Cette grève d’encouragement pour exiger le départ de Blue Co, annoncé avant le début du championnat de Ligue 1, crée une fracture importante au sein de la communauté des supporters du Racing. On s’attaque sur les réseaux sociaux, souvent sans aucune précaution. Et quand on passe son micro aux abords du stade de la Meinau ou du centre d’entraînement du club aujourd’hui, les opposants au mouvement sont désormais majoritaires.
« Au début du match, c’est le calme plat, on n’entend que les supporters adverses, déplore cet abonné. Je pense que cela doit cesser. Blue Co ne partira pas après avoir investi autant d’argent. « Il faut remercier Blue Co d’avoir investi autant d’argent, ajoute son voisin de la tribune. Nous n’aurions jamais pu acheter de tels joueurs avec les anciens actionnaires. Le football moderne est comme ça. Sinon on aurait eu des difficultés comme Montpellier par exemple et on serait descendu en Ligue 2 un jour ou l’autre.»
Parmi les sympathisants interrogés, certains s’inquiètent ou se méfient du timeshare, mais ils estiment que la grève d’encouragement n’est pas pas la bonne méthode pour protester. “Je pense qu’au début, c’était bien de protester, soutient cet habitué de la Meinau. Maintenant il faut s’arrêter et accompagner les jeunes du début à la fin du match. Les ultras peuvent continuer à faire pression en coulisses, mais pas dans le stade.»
« On a le droit de se poser des questions, ajoute cet autre passionné de Racing. Tout le monde le dit, c’est un centre de formation pour Chelsea. Mais je trouve que faire grève en début de match, c’est un peu bête. Pourquoi pas un peu en seconde période ? Mais pas au début, pour que les joueurs puissent débuter le match en toute confiance. Parce que le kop chante encore après le premier quart d’heure et il chante vraiment bien.
La grève d’encouragement va se poursuivre
Sans les chants des ultras, l’ambiance durant le premier quart d’heure est effectivement très triste à la Meinau. Malgré l’impopularité croissante du mouvement, les Ultra Boys 90 (la grève est également suivie par le Kop Ciel et Blanc et la Fédération des Supporters, les deux autres principales associations de supporters) n’entendent pas abandonner leur grève d’encouragement,
“Non, il n’est pas question de remettre en cause cette grève, souligne Maxime, le vice-président de l’UB 90. C’est une décision qui n’a pas été des plus faciles à prendre, car nous aussi, nous préférerions profiter pleinement du match dès le début. Mais il y a des intérêts qui vont au-delà et le but ultime est le départ de l’investisseur pour retrouver un club indépendant. Il y a toujours eu une unité dans les tribunes ces quinze dernières années. Alors bien sûr, aujourd’hui, c’est un sujet qui divise. Chacun a ses idées là-dessus, mais c’est un sujet que nous considérons important pour la protection de notre club. Evidemment, si les résultats de l’équipe sont de plus en plus convaincants, cela obscurcira l’opinion de beaucoup de personnes sur le but recherché. Cet objectif est l’indépendance de notre Racing. La grève ne s’adresse pas aux joueurs, elle s’adresse à la direction du club.
Les supporters de Lens ne chanteront pas non plus 15 minutes à la Meinau
Ce mouvement d’opposition à la multipropriété dans le football ne se limite pas à la sphère des ultras strasbourgeois. Alors que dimanche prochain Strasbourg affronte l’autre Racing à la Meinau, les ultras de Lens ont annoncé qu’ils ne chanteraient pas non plus pendant le premier quart d’heure de la réunion.
Pro ou anti Blue Co, pro ou anti grève, Ce sont de nombreux amoureux du Racing qui se déchirent. La sacrée unité dans les tribunes de la Meinau, née après la descente aux enfers du club, ne semble plus qu’un lointain souvenir.
