En remportant le titre mondial dimanche après son doublé Giro-Tour, Tadej Pogacar rejoint au classement Eddy Merckx et Stephen Roche, les deux seuls à avoir accompli un tel exploit en une saison. Pour l’Irlandais, si le raid de Pogacar au Mondial est fantastique, l’attitude passive de ses rivaux Van der Poel et Evenepoel au moment de l’attaque est hautement critiquable.
Dimanche dernier, parti seul à près d’une centaine de kilomètres de l’arrivée lors de la course en ligne des championnats du monde, Tadej Pogacar a réalisé un exploit exceptionnel susceptible de marquer sa carrière, tant il a marqué les esprits. A commencer par ceux de Remco Evenepoel et Mathieu Van der Poelses deux principaux concurrents pour le titre de champion du monde, qui ont laissé repartir le Slovène, persuadé qu’il lançait ici une offensive impossible et vouée à l’échec.
« S’il n’y avait pas eu les Strade Bianche ou Liège Bastogne Liège… »
Comme le rapporte cyclismenews.com, Remco Evenepoel a commenté après la course : « Je veux dire, quand il a attaqué en haut de la montée, j’étais à côté de Mathieu Van der Poel. Nous pensions que c’était un geste suicidaire et que tout allait s’enchaîner. Mais à la fin de la journée, il a passé une excellente journée et a roulé aussi vite que nous pour le poursuivre, donc il le mérite. Quand on regarde sa saison, c’est lui qui mérite de porter le maillot de champion du monde. Je pensais que nous avions la situation sous contrôle et j’ai dit à Tiesj Benoot que si nous parvenions à maintenir l’écart à 50 secondes, ce serait parfait. En course, on pourrait dire que c’est facilement contrôlable, surtout avec le vent contraire sur la partie la plus longue de la montée. Lorsque nous avons remonté la montée raide, j’ai vu mes gars passer derrière. Seuls Tim Wellens et Maxim Van Gils restaient à rouler. J’ai alors dit à Maxim : « Roulez fort jusqu’au sommet et ensuite j’essaierai de relancer la course ». Mais je pense que Tadej vivait juste une journée spéciale. Je ne ferais pas les choses différemment. Tout gars normal vous dirait que 100 kilomètres dans ces conditions, c’est beaucoup trop long, mais je pense que cette année, Tadej n’est pas normal. Comme je l’ai dit, il mérite son titre. Pour notre part, il n’y a aucune raison de nous rendre fous ou tristes avec cette course. Nous avons essayé, nous avons fait de notre mieux ».
“Le fait qu’ils aient laissé partir Pogacar comme ça est inacceptable”
Une position fortement contestée par l’ancien champion Stéphane Rochequi a également réalisé un triplé sur le Giro-Tour-Mondial en 1987, et qui a expliqué au micro de cyclismeactu.net : « S’il n’y avait pas eu les Strade Bianche, Liège-Bastogne-Liège… je serais d’accord avec eux. Mais ce n’est pas son premier essai donc pour des coureurs de ce niveau, ce n’est pas une excuse acceptable. Pour moi, Pogacar reste Pogacar, il est capable de tout, n’importe où et n’importe quand. Nous avons dû le surveiller et les coureurs ont un peu mal jugé ou ils dormaient, mais il n’y a aucune excuse pour manquer Pogacar. C’est le grand favori, son maillot vert attire le regard, on ne peut pas dire qu’on ne l’a pas vu partir. Si nous le voyons partir, nous devons y aller. Là, tout le monde dormait. Ce mec, il ne faut pas le laisser partir, parce qu’on lui donne 1 mètre, ça devient 100 et puis c’est fini. Le fait qu’ils l’aient laissé partir comme ça… Ce n’est pas acceptable ».