Que ferez-vous dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre ? Rien, une soirée, du travail… Rémi Girard sera dans un bar. De 11h jusqu’au lendemain à la même heure. Le « Hulk des bois », comme on le surnomme chez lui en Haute-Saône, se bat avec un record du monde bien précis.
«Je veux battre le nombre de tractions en vingt-quatre heures», annonce le jeune de 25 ans, habitant de Perrouse, commune entre Besançon et Vesoul. « Pour l’instant, un Japonais détient le record avec 8 940. »
“J’ai atteint 8 675 en vingt-quatre heures”
Rien qui puisse effrayer ce forestier de l’Office national des forêts (ONF). Depuis fin août, il s’est déjà entraîné six fois au fil du temps. « La première fois, j’ai fait une traction par minute. Puis deux la fois suivante, jusqu’à six heures le week-end dernier où j’ai atteint 8 675 en vingt-quatre heures. J’étais content au final, j’en avais gardé. Je sais que je peux le faire. Mon objectif est d’arriver à 9 120. Pour cela, je prévois 8 tractions par minute pendant 5,5 heures, puis six par minute pendant les 18,5 heures restantes. »
Le bûcheron de formation est attentionné. Au fil des années, il a appris à mieux écouter son corps. Mieux qu’en 2023, où il s’était blessé quelque temps avant d’établir le record des tractions en soixante minutes (1 246). «J’avais une tendinite. J’allais trop vite. J’ai remarqué que cela s’améliore beaucoup avec des séances plus longues. »
Puis la compagne de son père lui parle d'”un record en huit heures”. « . “J’ai essayé et ça s’est bien passé, donc j’ai poussé jusqu’à 13h et finalement jusqu’à 12h fin août”, poursuit Rémi Girard, qui a toujours aimé pousser. [son] corps jusqu’à ses limites. «C’est comme ça depuis que je suis enfant. J’étais passionné de sports extrêmes. Je me souviens que j’étais sur le point de courir avec un sac rempli de 14kg de vêtements ! J’étais un peu inconscient…”
Les Haut-Saônois avaient un rêve : « rejoindre les forces spéciales ». Son engagement dans l’armée était presque terminé lorsqu’il prit sa retraite. « J’ai eu un déclic, je ne voulais pas quitter ma famille, mes amis, ma région… » Alors « Hulk des bois » s’est consacré au bûcheron, avant de travailler également dans les travaux publics. Et toujours continuer le sport à forte dose.
“Je ne veux pas sculpter mon corps”
«Je faisais beaucoup de pompes. À 18 ans, j’en faisais 1 700 à l’heure. J’ai commencé à faire des tractions à 23 ans. Comme tout le monde la première fois, j’étais content de poser mon menton sur la barre transversale. Puis j’ai continué. Je ne veux pas sculpter mon corps mais j’aime travailler la force. »
Le tout avec un effort mental proportionné car le temps peut être très long, même vingt-quatre heures… « Je n’arrive pas à bien décrire ce qui me passe par la tête mais je pense beaucoup à mes amis, à ma famille pendant que je shoote -UPS . Les douze premières heures sont assez faciles et je discute et ris avec ceux qui viennent me rendre visite. Cela devient délicat après 23 heures car le cerveau est habitué au sommeil profond. Et à 2h30 du matin je ne pense plus à rien. »
Formation… dans un hangar de 6 m²
Rémi Girard n’a vraiment aucune distraction lors de son épreuve puisqu’il s’entraîne… dans un cabanon au fond de son jardin. D’environ 6m2, la structure a été construite par le père pour l’occasion. « Au début, je me suis entraîné au pavillon de chasse, mais ce n’était pas très pratique. »
Les 30 novembre et 1er décembre, l’éventuel futur recordman du monde sera installé dans la salle de sport « Liberty Gym », dans la ville voisine de Rioz. « Je pense qu’il y aura du monde qui viendra me rendre visite car ça attire beaucoup de curieux », s’amuse le jeune homme, qui sera également entouré de sa famille. Ma sœur me masse le dos et les avant-bras et ma belle-mère m’apporte à manger. Ma boisson énergisante, du café, de l’eau, du riz, du bœuf en petits morceaux que je peux manger. Un steak me prend quarante minutes ! »
A chaque fois, il doit recommencer entre chaque tir. «Attention, je ne reste pas vingt-quatre heures au comptoir», s’amuse-t-il en parlant d’un éventuel nouveau record en cas de premier succès. « Celui de douze heures existe, ça pourrait être un projet… »