L’escrime française ou l’art de se tirer une balle dans le pied – Libération

L’escrime française ou l’art de se tirer une balle dans le pied – Libération
L’escrime française ou l’art de se tirer une balle dans le pied – Libération

Alexandre Bardenet conteste sa non-sélection aux Jeux devant le Comité National Olympique. Un épisode qui alourdit encore une ambiance délétère qui pèse sur l’équipe de France masculine d’épée, parmi les favoris aux JO.

Inscrivez-vous ici pour recevoir gratuitement tous les vendredis notre newsletter Libélympic.

Mais jusqu’où s’arrêteront-ils ? Coluche a volontairement massacré la grammaire mais l’expression a prospéré. On ne sait pas si les hiérarques de la Fédération française d’escrime ont compilé les formules du comédien en salopette, mais ils sont sans doute dans la même question inquiète concernant les membres de l’équipe de France d’épée sélectionnés pour les Jeux et Alexandre Bardenet, non invités à le rallye olympique. Il conteste sa non-sélection et peut prétendre au soutien de… deux des quatre tireurs olympiques. Le énième épisode d’un conflit qui met à mal les relations entre les épéistes et leur Fédération.

Au début de l’histoire, il y a un trio : Yannick Borel, Romain Cannone et Alexandre Bardenet. Les trois hommes ont remporté ensemble les championnats du monde par équipe en 2019 et 2022. Borel a été champion du monde individuel en 2018 et Cannone est le champion olympique en titre. Tellement lourd. En conflit ouvert avec leur entraîneur, Hugues Obry, ils ont subi la peau de ce dernier, contraint à la démission. Leur relation avec Gauthier Grumier, le successeur d’Obry, est également compliquée. En position de force, Borel, Cannone et Bardenet, numéros 1, 2 et 3 des épéistes français au moment de la sélection, n’ont pas hésité à déserter l’Insep où tous les escrimeurs français étaient censés se rassembler, s’entraîner dans leur club.

Coup bas

Logiquement, du moins dans leur esprit, Borel, Cannone et Bardenet devaient jouer cet été à Paris une reconstitution du groupe vainqueur. Sauf que Bardenet ne figure pas dans la liste des cinq épéistes (quatre titulaires et un remplaçant) retenus pour les Jeux par le comité de sélection du 28 mai. Borel et Cannone sont là, aux côtés de Luidgi Midelton et Paul Allègre. La logique purement sportive n’est pas respectée. La Fédération l’explique : son règlement n’impose qu’un choix, celui du numéro 1 au classement interne (Borel, donc), un comité de sélection a son libre arbitre pour les quatre autres membres.

Alexandre Bardenet accuse le coup, puis réagit deux jours plus tard sur ses réseaux sociaux, dénonçant les coups bas. jeudi 6 juin l’équipe révèle qu’il contre-attaque officiellement. Il a retenu les services d’un avocat pour contester sa non-sélection devant le Comité sportif national et olympique français (CNOSF). Interrogé par le quotidien sportif, Me Joan Roche s’est insurgé : « Le choix du comité de sélection est subjectif et scandaleux. Les athlètes ne connaissent pas les règles claires sur la base desquelles ils seront sélectionnés. C’est un choix sportif qui ne doit être guidé que par l’objectivité, la rationalité et l’équité. Nous en sommes loin. » Borel et Cannone se mobilisent pour soutenir leur (ex ?) coéquipier.

Comment, pour Bardenet et son avocat, peuvent-ils contester devant le CNOSF un choix supposé subjectif par le comité de sélection ? Comment affirmer pour Bardenet, l’impression tout aussi subjective que du trio de frondeurs, il servait de fusible : Borel était sélectionné d’office, Cannone était difficilement écartable comme champion olympique, l’épée vengeresse et le bras séculier (pour citer Audiard après Coluche) de la fédération aurait sacrifié Bardenet ? Il subsiste des vices de forme dans la procédure de sélection, que Me Roche entend plaider. Après tout, c’est pour cette raison que la Fédération française a subi un camouflet lors du choix de l’équipe de sabre…

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Antoine Griezmann titulaire contre la Belgique ? Didier Deschamps a tranché
NEXT départ imminent d’un cadre du marché du travail ? – .