C’était quand même une superbe saison. Ils auront offert de beaux moments à leurs précieux partisans : je parle bien sûr ici des Alouettes, qui rateront leur rendez-vous avec le match de la Coupe Grey, dimanche à Vancouver.
Les Argonauts de Toronto se sont mis dans la peau du club montréalais cette saison et ils ne s’en sont jamais sortis, à l’exception de la brillante victoire samedi au dîner. Les dieux du football ont décidé de se ranger du côté de l’équipe bleu pâle de la Ville Reine. Ils ont décidé et ont dit : « Toronto, tu vas jouer au « ballon », Montréal, tu vas jouer au « feuilleton ».
Le résultat a été fatal : Montréal a bêtement laissé tomber le ballon à cinq reprises. Cinq fois, ce n’est plus du hasard ou de la malchance, c’est un manque de concentration et de préparation.
Le football est un sport d’éléments et d’exécution. C’est le sport d’équipe le plus brutal, mais en même temps le plus grand et le plus beau. Samedi, la température était parfaite, sauf que les Alouettes n’ont pas opéré. Ils étaient leur pire ennemi et, maigre consolation s’il en est, Toronto n’a pas pu quitter Montréal avec le sentiment d’avoir battu les Alouettes; ils ne leur ont pas accordé ce privilège, mais se sont battus eux-mêmes.
Je pense que l’incertitude liée à la victoire du championnat de la section Est et l’assurance de recevoir la finale de la même division un mois et demi à l’avance ont fait mal à l’équipe de Jason Maas. Un flottement qui, dans ce cas, rime avec relâchement, ne pardonne pas le football.
L’année dernière, ils avaient le couteau entre les dents dès la mi-août. Ils ont disputé leur saison en une dizaine de matchs en ligne, dont les trois duels en séries éliminatoires. À chaque fois, ils étaient considérés comme des petits gars des ligues mineures qui n’avaient rien à faire sur le même terrain que les grands.
Ils ont trouvé l’inspiration dans ces regards hautains et ces remarques désobligeantes. C’est avec rage et concentration qu’ils nous ont éblouis en même temps qu’ils rappelaient aux moines de la Ligue canadienne que deux langues officielles existent dans ce pays. Ils ont donné raison à leurs détracteurs qui les trouvaient « distincts ». Chemin faisant, ils ont offert un grand triomphe à tout le Québec.
Excès de confiance
Je n’ai pas ressenti cette rage cette année, peut-être même un peu trop de mauvaise confiance, cette confiance proche de l’arrogance. Toutefois, quelques rappels importants ont été portés à la connaissance des joueurs. Ils ont subi quatre défaites lors des sept derniers matchs de la saison régulière, de quoi tirer la sonnette d’alarme.
Cependant, le match aurait pu se dérouler dans un sens ou dans l’autre. Toronto est reparti avec les honneurs et vous savez quoi ? Ils méritaient plus la victoire que nos favoris. Ils ont mieux exécuté, ils se sont mieux battus, ils étaient carrément plus affamés et plus concentrés. Toronto voulait venger l’échec subi l’an dernier devant ses fans, et ce fut fait. Les Blue Bombers auraient aimé faire de même suite à la honte de leur défaite contre le « non supposé » Montréal en grande finale…
C’est ce que les Alouettes doivent retenir comme leçon pour cette saison 2024. Entretenez la rage de gagner, la soif de victoire, ne soyez jamais satisfait. L’année dernière, ils ont gagné contre toute attente. L’année prochaine, ils devront apprendre à gagner pour de vrai. Leur titre en tant qu’équipe officielle de Montréal est en jeu. Que l’auto-examen commence.