Catherine Beauchemin-Pinard | Nourrissez votre corps (et votre esprit) – .

Avec une première victoire contre la championne olympique en titre, mais deux défaites qui l’ont exclue du podium, la judoka Catherine Beauchemin-Pinard est revenue avec un sentiment « doux-amer » des derniers Championnats du monde aux Émirats arabes unis, le 22 mai.


Publié à 00h58

Mis à jour à 5h00

De quoi allumer le feu compétitif de celle qui occupe toujours la première place mondiale chez les moins de 63 kg, à moins de deux mois des Jeux olympiques de Paris.

«Ça m’a fait plaisir, mais ça me donne envie de travailler encore plus pour obtenir cette médaille», confiait l’athlète de 29 ans à son retour au dojo, une semaine plus tard. Elle s’apprêtait à revoir les vidéos de ses affrontements avec son entraîneur Antoine Valois-Fortier.

« J’ai toujours hâte de mettre la main à la pâte dans les semaines à venir pour être prêt pour les Jeux. »

« Doux-amer », « main dans la pâte » : l’utilisation de ces termes culinaires n’était pas intentionnelle, mais peut-être pas non plus une pure coïncidence pour celle qui s’apprête à lancer un livre de recettes le 25 juin.

Nourrir son corps : comment la nutrition m’a finalement permis de performer aux Jeux de Tokyo 2020 contient bien plus qu’une collection des recettes préférées du médaillé de bronze de Tokyo.

Beauchemin-Pinard invite les lecteurs à découvrir son parcours dans un sport de catégorie de poids à travers lequel elle a développé une relation amour-haine avec la nourriture. Sans tabous, elle dévoile les défis qu’elle a surmontés étant adolescente.

«Je veux sensibiliser aux troubles de l’alimentation», a déclaré celle qui fêtera ses 30 ans.e anniversaire le 26 juin. « Je ne parle pas seulement de cela, mais c’est ce que j’aborde au début du livre à travers mon histoire personnelle. »

Lire l’article de Simon Drouin sur l’histoire personnelle de Catherine Beauchemin-Pinard

En parallèle de son parcours en montagnes russes, Catherine Beauchemin-Pinard explique les « bases de la nutrition » telles qu’elle les a apprises, mais appuyées par des références scientifiques. Le livre a également été révisé et préfacé par Catherine Naulleau, sa nutritionniste de longue date qui a accompagné l’équipe canadienne à quatre Jeux olympiques.

Une tranche est consacrée à la nutrition sportive : « J’essaie de montrer comment on peut bien manger sans s’imposer des régimes trop restrictifs, comment trouver un certain équilibre dans tout ça. Cette partie est pour tout le monde. »

Plus spécifique, mais très éclairante, la section suivante s’articule autour des sports avec catégories de poids, comme le judo et les sports de combat, mais aussi l’haltérophilie et certains cours d’aviron. « Relation avec la balance », « jours de pesée » et techniques de déshydratation ont droit à leur propre chapitre.

«Peu de livres parlent de comment bien se déshydrater», a souligné l’athlète de Saint-Hubert, sur la Rive-Sud.

« Je pense que les gens ont tout simplement peur de s’en approcher. C’est presque tabou. Certains disent : ah, c’est dangereux, il ne faut pas faire ça ! D’accord, ce n’est pas la chose la plus saine au monde, mais les athlètes le feront quand même ! Pourquoi ne pas les sensibiliser sur le sujet ? »

PHOTO RYAN LIM, AGENCE FRANCE-PRESSE

Catherine Beauchemin-Pinard (à gauche), lors de la demi-finale féminine des 63 kg du Championnat du monde de judo à Abu Dhabi le mois dernier.

Tête dure

Catherine Beauchemin-Pinard a beaucoup d’idées. Ou bien elle a la « tête dure », comme elle l’a mentionné lors de sa première interview à La presse au printemps 2016, lorsque ce projet de livre commençait à germer ! Son titre était déjà trouvé.

«Quand je suivais beaucoup de régime, j’avais l’impression de m’entraîner à manger. Je voulais brûler des calories pour pouvoir manger. Alors que c’est tout le contraire : il faut manger pour pouvoir bouger. Alors « nourrissez votre corps » pour accomplir les choses que vous faites dans la vie, qu’elles soient intellectuelles ou physiques. »

Après ses premiers Jeux olympiques, elle a vécu une « descente aux enfers ». Pour retrouver la catégorie de poids à laquelle elle s’accrochait (57 kg), elle a dû perdre 11 kg en l’espace d’un mois. Torture, avec les restrictions malsaines qu’implique une réduction aussi radicale.

