Été 2021. Le monde est en pleine pandémie de COVID-19. Le citoyen a perdu ses repères depuis plus d’un an. La Ligue nationale de hockey (LNH), comme le reste du sport professionnel américain, est relancée, mais en deux temps.
Aux États-Unis, les bâtiments accueillent autant de spectateurs que le nombre de places le permet. Ni au Canada, ni au Québec. Cependant, les amateurs de sport peuvent au moins regarder leur équipe en direct pour y trouver plaisir et réconfort.
À Montréal, Marc Bergevin sent la bonne affaire. Il sait que son étalon défensif, son capitaine Shea Weber, n’a plus beaucoup de temps. Son corps lui fait défaut et le guerrier vétéran est épuisé. Il sait également que le meilleur ami de son capitaine, le gardien Carey Price, termine également.
Bergevin fonce à corps perdu en se disant qu’avec les changements au calendrier COVID, ses chances pourraient devenir excellentes.
Bergevin réalise des achats et des locations de guerriers vétérans avec caractère. Il a signé Corey Perry et Tyler Toffoli avant le début de la saison, il a acquis le vétéran Jake Allen ainsi que Josh Anderson et Joel Edmundson, puis il a ajouté Eric Staal en cours de route.
Fin février, le PDG n’aime pas ce qu’il voit. Il relève Claude Julien de ses fonctions et confie les rênes de l’équipe à Dominique Ducharme à titre intérimaire.
Abordé les séries éliminatoires par la porte dérobée, le CH est en difficulté dès le premier tour, traînant 1-3 contre les Leafs. Les vétérans se lèvent à l’invitation de Ducharme, qui leur laisse de l’espace. Le reste, on le connaît.
Montréal échoue au stade final, mais ces quatre rondes de séries ont été le plus grand baume au cœur du fan encore à moitié cloîtré en pandémie.
Le lendemain a été douloureux. Mésentente entre Bergevin et Geoff Molson sur l’avenir du directeur général qui a fini par perdre son poste, remplacé par le duo Jeff Gorton-Kent Hughes.
C’est une saison 2021-2022 catastrophique et Hughes place ses pions. En février, il relève Dom Ducharme et prend Martin St-Louis. Une nouvelle ère commence.
L’avenir est radieux et l’équipe entame une reconstruction pour la première fois de sa riche histoire. Un mot que le propriétaire Molson finira par prononcer 18 mois après le grand ménage de son secteur hockey.
Nous sommes dans la saison 3 du grand plan de Gorton et Hughes. Loin de la maturité, la jeune équipe croyait fermement qu’elle serait dans le « mix » cette saison et donc certainement en progrès par rapport aux deux saisons précédentes. Et pourtant…
Après 14 matchs en 2022-2023, le CH totalise sept victoires et 15 points, en route vers une saison de 68 points. Après 14 matchs en 2023-2024, le CH progresse avec sept victoires, mais 16 points en route vers une hausse de huit points au classement.
Cette saison, Montréal ne compte que quatre victoires après 14 matchs, soit une baisse de trois par rapport aux deux saisons précédentes. À ce rythme, l’équipe n’accumulera que 59 points de classement.
Il serait facile de viser St-Louis et de souligner que depuis son entrée en fonction, l’équipe joue .433 avec une fiche de 79-108-28 et que son différentiel est atroce à moins-165.
Ce serait facile, mais malhonnête. Car, replacés dans un contexte de reconstruction, ces chiffres semblent tout à fait acceptables, voire normaux.
Cependant, cette année, année 3 du grand plan, le bilan de l’équipe, ses performances et sa façon déconcertante de perdre des matches m’obligent à conclure qu’en fait, elle est à peine dans une meilleure position qu’il y a trois ans où tout allait à la dérive car , avons-nous crié en chœur, de Bergevin et Ducharme.