Deux ans après la mise en place du comptage entre les lancers dans les ligues majeures de baseball, des chercheurs étudient ses effets sur la fatigue musculaire chez les tireurs et les risques qu’elle présente en matière de blessures aux bras.
La ligue a mis en place cette horloge de base de 15 secondes pour accélérer les matchs, avec succès. La durée moyenne des réunions est passée de 3 heures 6 minutes en 2022 à 2 heures 42 minutes en 2023, puis à 2 heures 38 minutes en 2024.
La MLB a resserré la règle en 2024, diminuant encore le temps maximum entre deux lancers lorsqu’un coureur est sur les sentiers. Le temps est passé de 20 à 18 secondes dans ces conditions.
Cette décision a été critiquée par le syndicat des joueurs pour des raisons sanitaires. En avril dernier, le directeur de l’Association des joueurs avait déclaré qu’une augmentation des blessures au coude était provoquée par ce changement de 20 à 18 secondes.
Le refus de la ligue, jusqu’à présent, de reconnaître ou d’étudier les effets de ces changements profonds constitue une menace sans précédent pour notre sport et sa ressource la plus précieuse : les joueurs.
Tony Clark l’avait indiqué.
Le nombre de joueurs ayant subi une opération de Tommy John, visant à reconstruire un coude endommagé, est passé de 28 en 2022, avant l’introduction du chronomètre, à 33 en 2023 et 2024, selon la base de données mise à jour. journée par le chercheur Jon Roegele.
Le pourcentage de lanceurs ayant subi une intervention chirurgicale a légèrement augmenté depuis 2019. En six saisons, il est passé de 29,8 % (en 2019) à 34,2 % (en 2023), puis 36,6 % (en 2024).
Des chercheurs ont étudié les effets d’un chronomètre entre les lancers sur les bras des artilleurs en prévision de son arrivée dans les majors. Mathieu Tremblay, étudiant au doctorat en sciences biomédicales à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), cite une étude canadienne réalisée en 2016, qui portait sur le sujet.
J’ai beaucoup lu sur le sujet au cours de mes recherches. Avant que cela n’arrive dans le baseball majeur, le horloge de pitch a d’abord été testé dans les ligues mineures, explique-t-il. Et un chercheur canadien s’est penché sur la question en 2016. Il a établi des modèles de 12 secondes et 20 secondes pour voir les effets sur le bras lanceur. Et il a conclu que oui, il y avait bien un effet sur la fatigue musculaire accumulée.
Mais le kinésiologue, lui-même ancien joueur, relève également une étude très récente, qui démontre que l’arrivée de l’horloge n’a pas entraîné de réelle hausse des blessures.
Une étude américaine, publiée dansle Journal d’orthopédie cette année, nous avons conclu qu’il n’y avait plus de blessures au coude ou à l’épaule après la première saison, souligne Mathieu Tremblay. Il est également important de comprendre qu’il existe d’autres facteurs pouvant entraîner des blessures.
Le nombre total de blessures a considérablement diminué après la mise en œuvre de l’horloge 2023 de la MLB
peut-on lire en conclusion de l’article. Bien que la saison 2023 ait enregistré le plus grand nombre total de blessures au coude et à l’avant-bras, le taux de blessures au coude chez les lanceurs n’a pas changé de manière significative par rapport aux saisons 2021 et 2022 de la MLB. D’autres études permettant de suivre les progrès sur plusieurs saisons à l’avenir seront nécessaires. pour déterminer si l’horloge a un effet longitudinal sur les blessures au coude chez les lanceurs.
Il n’y a donc pas de consensus dans la littérature scientifique. Des recherches plus approfondies seraient nécessaires pour approfondir la question.
L’idée que l’horaire nouvellement compressé des matchs de baseball majeur, qui impose un plus grand nombre de lancers par minute aux tireurs, puisse causer davantage de blessures tient néanmoins la route, selon Mathieu Tremblay.
On augmente la fatigue d’un bras lanceur, on augmente l’instabilité du coude. Il y a plus de contraintes sur l’articulation, sur l’épaule, et donc un plus grand risque de blessure. C’est, oui, une théorie viable.
En réponse aux préoccupations du syndicat des joueurs, en avril, la MLB a fait référence à une étude de l’Université Johns Hopkins qui affirmait ne pas avoir trouvé aucune preuve pour soutenir que l’introduction du chronomètre de lancer a augmenté les blessures
et aucune preuve que les lanceurs qui travaillaient rapidement… ou augmentaient leur rythme étaient plus susceptibles de subir une blessure que ceux qui ne le faisaient pas
.
En attendant d’avoir plus de données scientifiques, Mathieu Tremblay, qui travaille également sur divers projets avec l’Académie de baseball du Canada, plaide pour un changement de culture dans le sport.
Le baseball est un sport tellement conservateur, tellement basé sur la tradition, que les fans n’aiment pas beaucoup de changement. Mais au lieu de se plaindre de l’arrivée de horloge de pitchpourquoi ne pas changer certaines pratiques sportives ?
se demande-t-il.
Alek Manoah des Blue Jays de Toronto est l’un des nombreux lanceurs qui ont été blessés au cours des dernières saisons.
Photo : USA Today Sports via Reuters Con / Kamil Krzaczynski
Le chercheur de l’Université du Québec à Trois-Rivières, dont la thèse porte sur les effets aigus de la fatigue neuromusculaire sur la performance des lanceurs de baseball, aimerait que le sport professionnel s’adapte aux nouvelles normes qui se sont établies au fil du temps. années.
Au cours des 20 dernières années, il est étonnant de constater à quel point la performance sportive a évolué. Nous avons des lanceurs à 105 miles par heure. Il existe de nouveaux facteurs de risque et nous devons nous adapter.
Il faudrait donc accepter d’aborder un peu le côté folklorique du passe-temps favori des Américains, selon lui.
On est d’accord, une rotation avec un lanceur qui revient tous les cinq jours n’est pas une pratique qui repose sur des données précises. C’est simplement une habitude devenue courante.
dit-il. Le règlement pourrait également être modifié, par exemple, pour inclure un plus grand nombre de lanceurs dans l’alignement.
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Entre 2000 et 2010, il est arrivé 68 fois que des gardiens obtiennent 65 titularisations ou plus. Cependant, entre 2010 et 2020, seules 34 saisons de 65 départs ou plus ont été enregistrées.
Photo : USA Today Sports/Reuters / Aaron Doster
Le chercheur acquiesce en comparant la charge de travail des lanceurs à celle des gardiens de but de la Ligue nationale de hockey, désormais mieux répartie entre titulaire et remplaçant.
C’est la même chose. Mais il n’en reste pas moins qu’au niveau professionnel, on se retrouve avec la crème de la crème, et avec des propriétaires, des managers, qui privilégient souvent la réussite à court terme. Et ils s’occupent également des supporters qui veulent aussi voir le plus possible les meilleurs joueurs sur le terrain.