Le Stade Brestois, des champs de pommes de terre aux terrains de Ligue des Champions

Le Stade Brestois, des champs de pommes de terre aux terrains de Ligue des Champions
Le Stade Brestois, des champs de pommes de terre aux terrains de Ligue des Champions

Un quart de siècle plus tard, l’ancien entraîneur, aujourd’hui âgé de 61 ans, est le directeur général d’un club co-présidé par Gérard et Denis Le Saint, invité surprise de la Ligue des Champions nouveau format, et y est invaincu après trois jours. L’équipe de l’international suisse Edimilson Fernandes a battu les Autrichiens du Sturm Graz puis du RB Salzbourg avant de contraindre le Bayer Leverkusen de Granit Xhaka au match nul. Elle enchaînera mercredi contre le Sparta Prague à 21h

Derrière ce succès sportif, il y a celui du groupe Le Saint, géant de la distribution de fruits et légumes, avec 900 millions d’euros de chiffre d’affaires pour 2 800 salariés. Son siège social ultramoderne de 15 000 m22à l’entrée de l’agglomération brestoise, contraste avec le hangar, le champ de pommes de terre et le fourgon Citroën grâce auquel l’entreprise a été fondée par les parents de Gérard et Denis Le Saint dans les années 1950.

« Mes hommes » en cuisine

La clé du développement ? « Un mode de fonctionnement original avec une délégation de pouvoir très large », analyse Gilles Falc’hun, 77 ans, président de la holding Sill Entreprises et ami d’enfance. Ils laissent faire et exigent des comptes. C’est motivant pour les dirigeants qui ont le pouvoir d’agir. « Ils ont chacun leur domaine et sont complémentaires », ajoute leur sœur Catherine Junca, 55 ans, qui dirige une filiale du groupe, dans laquelle travaillent également sa fille et les enfants de Gérard et Denis.

Travail et famille sont étroitement liés chez ces petits-enfants d’agriculteurs bretons. « C’est ce qui nous a bercé tout au long de notre enfance, décrit Catherine Junca. La cuisine était le lieu de retour des chauffeurs, que ma mère appelait « mes hommes ». « Ils sont tous arrivés, les uns après les autres, pour rapporter leurs caisses », se souvient l’aîné Gérard, 63 ans, d’un ton volontiers culotté. Et évidemment, ma mère leur a payé un lourd tribut. Et parfois, nous attendions de la nourriture, et cela prenait beaucoup de temps. Pas déçus, les deux frères n’ont quitté l’entreprise familiale que pour de courtes études (« ça suffit pour savoir compter, dit Gérard), avant d’y retourner travailler.

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Dans les années 1990, l’arrivée des centrales d’achats de la grande distribution fait vaciller l’entreprise, la privant de plusieurs clients. « Nous étions jeunes, nous avions envie de nous battre et nous n’avons pas lâché », raconte Denis, 60 ans. Nous sommes allés chercher des clients plus loin. Le groupe se diversifie alors dans la restauration et les produits de la mer et rachète ses concurrents, en Bretagne puis dans le Grand Ouest. Après 100 dossiers de rachat, le groupe compte désormais plus de 50 filiales.

Nouveau stade contesté

C’est en 2012 que l’empire s’étend au sport, lorsque les deux frères sont proposés pour reprendre l’équipe féminine de handball de Brest, en difficulté financière. Finaliste de la Ligue des Champions en 2021, leader du Championnat de cette année, le BBH dispose aujourd’hui de l’un des plus gros budgets de France dans le sport féminin. “S’ils n’étaient pas là, il n’y aurait pas de sport de haut niveau à Brest”, assure Eric Ledan, 50 ans, directeur commercial du BBH, qui salue la “bonhomie” et “l’humilité” de ses patrons. « Des gars sympas », dit Gilbert Thomas, 66 ans, gardien de prison à la retraite, qui a transpiré avec eux dans l’équipe de football du Bourg-Blanc. C’est une passion. Ils ont toujours vécu à travers le football.

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En 2016, Denis prend la tête du Stade Brestois et le club retrouve la Ligue 1 trois ans plus tard. Les frères se lancent alors dans un projet de nouveau stade en périphérie de la ville. Cela suscite une controverse. Si Glen Dissaux, leader des écologistes brestois, reconnaît que les frères Le Saint ont « placé des gens compétents au Stade Brestois », il dénonce « une aberration écologique », un gaspillage de fonds publics. L’enceinte d’environ 15 000 places, pour laquelle le permis de construire a été déposé en juin, ne verra pas le jour avant plusieurs années, le temps de l’enquête, de la gestion des éventuels recours, puis évidemment de la construction le cas échéant. En attendant, Edimilson Fernandes et ses coéquipiers disputent leurs matchs européens au Roudourou de Guingamp, à une centaine de kilomètres de chez eux.

 
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