le chef de la junte Mahamat Déby élu président, son Premier ministre proteste

le chef de la junte Mahamat Déby élu président, son Premier ministre proteste
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Le président de transition du Tchad, et candidat à l’élection présidentielle, Mahamat Idriss Deby Itno, vote pour cette élection, à N’Djamena, le 6 mai 2024

PHOTO AFP / Issouf SANOGO

M. Déby, 40 ans, a recueilli 61,03% des voix, selon les résultats officiels provisoires de la commission électorale qu’il avait désignée, contre 18,53% pour M. Masra, également âgé de 40 ans. Le taux de participation s’élève officiellement à 75,89%. Ces décomptes doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel, également nommé par le chef de la junte.

Peu après cette annonce, des soldats ont tiré en l’air à l’arme légère à N’Djamena, dans le quartier où est basé le parti de M. Masra, par joie mais aussi clairement pour dissuader les gens de se rassembler, selon des informations. Journalistes de l’AFP. Certains habitants ont couru se cacher dans leurs maisons et les rues ont été rapidement désertées.

C’était l’inverse, près du Palais présidentiel, de nombreux partisans de Déby ont célébré sa victoire en criant, en chantant et en klaxonnant dans leurs voitures, dont certaines étaient recouvertes du drapeau tchadien. Les soldats mais aussi les gens ordinaires ont manifesté leur joie avec des rafales de kalachnikovs en l’air. Au moins deux adolescents ont été blessés par des chutes de balles, a témoigné un journaliste de l’AFP.

Le Premier ministre et candidat à la présidentielle, Succès Masra, à sa résidence de N’Djamena, le 8 mai 2024 au Tchad PHOTO AFP / Issouf SANOGO

M. Masra avait revendiqué la victoire avant la proclamation des résultats officiels dans un long discours sur Facebook où il accusait par avance le camp Déby d’avoir truqué les résultats pour annoncer la victoire du général.

Invoquant le décompte des voix par ses propres partisans, il a appelé les Tchadiens à « ne pas se laisser voler la victoire » et à « le prouver » en « se mobilisant pacifiquement, mais fermement ».

« Je suis désormais le président élu de tous les Tchadiens », a déclaré M. Déby dans une très brève allocution télévisée au ton monocorde, promettant de mettre en œuvre ses « engagements ».

Cette élection devait marquer la fin d’une transition militaire de trois ans et de nombreux observateurs la considéraient comme une fatalité en faveur du général, proclamé chef le 20 avril 2021 en remplacement de son père Idriss Déby Itno qui venait d’être tué par les rebelles le 20 avril 2021. en route vers le front, après avoir dirigé d’une main de fer, pendant 30 ans, ce vaste pays sahélien, l’un des plus pauvres du monde.

Le plus farouche tueur de la « dynastie Déby » de l’époque, Succès Masra, s’était finalement rallié à la junte et le général l’avait nommé Premier ministre quatre mois avant le scrutin.

Le reste de l’opposition, muselée et violemment réprimée, parfois dans le sang, l’avait accusé d’être un « traître » et d’être candidat à la présidentielle pour « donner un vernis démocratique et pluraliste » à une élection jouée d’avance pour Déby.

Mais l’économiste Masra a surpris tout le monde en rassemblant des foules considérables lors de sa campagne, au point de s’enhardir et de se dire capable de gagner, sinon de pousser M. Déby au second tour le 22 juin.

Si les partisans de Masra protestaient dans la rue contre son élection, cela pourrait ouvrir la voie à des violences meurtrières, les manifestations de l’opposition étant systématiquement réprimées dans ce pays marqué, depuis son indépendance de la France en 1960, par des coups d’État militaires. État, régimes autoritaires et assauts réguliers d’une multitude de rébellions.

– Reconnu par la communauté internationale –

Dépouillement des bulletins de vote pour l’élection présidentielle du 6 mai 2024 à N’Djamena, Tchad PHOTO AFP / Issouf SANOGO

Mahamat Déby a été adoubé dès son installation par l’armée en 2021 par une communauté internationale – la France en tête – prompte à condamner les putschistes ailleurs en Afrique. Paris maintient toujours un millier de soldats au Tchad, considéré comme un pilier de la lutte contre les jihadistes au Sahel, après l’expulsion de soldats français du Mali, du Burkina Faso et du Niger.

Huit autres candidats se sont partagés les miettes des voix, à l’exception de l’ancien Premier ministre Albert Pahimi Padacké, qui a officiellement récolté 16,91% des voix.

Trois ans après avoir pris le pouvoir en dehors de tout processus constitutionnel, le général Déby a légitimé sa présidence par les urnes. De nombreux observateurs prédisaient que ce serait une formalité, comme pour son père, officiellement élu et réélu confortablement six fois après son coup d’Etat de 1990.

– « Ni crédible ni libre » –

Le Premier ministre et candidat à la présidentielle, Succès Masra, s’adresse aux médias à sa résidence de N’Djamena, le 8 mai 2024 au Tchad PHOTO AFP / Issouf SANOGO

En phase avec le reste de l’opposition qui appelait au boycott du vote, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) s’est inquiétée le 3 mai d’une « élection qui ne semble ni crédible, ni libre, ni démocratique ». « dans un contexte délétère marqué par (…) la multiplication des violations des droits de l’Homme ».

Mercredi, le parti Les Transformateurs de M. Masra a dénoncé des « menaces graves » contre son chef et ses partisans ainsi que des « violences et arrestations arbitraires » visant ces derniers depuis l’élection.

 
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