Des mois de dialogue de sourds et de fausses promesses. Puis silence radio. Avant que Stanislas Réchard n’apprenne, dans la nuit du 11 septembre, que son Trail du Ventoux (Vaucluse), âgé de vingt ans, se retrouverait en concurrence, au printemps, avec le Groupe UTMB, qui a racheté l’emblématique Grand Raid du Ventoux (GRV). .
A l’origine, l’UTMB, Ultra-Trail du Mont-Blanc, est une course de 170 kilomètres créée en 2003 à Chamonix (Haute-Savoie) par Catherine et Michel Poletti. Aujourd’hui, il a évolué vers un regroupement, rachetant ou franchiseant des compétitions, pour devenir le plus grand circuit de course d’ultra-trail au monde : 51 épreuves appelées World Series dans 28 pays annoncées en 2025, réunissant 165 000 participants.
« Le changement de format et de localisation du GRV en fait désormais une copie de course du nôtre, à un mois d’intervalle, à 12 kilomètres de là. Et avec des inscriptions ouvertes avant notre événement, malgré l’engagement contraire ! »s’insurge M. Réchard, le patron du Trail du Ventoux.
Il y a un an, l’arrivée de l’UTMB en Colombie-Britannique, province de l’ouest du Canada, avait déjà créé la polémique. Depuis 2016, le coureur de trail Gary Robbins y organise le Whistler Alpine Meadows. Approché par les dirigeants de la structure, il a d’abord été tenté de négocier avant de refuser d’aller plus loin dans la discussion. Quelques mois plus tard, il apprend que ses sponsors sont tombés dans le giron du groupe, qu’il accuse d’avoir intrigué pour imposer son propre événement. Son épreuve n’existe plus, mais un Ultra Trail Whistler by UTMB est prévu dans la région l’année prochaine, le 7e événement de circuit en Amérique du Nord.
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Selon de nombreux témoignages recueillis par Le mondecette façon de manœuvrer en coulisses puis de s’imposer sur le terrain sans grande considération pour les acteurs locaux déjà présents serait récurrente. « Nous sommes épiciers, c’est un hypermarché. Face à eux, nous n’existons pas”» déplore Stanislas Réchard. En moins de deux ans, le Groupe UTMB a connu une croissance sans précédent : en 2021, la PME familiale s’associe au géant du triathlon, l’américain Ironman, qui détient 45 % des parts de la structure, la famille Poletti détenant les 55 % restants.
Un mécanisme de séchage
James Elson, président de la British Trail Association, se dit aujourd’hui très inquiet. « Quand, sur un petit marché comme la Grande-Bretagne, vous avez deux épreuves « by UTMB », dont le système pyramidal impose aux coureurs de faire au moins une course sur ce circuit pour se qualifier pour la finale de Chamonix, cela siphonne forcément les participants et les bénévoles. »
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