La pierre appartenait à sa mère. “Je l’ai constamment sous les yeux.” Comme un talisman qui pousse Jenna à chercher la vérité. Cette vérité qui attend, qui espère, qui veut savoir. A ce stade, elle émet les deux hypothèses suivantes.
Jenna, la fille d’Alicia Allemeersch, veut connaître la vérité sur la disparition de sa mère : “Si nous avions été riches et importants…”
Pas de douleur, pas de fils GSM
Dimanche 12 novembre 2006, 22h45 Malgré l’heure, Alicia Allemeersch a quitté l’appartement de la rue Bosquetville, laissant dormir son compagnon et son enfant, pour aller acheter du pain pour le lendemain matin. Dès son départ, elle appelle François, un garçon qu’elle a rencontré récemment. Elle marche.
Une fois arrivé Place Verte, retirez 50 euros au distributeur puis, plus loin, entrez dans un night shop et achetez ce fameux pain. Sur le chemin du retour, Alicia raconte à François, avec qui elle n’a cessé de discuter, qu’elle se sent « suivie ». S’est-elle retournée et a-t-elle conclu qu’il s’agissait d’une fausse alerte ? Il dira peu après « qu’il ne voit plus personne ».
Arrivée près de la rue de Montigny et de la piscine Hélios, Alicia s’arrête brusquement et dit à François : “Attends, Loulou.
Et puis, plus rien. Ses derniers mots. La disparition n’a été signalée que tôt le matin, soit sept à huit heures plus tard. Nous ne retrouverons ni le pain ni le téléphone portable qu’elle aurait pu laisser tomber. En dix-huit ans, les enquêtes n’ont pas avancé d’un pouce.
“Comme dans les films”
Jenna préfère deux scénarios.
La première : seule dans les rues sombres de Ville Basse où elle est en proie au loup, sa mère aurait été dirigée et abordée par un ou plusieurs inconnus dont elle ne se doutait pas.
Comme il n’a pas crié, Jenna en déduit qu’il n’avait ni peur ni chronomètre.
François dit n’avoir entendu aucun bruit de moteur : était-il – ou étaient-ils – à pied ? Avec un véhicule qui attend plus loin ? Jenna se demande s’ils l’ont fait taire comme dans les films, avec un linge sur la bouche.
Deuxième hypothèse : Alicia a été victime d’une connaissance. Cela expliquerait pourquoi il a dit « Attends Loulou » sur un ton qui, selon François, ne montrait aucune inquiétude, comme s’il connaissait la personne. “Quelqu’un”, poursuit Jenna, “qui la suivrait pendant un moment, en attendant le bon moment.”
Dans tous les cas, un enlèvement à l’issue fatale. Et un corps dont les restes n’ont jamais été retrouvés.
Alicia Allemeersch, la disparition la plus mystérieuse de Wallonie : “Est-ce qu’ils auraient attendu 48 heures si Alicia avait été la fille d’un ministre ?”
Pas de début de piste
Alicia n’arrivera pas chez elle où son compagnon a toujours dit à sa fille qu’il se réveillait “plus ou moins une heure plus tard”. C’est ce que son père lui a dit quand elle a voulu savoir.
Il retrouverait la note qu’Alicia lui avait écrite en partant.
Jenna en a une copie, qu’elle nous montre. Alicia avait écrit : « Chérie, j’ai remarqué qu’il n’y avait pas de pain pour que tu ailles travailler et que Jenna puisse déjeuner. Alors je suis immédiatement allé en chercher parce que Geoffrey (un voisin, ndlr) n’en avait pas non plus. . Je ne l’ai pas fait, d’accord. Je t’aime. Ta petite Alicia. Il est 22h45.
Quelle heure est-il quand ton père se réveille ? Après minuit ? Constatant l’absence de sa femme, il « attendait son retour toute la nuit en la regardant par la fenêtre ». Restant éveillé « jusqu’au matin », il appelait Rita (ndlr : la mère d’Alicia, aujourd’hui décédée) tôt le matin pour lui demander si Alicia « était à la maison ». “Non,” répondit Rita, “puisque c’est chez toi.”
Et la relation a commencé avec huit heures de retard. Jenna dit toujours que le sujet était plutôt interdit à la maison. « Quand nous en avons parlé, papa a pleuré et moi aussi. Je sais qu’il a été interrogé par la police et qu’il a accepté de passer un test au détecteur de mensonge et de faire tout ce qu’il fallait pour l’exonérer.
En fait, le sentier n’a jamais été entretenu. Pas plus que cela pourrait conduire à François, même s’il y a quelques incohérences explicables.
Soyez branché
Jenna a grandi dans des difficultés. « Ce n’était pas toujours que du soleil et des arcs-en-ciel. Le jour de la Toussaint, je n’avais nulle part où me rassembler, déposer des fleurs et penser à maman. Je n’aime pas les cimetières.”
Récemment, le 26 septembre, Jenna, devenue majeure, s’est portée partie civile auprès du juge d’instruction de Charleroi. Parallèlement, il a demandé accès au dossier CH40.L1.072111/2006, celui de la disparition.
Son avocat, Olivier Dupont, a expliqué que son client “pourra ainsi exercer les droits reconnus par la loi”, et notamment “demander le respect d’obligations complémentaires”.
Jenna, lorsque nous l’avons rencontrée, attendait le feu vert. «Je veux que nous continuions à chercher. Je me rends compte que c’est devenu très compliqué après tout ce temps, mais je me dis que le jour où je lirai le dossier d’enquête, peut-être que je découvrirai qu’on a oublié de faire ceci ou cela. Je vais lire le dossier de mes propres yeux. Il y a peut-être un indice que nous avons oublié pour être sûr que les enquêteurs n’ont rien oublié. Je veux avancer.