Israël n’a pas gagné la guerre… qu’il ne peut pas perdre

Israël n’a pas gagné la guerre… qu’il ne peut pas perdre
Israël n’a pas gagné la guerre… qu’il ne peut pas perdre

Ivan Rioufol revient d’Israël, pays plus menacé que jamais, alors que le procureur de la Cour pénale internationale vient de demander un mandat d’arrêt contre son Premier ministre.


Retour à Sdérot (Israël). Quelques jours après le pogrom du 7 octobre 2023 qui a dévasté cette ville frontalière de Gaza, j’y ai effectué ma première visite.[1]. A l’époque, 90 % des habitants avaient dû fuir la cruauté fanatique du Hamas. Les voitures abandonnées devant le commissariat, lui-même rasé après l’attaque des jihadistes, étaient marquées des balles des tueurs apparus ce matin-là.

Sept mois plus tard, la ville morte respire à nouveau. La majorité des résidents sont rentrés ; la même chose dans les communautés environnantes. Si l’artillerie gronde encore ce mardi, le bruit n’effraie plus l’habitant. L’armée a pour l’essentiel assuré le contrôle des ripostes. Mais la résistance du Hamas demeure, malgré six mois de bombardements. Israël n’a pas gagné la guerre. Comme l’explique le colonel Olivier Rafowicz, porte-parole de Tsahal, rencontré lundi soir à Tel Aviv : « L’ennemi est sophistiqué. Il a évolué plus que nous. A la frontière avec le Liban, j’ai pu constater que le pays vivait toujours sous la menace du Hezbollah : 1 700 attaques (drones, missiles, roquettes) ont été lancées par cette branche lourdement armée de l’Iran depuis le 7 octobre. Les 60 000 Israéliens évacués du les communautés les plus proches de la frontière ne peuvent pas rentrer chez elles. Seuls certains kibboutzim de Galilée maintenaient leurs populations, sous la protection d’« interventions civiles » peu armées. Reste un pays qui résiste, la jeunesse en tête, et qui se garde de perdre cette guerre jugée existentielle.

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Les personnes rencontrées l’affirment : Israël ne cédera pas aux pressions extérieures qui font le jeu du Hamas. Le choix de la France de soutenir la proposition du président de la Cour pénale internationale d’émettre des mandats d’arrêt sans distinction contre les dirigeants du Hamas et ceux d’Israël a été perçu comme une trahison. La possibilité d’un cessez-le-feu est considérée comme une capitulation. La perspective de deux États, réactivée hier par la reconnaissance d’un État palestinien notamment par l’Espagne, n’est en réalité plus à l’ordre du jour. La détermination à chasser le mouvement terroriste reste intacte. Cette stratégie implique, selon les militaires rencontrés, la prise de Rafah, au sud de Gaza : une opération redoutée en raison de la forte densité de population.

Selon le président de la Knesset, Amir Ohana, vu mercredi, Israël ne mène pas seulement un combat local, mais « défend le monde libre ». Il dit : « Nous vivons un choc des civilisations. » Il reconnaît néanmoins que la société israélienne, qui compte 20 % de musulmans, a « réussi à vivre ensemble ». Un diagnostic tempéré par le ministre de l’Intérieur qui, même s’il reconnaît que “L’affrontement n’a pas eu lieu”, reconnaît l’hétérogénéité de la société arabe israélienne qui comprend un « camp hostile à l’État hébreu ».

Quel avenir pour Gaza ? la question reste sans réponse. Mais Israël exclut le retour du Hamas ou de tout autre mouvement islamiste. La perspective d’une administration civile du territoire sous contrôle israélien se dessine. En attendant une éventuelle alternative de la part des Émirats arabes unis ou de l’Arabie saoudite. Mais Israël, devenu la cible symbolique du Sud uni contre l’Occident, peut-il encore faire confiance à ses quelques « alliés » musulmans ? Le doute est palpable.


[1] A l’invitation, renouvelée ces jours-ci, de l’ONG israélienne KKL

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