« La Bretagne pourrait réduire de 80 % ses émissions de gaz à effet de serre liées à sa consommation énergétique »

« La Bretagne pourrait réduire de 80 % ses émissions de gaz à effet de serre liées à sa consommation énergétique »
« La Bretagne pourrait réduire de 80 % ses émissions de gaz à effet de serre liées à sa consommation énergétique »

Cette étude est-elle une première et dans quelle perspective EDF l’a-t-elle réalisée ?

Oui, c’est une première en Bretagne, qui est la 10èmee région à examiner. Il s’agit d’une étude prospective énergétique explorant des scénarios de décarbonation pour différents secteurs d’activité de la région. L’objectif est d’éclairer tous les acteurs politiques et économiques sur les voies qui nous paraissent les plus prometteuses pour réussir la décarbonation des consommations énergétiques. Nous avons réalisé des analyses sectorielles et, à travers un diagnostic quantitatif des émissions actuelles et des leviers pour les réduire, nous souhaitons mettre en lumière les gains potentiels. En deux mots : montrer l’éventail des possibles.

Quels secteurs sont concernés ?

Les diagnostics de l’étude EDF se déclinent en cinq secteurs, à savoir le bâtiment, la mobilité et les transports, les industries agroalimentaires, l’agriculture et enfin la production et les réseaux d’énergie. A chaque fois, on note les émissions actuelles de GES (gaz à effet de serre, ndlr), les prévisions d’évolutions si rien n’est fait, et les améliorations potentielles si l’on actionne certains leviers.

Sur quels éléments vous êtes-vous appuyé ?

Premièrement, nous nous sommes appuyés sur des données publiques disponibles et vérifiables. Ils peuvent provenir de la Région Bretagne, par exemple pour les projections démographiques, des secteurs d’activité économique, ou du Ceren (Services de réduction de l’empreinte environnementale) pour son observatoire statistique de la demande énergétique. Ensuite, nous sommes attentifs aux spécificités du territoire et à ses trajectoires économiques, ses perspectives de croissance, sa démographie, etc. Nous analysons l’évolution de l’empreinte carbone et identifions des leviers pour fournir des projections. Enfin, nous les confrontons aux acteurs économiques locaux de chaque secteur, dans un atelier d’une vingtaine de managers, afin d’affiner nos simulations d’émissions futures. en fonction de la réalité du terrain.

De combien la Bretagne peut-elle réduire ses émissions liées à la consommation d’énergie ?

Actuellement, la région est à 17,1 millions de tonnes équivalent (Mteq) de CO2 émis, dont 9,7 millions de tonnes (Mt) par les transports et 3,7 Mt par les bâtiments. Sans mesures de décarbonation, nous serons en 2050 à plus de 19 Mt. Cependant, en agissant à plusieurs niveaux, nous pouvons éviter 14 millions de tonnes pour atteindre environ 3 Mteq de CO2 émis. Cela représente une réduction de 80 % par rapport au niveau actuel. La France souhaite atteindre l’objectif de zéro émission nette en 2050, tel que défini dans la « Stratégie nationale bas carbone ». Nous donnons les clés pour y parvenir et diviser par 5,6 les émissions de gaz à effet de serre énergétiques d’ici cette échéance.

Concrètement, comment les entreprises et les collectivités peuvent-elles agir ?

Nous avons défini trois types de leviers, adaptés à chaque secteur d’activité : réduire la quantité d’énergie consommée, changer le type d’énergie, réorganiser l’activité. Dans les transports, les émissions pourraient être divisées par 7, en mettant en œuvre une politique d’aménagement du territoire ambitieuse mais réaliste visant à réduire les déplacements, en augmentant le taux d’occupation des véhicules ou en favorisant le report modal. Dans les bâtiments, on pourrait diviser les émissions par 3 en supprimant les « crépines thermiques », en améliorant l’isolation et en supprimant le fioul pour le remplacer par des énergies thermiques renouvelables (bois, pompes à chaleur…). Dans l’agroalimentaire, pour réduire de moitié les émissions, on pourrait par exemple opter pour des pompes à chaleur et récupérer la chaleur perdue. Sachant que 42 % de l’industrie agroalimentaire bretonne utilise le gaz naturel, l’électrification des filières carbonées est indispensable.

 
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