C’est complètement insensé qu’Alex Ovechkin puisse battre le record de Wayne Gretzky de 894 buts. C’est surhumain et cela défie tous les pronostics.
Imaginez à quel point il est difficile de marquer un but dans la LNH. Imaginez en marquer plus de 30 par an pendant 18 ans. Et parfois 40. Parfois 50. Même 65, une fois.
Imaginez ne manquer presque aucun match en 18 ans. Pas seulement pendant les séries parce que c’est important. Presque jamais. Un gastro ? Aucun problème. Beaucoup de fièvre ? Il va sauter sur la glace. L’épaule qui a atterri la veille ? Pas de problème, Ovi sera en uniforme.
J’ai obtenu ces exemples après une série d’entrevues avec des Québécois qui ont eu des contacts avec le marqueur russe. Mon collègue Jonathan Bernier a fait la même chose. Nous avons parlé à son ancien protecteur, à un autre qui a soulevé la coupe avec lui, à un défenseur qui a joué avec Ovechkin lors de son incroyable saison recrue, et ainsi de suite. Vous verrez. Cela donne une excellente idée de ce qu’est Alexander Ovechkin.
A partir de cette année ?
Il battra le record d’une trentaine de buts de Wayne Gretzky. Il en compte déjà 10 et court au rythme de 58 cette saison. Il me semble impossible qu’il fasse pareil cette année. Mais les chances qu’il en fasse 40 ne sont pas impossibles. Rien ne lui semble impossible.
Et même s’il n’a pas dépassé la barre des 99, Ovechkin peut déjà être considéré comme le meilleur buteur de tous les temps.
Pour ce faire, il faut comparer les époques. D’accord, je t’entends. On ne peut pas comparer les époques.
En fait, pour certains aspects, oui, nous le pouvons très bien. Parce que certaines statistiques qui vont au-delà des buts et des passes décisives existaient à l’époque de Wayne.
Surtout la statistique du pourcentage de tirs qui trouvent le fond des filets. C’est le plus pertinent.
Un autre monde devant le net
Les gardiens de but à l’époque de Wayne Gretzky, surtout à son apogée, étaient incomparables à ceux de l’ère d’Alex Ovechkin. Je suis allé fouiller tout ça avec ma calculatrice.
Au cours des 10 premières années de Gretzky dans la LNH, le pourcentage d’arrêts moyen des gardiens de but (40 matchs ou plus) variait entre 0,875 et 0,888. La moyenne de buts alloués variait entre 3,26 et 3,76.
Au cours des 10 premières saisons d’Ovechkin, son pourcentage d’arrêts moyen variait entre 0,903 et 0,918. La moyenne de buts alloués variait de 2,41 à 2,85.
Durant les années de Gretzky, si l’on prend les 50 meilleurs joueurs avec le pourcentage de tirs qui trouvent le fond des filets, parmi ceux qui ont joué plus de 800 matchs, ils ont touché la cible entre 17 et 23 %.
Durant les années d’Ovechkin, le top 50 se situait entre 13 et 18 %.
Autrement dit, pendant les années Gretzky, lorsque vous tiriez au but, vous aviez 5 % de chances de marquer en plus que pendant les années Ovechkin. Cela ne semble pas grand-chose. Mais quand on lance entre 300 et 400 fois par saison comme le Russe, c’est une énorme différence.
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Le taux de carrière de Gretzky est de 17,6 %. Le n°8 des Capitals de Washington est à 12,9 %.
Inversons les époques et les taux de réussite : Ovechkin en serait à 1173 buts. Gretzky serait au 656.
Et n’oublions pas qu’Ovechkin a raté 167 matchs en raison des lock-out et de la pandémie. Gretzky en a raté 64 à cause du lock-out de 1994-95.
Si on additionne les matches manqués, il atteint exactement les 1 300 buts.
Fou
Est-ce une fabrication ? Cela y ressemble. Même moi, je ne pouvais pas y croire quand j’ai vu ce numéro. Mais c’est la réalité. C’est tout l’excès de cette machine à « marquer ». C’est l’incroyable phénomène Ovechkin.
Bien sûr, Wayne Gretzky ne possédait pas le bâton ultra-léger de pointe d’Ovechkin. Mais j’ai l’impression qu’il aurait quand même eu un lancer dévastateur dans les années 80 ? Non? Je pense que Brett Hull aurait terminé deuxième.
Photo d’archives
Et j’écris tout ça pour Ovechkin. Mais on est d’accord, Wayne Gretzky compte tout de même 1 258 passes décisives de plus que lui. Alors le plus gros, je sais très bien qu’il restera toujours le 99.
Cela dit, qu’un joueur d’aujourd’hui puisse battre un record qui remonte à l’époque où les gardiens de but se tenaient debout avec des jambières de 108 livres qui fuyaient, c’est insensé et cela montre à quel point nous avons de la chance de voir l’histoire du hockey être écrit avec lui.
Imaginez à quel point c’est fou que ce gars soit encore capable de marquer. Dès sa première année, Cristobal Huet était la nouvelle star à Montréal. Joe Sakic, Marc Savard, Paul Kariya, Mats Sundin et Brandon Shanahan figuraient toujours parmi les meilleurs marqueurs de la LNH. Naissance de Connor Bédard.
Et Ovi est là, avec ses cheveux gris, au même endroit, à sa pointe rouge et toujours en train de détruire tous les gardes.