«Nous avons vécu des moments inoubliables»

Par Marie Pinabel
Publié le

10 24 mai à 7h36

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Il était, pour ainsi dire, le gardien de sa nuit de sommeil. Et l’a aidée à ne pas mourir. Pendant 12 jours, du vendredi 26 avril 2024 au mercredi 8 avril 2024à bord du Belem, François Blaizot-Bonnemains veillait sur la lanterne olympique, feu originel symbolique, allumé en Grèce, pour qu’il ne s’éteigne jamais.

Le Cherbourgeois embarque avec les 16 membres de l’équipage, une quinzaine de jeunes sélectionnés par la Caisse d’Épargne, une équipe de dix de journalistes photos et quatre gendarmes.

Mais aussi deux autres gardes, Erwan le Papeinstructeur de préparation physique militaire et sportive (EPMS), basé à Brest, et Kévin Gendarme, en sécurité civile chez les pompiers de Marseille.

François Blaizot-Bonnemains le raconte expérience unique.

Comment s’est passée votre arrivée à Marseille mercredi ?

Dans un premier temps, nous avons réalisé l’intégralité du défilé avec les différentes sections nautiques de Marseille. Nous sommes venus à la rencontre des 1024 bateaux sélectionnés pour accompagner le Belem. Nous avons passé des écoles de voile, etc. Ensuite, Florent Manaudou est arrivé sur le bateau et nous avons commencé la formation pour notre entrée au port de Marseille. Nous avons allumé la première torche pour lui en direct. Il faut savoir qu’un chalumeau dure 8 minutes, on avait plusieurs bonbonnes de gaz pour pouvoir faire des changements toutes les 6 minutes et demie. Les porteurs ont la flamme sur 200 mètres, soit 4 minutes. Le timing est très serré. Ensuite, nous avons été accueillis par 150 000 personnes !

Erwan Le Pape (à gauche), Laurent Manaudou, François Blaizot-Bonnemains et Kévin Gendarme (à droite). ©Document remis à La Presse de la Manche

Qu’avez-vous fait une fois arrivé à Marseille ?

Une fois les relayeurs descendus, j’ai été chargé de récupérer le feu sacré pour le remettre dans notre lanterne. C’est pour ça que les gens m’ont vu monter sur scène. Une autre baby-sitter était chargée d’accompagner Tony Estanguet sur les plateaux télé. Il faut savoir que partout où passent la lanterne et une torche, il y a forcément un gardien à 5 à 10 mètres maximum du porteur.

Quelles ont été vos missions sur Belem ?

Donnez vie à la lanterne et entretenez-la. Le matin, nous nous levons à 6h45 pour aller recharger notre principale et notre lanterne de secours en paraffine, soit une huile spéciale pour la réserve avec 50 ml, trois fois par jour. Une recharge dure environ 8 heures. Une fois arrivés, notre rôle est aussi de rassurer les porteurs, de leur indiquer comment se positionner face aux caméras, quelle main prendre leur flambeau, de les aider s’ils sont blessés ou malades.

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L’équipage a passé un moment incroyable durant ces 12 jours de navigation à bord du Belem. ©Document remis à La Presse de la Manche

A bord, vous aviez à cœur d’entretenir cette flamme avec l’équipage…

Oui ! Nous l’avons amené dans toutes les pièces du bateau, dans la cuisine, dans l’atelier de menuiserie, dans la salle des machines, etc. Nous l’avons mis sur la table, avec du café et de la confiture à côté le matin pour que tout le monde puisse en profiter. . C’est aussi cela l’esprit olympique. Les 60 membres d’équipage ont pu prendre leur photo individuelle avec la flamme sur le Belem, toujours avec un gardien à leurs côtés.

Tout le monde a pu profiter de la flamme olympique, même pendant le petit-déjeuner du matin. ©Document remis à La Presse de la Manche

Le principal sujet de discussion à Belem était-il les Jeux Olympiques ?

On n’y pensait pas forcément les premiers jours à Marseille. Nous avons vécu l’aventure au jour le jour, avec tous les passages que nous avons effectués… Comme le canal de Corinthe (en Grèce, NDLR). Il a été fermé pendant une courte période pour cause de travaux. Il a été rouvert exprès pour le passage de Belem. Même le commandant n’était jamais venu ici au cours de ses 20 années de carrière. C’est très rare. Le bateau mesure 8,80 mètres de large et le passage fait 24 mètres. Il n’y avait vraiment aucune marge d’erreur. Nous avons également traversé le détroit de Messine (en Italie, NDLR) et nous avons pu apercevoir le volcan Stromboli (en Italie, NDLR). Nous avons vécu des moments inoubliables !

Détroit
Le canal de Corinthe (en Grèce) a été un moment fort pour tout l’équipage. ©Document remis à La Presse de la Manche

Avez-vous eu des moments de peur ?

Hum, non. Une grande partie, nous avons eu une bonne mer et pendant un moment, nous avons eu quelques tempêtes avec des creux de 2 à 3 mètres de haut entre les vagues. Quelques jeunes étaient malades mais je suis sur le bateau depuis plus de 10 ans donc ça allait. Quant à l’extinction des lanternes, on ne le cache pas, nous en avions deux à bord, une principale et une secondaire, en secours, si quelque chose arrivait. À un moment donné, pour entretenir les lanternes, il fallait en éteindre une, nettoyer les filtres à particules, nettoyer la vitre, etc.

Tempête
Il y a eu quelques creux de 2 à 3 mètres. ©Document remis à La Presse de la Manche

Pour quelqu’un qui suit les Jeux Olympiques depuis que tu es petit, tu dois ressentir beaucoup de fierté ?

C’est une opportunité unique car dans ma vie d’athlète, je n’aurais jamais eu le niveau pour intégrer l’équipe de France et espérer approcher la flamme. Là-bas, sans gardien, il n’y a pas de flamme olympique. On sent que nous avons été acteurs et que, grâce à nous, du moins pour notre part de Grèce à Marseille, la flamme symbolique a pu arriver dans de bonnes conditions.

Quels beaux moments vécus à bord du Belem.
Quels beaux moments vécus à bord du Belem. ©Document remis à La Presse de la Manche

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