Avec l’aide de sa nutritionniste de l’époque (Alexia de Macar) et d’une psychologue spécialisée (Jodie Richardson), la judoka elle-même en est venue à la conclusion qu’elle serait bien plus heureuse – et plus efficace – en jouant chez les moins de 63 kg. catégorie.

Elle a profité de la pause pandémique forcée pour dépoussiérer son projet de livre de recettes, y consacrant deux à trois heures par jour. Elle voulait le terminer avant les Jeux olympiques de Tokyo 2021, avant de réaliser qu’elle manquerait de temps.

« Il m’a fallu plusieurs années pour me sentir à l’aise dans mon rapport à la nourriture. Comme me l’a souvent dit Alexia, je suis un peu une success story en matière de troubles alimentaires. Je n’ai pas arrêté complètement mon sport pour les résoudre. J’ai reconnu mon problème à temps, je suis allé chercher de l’aide et je l’ai résolu. C’est pourquoi je souhaite tant partager mon histoire. »

Elle pensait profiter de la pause post-olympique pour terminer son livre, mais les demandes pour une médaillée de bronze la tenaient trop occupée. Après cette « popularité passagère », elle a connu ce qu’elle qualifie de « petit burn-out ». La peur de « ne pas être à la hauteur » la faisait pleurer de « profonds sanglots » la nuit. Elle a consulté un psychologue, ce qui lui a permis de reconstruire sa vie.

Une médaille d’argent aux Championnats du monde 2022 l’a convaincue de continuer à concourir au moins jusqu’à Paris. Et il y avait ce livre dont le comptable professionnel agréé n’avait pas l’intention de se séparer.

Elle a d’abord envoyé son manuscrit à une demi-douzaine d’éditeurs. Sans succès. À l’automne 2023, elle tente une dernière relance. Au pire, elle le publierait elle-même. Juste avant Noël, les Éditions Crescendo ! lui a donné une réponse positive. En janvier, elle a refait les 50 recettes sélectionnées, dont elle a elle-même photographié le résultat final.

« Mon copain m’a beaucoup aidé ! Les soirs de semaine, je lui envoyais les recettes et il les préparait avant mon retour de l’entraînement. Au final, il était un peu dégoûté. Il m’a dit : on va encore manger froid ! »

Malgré son horaire de judoka de haut niveau, Beauchemin-Pinard a fait tout le travail de A à Z.

Je me suis souvent senti comme un imposteur. Je ne suis pas écrivain et le français a toujours été la matière dans laquelle j’ai eu le plus de difficultés à l’école. Et là, pour écrire un livre, je me mets quand même la barre haute !

Catherine Beauchemin Pinard

Est-elle fière du résultat ? «Je serai fière quand il sera publié, quand il sera lu», réfléchit-elle à voix haute. Parce que j’ai toujours cette peur : est-ce que ça plaira aux gens ? »

Catherine Beauchemin-Pinard lancera son livre le 25 juin prochain au restaurant Bâton-Rouge de Boucherville. Le médaillé olympique sera sur place à partir de 16 heures pour une séance de dédicaces.

PHOTO FOURNIE PAR LES ÉDITIONS CRESCENDO !

Nourrir son corps : comment la nutrition m’a finalement permis de performer aux Jeux de Tokyo 2020

Recettes préférées

Au fil des années, Catherine Beauchemin-Pinard a développé une véritable passion pour la cuisine. La judoka a accepté de nous dévoiler ses quatre recettes préférées publiées dans son livre Nourrissez votre corps :

Le tofu de mon enfance : C’est bon, facile à réaliser, bon dépanneur et pas cher. En plus, c’est une recette, comme son nom l’indique, qui me rappelle mon enfance !

Chips de pomme: impossible à rater, très bon et polyvalent. J’en mange autant au dessert qu’au petit déjeuner.

Poké bowl : coloré, rafraîchissant et encore une fois, pas trop compliqué à concevoir. De plus, vous pouvez modifier les protéines et les légumes pour plus de variété.

Risotto à l’orge et aux champignons à la mijoteuse : très savoureux et quand même assez différent d’un risotto classique.

 
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