas se souviennent tous d’être allés au bureau de Victor Lacroix, boulevard Daniel-Johnson, à Laval, mais aucun ne se souvient de la date précise.

Alex avait apporté avec lui « une grosse enveloppe » d’argent, a précisé M. Proulx, en échange de laquelle il a reçu un certificat d’investissement « dans une banque exonérée d’impôt ».

«Ils m’ont juste dit qu’il s’agissait d’un investissement offshore. Je ne le savais pas, alors j’ai fait confiance à M. Proulx », se souvient Alex Hilton.

« Après deux mois, nous avons reçu un document prouvant que la valeur de l’investissement avait augmenté de 2 000 $ », assure Gilles Proulx.

Sauf que le célèbre Victor Lacroix a fini par disparaître dans le brouillard. En 2005, la société qu’il dirigeait, Bear Bay Holding, a été impliquée dans la débâcle de Mount Real, une fraude à la Ponzi dans laquelle 1 600 investisseurs ont perdu 130 millions de dollars.

Victor Lacroix a ensuite été condamné par l’Autorité des marchés financiers à payer une amende de 156 000 $ pour avoir vendu illégalement des certificats d’investissement à Mount Real.

Dans son documentaire, Marie-Claude Savard « déplore » que Gilles Proulx n’ait pas « tenté d’obtenir l’argent » en enrôlant Alex Hilton dans un recours collectif qui a finalement permis aux victimes de Mont-Réal de récupérer 43 millions en 2016.

Le scandale Mount Real n’est cependant pas la seule fraude dans laquelle Bear Bay a été impliqué au cours de la même période. En mars 2004, le Journal a rapporté que des dizaines de petits épargnants, notamment de la communauté italienne de Montréal, ont perdu au total 25 millions dans une entreprise bahaméenne liée à Bear Bay. Le journaliste Don Macdonald, qui couvrait l’affaire à l’époque, rappelle que Victor Lacroix et son associé ont fui Montréal lorsque le scandale a éclaté.

Ces transactions douteuses à l’étranger de Bear Bay, qui ont fait l’objet d’une enquête et ont été sanctionnées par l’Agence du revenu du Canada, n’ont jamais fait l’objet d’un recours collectif. Aucune des victimes n’a été indemnisée.

La presse il n’a pas réussi à retrouver Victor Lacroix.

“Ça a juste mal tourné”

Gilles Proulx admet avoir été « naïf » en confiant l’argent à Victor Lacroix, mais rejette la faute sur Léon Gélinas.

« Gilles Proulx n’est coupable de rien et n’est pas un voleur. Ça a tout simplement mal tourné», affirme Léon Gélinas, qui décline toute responsabilité.

« Gilles Proulx, a fait beaucoup de bien dans la vie d’Alex, mettant très souvent la main à sa poche pour l’aider, quand Alex était sur une glissade. Il prenait soin de lui comme s’il était son propre fils», témoigne Denis Sicotte, un ami d’Alex Hilton qui a également participé au documentaire.

Alex Hilton, de son côté, n’a conservé qu’un seul document de cet investissement, portant l’en-tête de Bear Bay Holding.

«C’est un faux document», accuse l’ancien boxeur, qui estime que Gilles Proulx et Léon Gélinas étaient de mèche avec Victor Lacroix pour le priver de ses bourses.

Lorsqu’il s’est rendu compte que l’argent manquait, il dit être tombé dans la dépression et s’être mis à boire de manière excessive, au point de vivre dans un parc en plein hiver.

“Je n’ai pas beaucoup d’éducation, je n’ai fait confiance qu’aux mauvaises personnes”, se plaint Alex Hilton.

Avec Daniel Renaud, La presse

 
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