Roland Garros 2024 | « Un peu de silence, s’il vous plaît » : le tennis en a-t-il vraiment besoin ? – .

Roland Garros 2024 | « Un peu de silence, s’il vous plaît » : le tennis en a-t-il vraiment besoin ? – .
Roland Garros 2024 | « Un peu de silence, s’il vous plaît » : le tennis en a-t-il vraiment besoin ? – .

« Si on crie pendant le rassemblement ou avant un retour, c’est très difficile de se recentrer. Je dis cela parce que je suis le genre de joueuse qui doit être dans sa propre bulle. Au-delà du recadrage adressé aux spectateurs du court Philippe-Chatrier après sa victoire in extremis sur Naomi Osaka au deuxième tour, Iga Swiatek a abordé en surface un thème important du tennis : son rapport particulier et parfois ambigu au bruit. Contrairement à de nombreux autres sports, il exige traditionnellement le silence au début du rallye.

Assez similaire au golf et à sa fameuse étiquette, le monde de la petite balle jaune était assez codifié en termes de respect de ses acteurs, notamment dans les premières années de son existence. Avec sa démocratisation dans les années 1970 et 1980 et l’émergence d’un âge d’or incarné par la rivalité rockstars entre John McEnroe et Björn Borg, la relation entre les acteurs et le public a évolué, et a fortiori le seuil de tolérance dans leurs interactions, notamment sonores. . Entre l’ambiance folle et extrême du Nastase-McEnroe de l’US Open 1979 et l’ambiance feutrée de Wimbledon, le « Temple du Tennis », où doit se situer le curseur ?

Iga ne peut pas se plaindre, sur les petits courts on entend tout

La réponse à cette double question est forcément complexe, mais l’ancienne numéro 2 mondiale Paula Badosa a opté pour l’approche inverse en conférence de presse. “Je pense qu’Iga ne peut pas se plaindre, car j’ai joué sur les courts 8 et 9 et on entend tout. Je pense qu’elle a beaucoup de chance de jouer sur Philippe-Chatrier et que ça lui convient. Mais cela ne m’importe pas. Comme je l’ai dit, j’ai joué sur des petits terrains ces derniers jours et j’entendais tellement de bruit. Dans ces moments-là, je suis tellement concentré sur moi et sur mon match que ça ne me dérange pas vraiment“, a-t-elle considéré.

Pour l’Espagnol donc, il appartient d’abord aux joueurs de construire une sorte de coque, la fameuse « bulle » évoquée par Swiatek, pour être étanche aux éléments extérieurs. De ce point de vue, Novak Djokovic n’a certainement pas d’équivalent. Il sait jouer avec le public, le provoquer lorsqu’il a besoin de se piquer et de donner toute sa mesure. Il a surtout su résister à 23 000 New-Yorkais furieux en finale de l’US Open 2015 face à Roger Federer, avant de récidiver quatre ans plus tard face au même adversaire et un London Centre Court non moins partisan. Et pourtant, lui aussi s’est agacé lors de son 2e tour jeudi face à un spectateur sur le court Philippe-Chatrier.

Comme Iga Swiatek dérangée par un cri au moment de frapper sa volée liftée, la Serbe a été gênée alors qu’elle courait sur un drop shot. Le signe qu’il s’agit d’autre chose, loin d’un attachement à une tradition dépassée. “Ce n’est pas le silence qui est réellement important. Il s’agit plutôt d’avoir de la stabilité dans le bruitexplique Arnaud Clément, consultant pour Eurosport. Aux Etats-Unis par exemple, il y a toujours une sorte de bruit de fond parce que les gens parlent sur les grands courts. Il n’y a pas de silence mais il y a peu ou pas de variation et on s’y habitue. Ce qui est difficile, c’est quand il n’y a pas de bruit et que du coup quelqu’un parle fort, ça perce le silence ou l’ambiance et c’est ça qui est dérangeant. On peut s’habituer à une ambiance mais pas à ce qui en sort, ce qui est inattendu

Pour la concentration, ce qui compte c’est l’uniformité du son

Ce qui est en jeu, c’est évidemment un maximum de concentration pendant le point. Les joueurs de football et de basket-ball doivent également être à 100 % dans ce qu’ils font. Mais ils peuvent compter sur leurs partenaires pour corriger leurs erreurs. Au tennis, les décisions sont prises en permanence lors de chaque échange, et dans cette optique, le moindre soubresaut peut les affecter. Le temps de réaction et la précision exigés à ce niveau sont autant d’arguments pour le respect de ces athlètes d’exception.

Entendre le son de son propre tir est aussi un baromètre fondamental pour estimer la qualité du tir exécuté à ce niveau, et pourquoi pas se projeter vers l’avant. “Et contrairement à certains autres sports, au tennis, il faut entendre les annonces, et quand certains spectateurs les font, cela peut perturber les joueurs.», souligne simplement Arnaud Clément.

La célèbre injonction arbitrale « Un peu de silence, s’il vous plaît » fait partie du folklore du tennis, mais elle n’est pas uniquement liée à une tradition idéalisée. Tous les tournois ne sont pas Wimbledon, et heureusement. Chacun doit avoir sa propre identité et de nombreux joueurs apprécient l’enthousiasme du public français et le buzz américain. Mais si s’enflammer entre les points et dialoguer avec les acteurs dans ces moments-là contribue au spectacle, manifester dans le feu de l’action lui nuit. Silence ou bruit de fond, peu importe finalement, pour peu que les conditions soient uniformes au début de l’échange. Chaque sport a ses spécificités. Le tennis aussi.

 
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