« Passionné », « exigeant » mais aussi très ouvert, Eddie Jones, l’entraîneur australien emblématique du Japon contre la France samedi 9 novembre, « a consacré sa vie au Rugby », estime son ancien adjoint Pierre-Henry Broncan, le Français qui le connaît sans doute le mieux.
“Il ne dort pas, il n’a pas de vacances”
Avec Marc Dal Maso, responsable de la mêlée du Japon en 2015, l’actuel manager de Brive a eu la chance de partager une partie du voyage avec Jones, 64 ans, véritable globe-trotter du rugby, entraîneur de franchises de rugby. Super Rugby et Saracens, trois sélections nationales (Japon, Australie, Angleterre), et a même été consultant auprès des Springboks en 2007.
Leur relation, devenue amitié, a débuté lorsque le Gersois aujourd’hui âgé de 50 ans était entraîneur du club anglais de Bath et que Jones était à la tête du XV de la Rose. ” C’était en 2018. Il évoluait dans les clubs de première division anglaise, j’avais huit internationaux anglais. Il savait que j’étais français et il voulait parler. Nous avons déjeuné ensemble dans un restaurant de campagne. Nous avons parlé du rugby en général. Le repas dura un peu. Depuis, nous sommes restés en contact », rappelle Broncan.
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Les deux hommes ont un point commun : penser, respirer le rugby du matin au soir et du soir au matin. ” Eddie est passionné, confirme le coach corrézien. Il ne vit que pour ça. Il a consacré sa vie au rugby. Il ne dort pas, il n’a pas de vacances. Il est toujours en recherche de performance ».
Rigueur militaire
Pour ce faire, Jones s’est ouvert à d’autres sports où les balles rebondissent de manière moins capricieuse. ” Il est allé rencontrer Pep Guardiola au Bayern Munich, il est allé souvent aux Etats-Unis rencontrer des entraîneurs de football et de basket américains, sans oublier ceux de la ligue de rugby en Australie. C’est quelqu’un qui pourrait passer au XIII à haut niveau », détaille Broncan, qui a encore dîné avec son ami australien la semaine dernière dans un restaurant de Brive, la ville choisie par les Japonais pour leur entraînement pré-Tour en Europe.
Au menu, débrief du dernier match des Coujoux, comme ils le font chaque journée de championnat. ” Nous sommes en contact quasi quotidien, par vidéo, par message. Il regarde nos matchs, des vidéos de nos entraînements. Je regarde un peu plus le Japon depuis qu’il est manager », glisse Broncan, débauché par Jones lors de la dernière Coupe du monde de rugby en France pour préparer le jeu des avants australiens.
« C’était beaucoup de travail en amont, beaucoup de retours à analyser, explique Broncan. Un Américain a participé à la préparation des rencontres, aux vidéos et à la participation des joueurs aux entraînements. Eddie Jones a toujours fait appel à des entraîneurs pour ses entraîneurs et les plannings d’entraînement ont toujours été très serrés avec lui. ».
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Car dans l’organisation, Jones, fils d’un ancien militaire – sa mère nippo-américaine était interprète – est presque martial. Cette rigueur ne déplaît pas à Broncan qui ne voit pas beaucoup de défauts chez le technicien australien.
« Au rugby, il n’en a pas. Autant il peut mettre beaucoup de pression sur le staff, autant il est très bon avec les joueurs. Mais tout le monde ne peut pas travailler avec lui car il est très exigeant et très exigeant. Cela met beaucoup de pression sur le contenu, sur les détails. En ce qui me concerne, ce fut un plaisir de travailler avec lui. », conclut Broncan.