Bien malin qui peut prédire avec précision l’impact du vote qui aura lieu cette semaine par les dirigeants de la NCAA. Certains croient que l’abolition de ce règlement encouragerait davantage d’acteurs canadiens à faire rapidement le saut au sud de la frontière.
Et si c’était l’inverse ? Et si c’était plutôt l’occasion pour les joueurs canadiens de goûter aux deux mondes ? Chez les Canadiens, Alex Newhook, Mike Matheson et Jake Evans sont les trois joueurs qui ont choisi la voie des collèges américains plutôt que celle de la Ligue canadienne de hockey (CHL).
« Si la situation avait été la même à mon époque, j’aurais joué dans la LCH. J’aurais joué deux ans à Halifax, où j’ai été repêché, puis je serais allé au Boston College », a déclaré Newhook.
Le Terre-Neuvien a plutôt rejoint la BCHL, à Victoria, pour deux ans dans l’espoir de poursuivre sa carrière dans la NCAA. Tout un déracinement.
C’est d’ailleurs la réalité pour la majorité des jeunes Canadiens qui souhaitent choisir cette avenue.
Trop jeune pour décider
De plus, comme les deux ligues sont jusqu’à présent incompatibles, un choix doit être fait à l’âge de 16 ans. Il est tôt pour une décision d’une telle importance.
« Cela donnerait aux jeunes une option supplémentaire au cas où ils changeraient d’idées en cours de route. À l’heure actuelle, c’est l’un ou l’autre, a déclaré Matheson, qui a également fréquenté le Boston College. Cela leur permettrait également de vieillir un peu pour prendre une décision plus éclairée.
Comme Newhook, Matheson affirme qu’il aurait possiblement joué dans la LHJMQ (à Shawinigan, dans son cas), avant de partir au pays de l’Oncle Sam. Il a plutôt disputé une deuxième saison dans la Ligue Midget AAA avant de rejoindre les rangs de la USHL pour une campagne.
“Je ne sais pas si cela aurait changé ma décision [de choisir la NCAA]. J’ai aimé l’idée de me donner plus de temps pour m’épanouir et mûrir physiquement. En plus d’avoir la chance de poursuivre mes études», a mentionné le défenseur.
« Par contre, j’aurais sans doute trouvé intéressant de passer au niveau supérieur plus tôt. Là-bas, j’ai dû retourner au midget AAA pour conserver mon éligibilité à la NCAA », a-t-il ajouté.
Une piscine plus grande
Pour ceux qui trouvent rapidement preneur dans la LNH, cela ne pose pas de problème, mais pour ceux dont l’évolution est un peu plus lente, l’idée de jouer des deux côtés peut paraître intéressante.
« Imaginez, vous jouez deux ans dans la LCH et quatre ans dans la NCAA. Cela donne aux joueurs une plus grande piste et, en plus, vous en sortez avec un diplôme », a soutenu Newhook.
Cette idée concorde avec l’hypothèse d’Alexandre Rouleau, dépisteur des Blackhawks de Chicago. Ces derniers ne seraient pas surpris de voir des joueurs de hockey tenter leur chance au Canada avant de plier bagage. Une belle façon de jouer au plus haut niveau des deux côtés de la frontière.
Il est d’ailleurs loin d’y voir un désavantage.
« Je pense que les jeunes resteront dans la LHJMQ jusqu’à l’âge de 18 ans. Si le groupe de la LHJMQ est plus jeune, peut-être qu’on aura quelques autres jeunes qui ne seraient pas venus, avec cette règle. Si le bassin d’espoirs s’agrandit dès le plus jeune âge, ce sera parfait pour les recruteurs.
Il faudra sans doute expérimenter cette nouvelle réalité pendant quelques années avant d’y voir plus clair.