elle dit qu’elle ne se souvient de rien, on dit qu’elle a consenti, cinq rugbymen devant le tribunal

elle dit qu’elle ne se souvient de rien, on dit qu’elle a consenti, cinq rugbymen devant le tribunal
elle dit qu’elle ne se souvient de rien, on dit qu’elle a consenti, cinq rugbymen devant le tribunal

La victime, V., aurait consommé à ce moment-là entre 2,2 et 3 grammes d’alcool par litre de sang. Trois anciens joueurs grenoblois sont accusés de l’avoir violée. Deux autres comparaissent pour défaut de prévention d’un crime.

L’affaire avait ébranlé le monde du rugby: la cour d’assises de la Gironde jugera à partir de lundi cinq anciens joueurs grenoblois, dont trois pour viol collectif sur étudiante, lors d’une soirée d’après-match à Bordeaux en 2017.

Dans cette affaire où la question du consentement sera au cœur des débats, les accusés assurent que rien ne s’est produit sous la contrainte, mais l’avocat de la jeune femme remet en question cette notion dans un contexte fortement alcoolique.

« Qu’est-ce que le consentement ? Quand est-il atténué, voire complètement aboli ?», demande à l’AFP Me Anne Cadiot-Feidt, l’une des quatre avocates de la victime, V., aujourd’hui âgée de 27 ans.

Ce dernier, jeune diplômé, souhaite garder l’anonymat, “notamment pour protéger sa profession” et mener une vie personnelle loin de toute médiatisation, explique sa défense.

Sur le banc des accusés jusqu’au 28 juin, cinq ex-joueurs grenoblois : l’Irlandais Denis Coulson, 30 ans, le Néo-Zélandais Rory Grice, 34 ans, et le Français Loïck Jammes, 29 ans, sont accusés d’avoir violé. L’Irlandais Chris Farrell, 31 ans, et le Néo-Zélandais Dylan Hayes, 30 ans, comparaissent pour n’avoir pas empêché un crime.

Le 11 mars 2017, quelques mois avant le déclenchement de « l’affaire #MeeToo » outre-Atlantique, V. et deux amis rencontrent les cinq hommes dans un bar de Bordeaux, où les joueurs grenoblois avaient joué un Top 14 matchs le même jour. La soirée se poursuit dans une discothèque.

Banane et béquille

Mojitos et Vodka-Red Bull coulent à flots.

Vers 4h00 du matin, V. part en taxi avec Denis Coulson en direction de l’hôtel des joueurs mais affirme ne plus se souvenir de rien après avoir quitté la discothèque.

Selon un expert toxicologue, elle aurait consommé à cette époque entre 2,2 et 3 grammes d’alcool par litre de sang. Sur les images de vidéosurveillance de son arrivée à l’hôtel, elle tient à peine debout et est soutenue par Denis Coulson qui semble l’empêcher à deux reprises de regagner le taxi.

Vers 7 heures du matin, la jeune femme raconte avoir repris ses esprits, nue sur un lit, une béquille dans le vagin, entourée de deux hommes nus et d’autres habillés.

Au procès, les discussions porteront sur « peut-être la notion de responsabilité que peut avoir une victime dans le cas où elle se met volontairement dans un état provoquant un consentement atténué, voire aboli. Peut-elle être tenue pour responsable des violences dont elle a été victime ? “demande Me Cadiot-Feidt, anticipant la défense de l’accusé.

“On se pose souvent la question du consentement de la victime, et pas du tout de l’appréciation du consentement par les agresseurs”souligne-t-elle en évoquant « voleurs de l’âme et du corps ».

« Haut niveau de tolérance »

S’appuyant sur les auditions des accusés, des témoins et une vidéo tournée par Denis Coulson lors d’un acte sexuel, les enquêteurs évoquent notamment plusieurs fellations, ainsi que l’introduction d’une banane, d’une bouteille et de béquilles dans le vagin de la jeune femme.

Coulson, Jammes et Grice ont reconnu avoir eu des relations sexuelles avec V. mais ont assuré qu’elle y consentait et avait même pris l’initiative dans cette chambre d’hôtel de Mérignac près de Bordeaux. Farrell, qui possédait les béquilles, était dans la pièce lors de l’incident et Hayes a été témoin de la scène.

Pour l’avocat de M. Jammes, Me Denis Dreyfus, les débats tourneront autour de la notion de consentement et de sa difficulté dans un contexte « d’alcoolisme généralisé ». “Ce qui est sûr, c’est que c’est un malheur pour tout le monde”il dit.

“Ce n’est pas le procès des rugbymen violeurs, c’est le procès de l’alcool”insiste Me Corinne Dreyfus-Schmidt, avocate de Denis Coulson, qui déplore un « climat », lié au #MeToo, qui “n’est pas propice à la compréhension”. “Tous ces jeunes qui boivent jusqu’à se retrouver dans des états impossibles, c’est là le problème de cette problématique”elle dit.

Me Cadiot-Feidt, elle proteste contre un « niveau de tolérance important » sur ces sujets, notamment de la part des supporters et de certains clubs de rugby « qui ont pourtant des chartes très claires ».

« Pour beaucoup encore, la femme ne doit pas sortir, elle ne doit pas boire, elle ne doit pas se mettre dans cette situation »elle dénonce.

 
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