La Coupe Telus, la machine à saucisses de hockey

La Coupe Telus, la machine à saucisses de hockey
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Est-il acceptable, dans un contexte hautement compétitif, de laisser des joueurs de hockey jouer sept matchs en sept jours ?

Les Cantonniers de Magog, de la Ligue M18 AAA, ont remporté la Coupe Telus, dimanche en Nouvelle-Écosse. En finale, l’équipe du Québec a écarté les représentants de l’Ouest canadien, les Wheat Kings de Brandon, par la marque de 4-1.

Au sommet du hockey AAA canadien, les Cantonniers succèdent au Blizzard du Séminaire St-François qui a remporté le titre à Saint-Hyacinthe l’an dernier. Après une inexplicable disette de 21 ans, les dirigeants de la Ligue M18 AAA voient une de leurs équipes remporter le titre national deux années de suite et c’est une grande fierté.

Mais en même temps, il y a quelque chose de très anormal dans ce tournoi de la Coupe Telus : horaire est beaucoup trop chargé et ne tient pas compte des besoins de récupération des athlètes de 15, 16 et 17 ans qui y participent.


Au fil des saisons, on entend constamment les entraîneurs du LNH admettre qu’ils s’attendent à une baisse de performance de leurs joueurs lorsque leur équipe enchaîne deux matchs en deux soirs ou trois matchs en quatre soirs.

Les instructeurs ont raison car il est impossible pour un athlète de se faire toucher, de bloquer des tirs, de déployer un effort maximum et de maintenir un haut niveau de concentration lorsque le temps de récupération dont il dispose est insuffisant. De plus, jouer dans un état de fatigue accru rend les athlètes plus susceptibles de se blesser.

Le Blizzard lors de sa conquête du championnat national l’an dernier.

Photo : Arianne Bergeron/Hockey Canada

Lors du tournoi de la Coupe Telus, Hockey Canada met les meilleurs jeunes joueurs de hockey au pays dans des conditions extrêmes en leur imposant, comprenez bien, un calendrier de sept matchs en sept jours ! J’ai beau chercher et interroger des joueurs chevronnés du monde du hockey, il est extrêmement difficile de trouver un autre tournoi qui impose un fardeau aussi déraisonnable à ses athlètes.

Par exemple, les équipes qui avancent jusqu’à la fin de la phase des médailles au Championnat du monde junior disputent sept matchs en 11 jours et les équipes finalistes de la Coupe Memorial jouent généralement quatre ou cinq matchs en neuf jours.

En fait, le seul autre exemple de tournoi imposant à ses athlètes un enchaînement de sept matchs en sept jours est également encadré par Hockey Canada. Il s’agit de la Coupe Esso, le Championnat canadien de hockey féminin U18.

Tout cela nous amène à quelques questions importantes.

Les six équipes participant à la Coupe Telus la semaine dernière avaient toutes connu de longs horaires durant l’hiver et elles venaient toutes de conclure une série éliminatoire exigeante physiquement et mentalement au sein de leurs ligues respectives. Quelles choses positives pensions-nous accomplir en imposant un enchaînement de sept matchs en sept jours pour terminer leur saison ?

Pensait-on placer les athlètes dans une situation favorisant l’exécution de leurs meilleures performances ? Avons-nous priorisé la santé et le bien-être des athlètes ou avons-nous plutôt choisi de compresser l’horaire pour des raisons économiques ?

Ou pire encore : est-ce qu’on revient avec cette formule année après année parce que nous avons toujours fait les choses de cette façon« C’est à peu près la meilleure réponse que nous puissions offrir lorsque nous voulons ralentir les progrès.


Après la victoire des Cantonniers, Jacques Émond m’a écrit dimanche pour m’exprimer son indignation. Ancien gouverneur d’une équipe U18 de la Ligue AAA et titulaire d’une maîtrise en éducation, M. Émond a participé à la rédaction d’un document en 2016 affirmant la nécessité de modifier le calendrier du tournoi de la Coupe Telus.

Il est difficile de comprendre pourquoi un tel programme de matchs a été établi sans tenir compte des particularités des personnes impliquées, de la physiologie du sport, de ses principes et de la dynamique du processus de récupération. On ne semble pas se soucier de l’état physiologique et psychologique des jeunes joueurs de hockeydéplore M. Émond, qui trouve scandaleux que le calendrier de la Coupe Telus n’a toujours pas été modernisé.

Préparé à l’initiative de la Ligue U18 AAA, le document 2016 a été soumis dans les deux langues à Hockey Canada. Son contenu s’inspire de témoignages d’organisateurs et de participants du tournoi de la Coupe Telus. Cet argument était également étayé par une riche documentation scientifique. De plus, les dirigeants de la Ligue U18 AAA ont affirmé sans détour que le calendrier de la Coupe Telus allait à l’encontre de leurs valeurs, qui consistent à prioriser le bien-être des athlètes.

Les parents souhaitent que leurs jeunes quittent la Coupe Telus non pas avec l’épuisement, la fatigue ou l’expérience de contraintes qui réduisent la performance, mais avec un état d’épanouissement, jouer le meilleur hockey possible, et une expérience positive.Ils s’appellent.

De plus, leur solution pour alléger le calendrier était incroyablement simple. Au lieu de forcer les six équipes participantes à s’affronter lors du tour préliminaire, il a été suggéré de former deux groupes de trois équipes. Le tour préliminaire était ainsi réduit à deux matches, et les quatre meilleures équipes croisaient alors le fer en demi-finale, puis en finale ou dans un match pour la médaille de bronze.

Non seulement cette solution a permis de réduire le nombre de matches de sept à quatre, mais elle a également permis aux équipes d’arriver sur le site de compétition un jour plus tard et de réaliser d’importantes économies.


Le défunt président de la Ligue U18 AAA, Denis Baillairgé, croyait que la Coupe Telus était le tournoi le plus difficile au monde à remporter, mais pour de mauvaises raisons, soit en raison des exigences de son calendrier.

Huit ans plus tard, les nouveaux joueurs du hockey québécois n’ont pas changé d’avis.

Ces observations sur le calendrier de la Coupe Telus sont réfléchies et ceux qui le dénoncent ne le font pas que pour la forme. Aucune autre compétition n’est structurée de cette façon et cela n’a aucun sens pour les athlètes» affirme le directeur général de la Ligue U18 AAA, Yanick Gagné.

J’ai toujours trouvé que la Coupe Telus n’avait aucun sens. J’ai assisté à plusieurs compétitions internationales impliquant des joueurs de différents groupes d’âge ainsi qu’à des compétitions nationales comme les Jeux du Canada et je ne comprends toujours pas pourquoi sept matchs peuvent être joués en sept jours à la Coupe Telus.il dit.

Jeudi dernier, les dirigeants des Cantonniers ont proposé des activités à leurs joueurs pour se changer les idées et leur faire découvrir la région de la Nouvelle-Écosse où se déroulait le tournoi. Les joueurs ont refusé car ils voulaient se reposer.

Une citation de Yanick Gagné, directeur général de la Ligue AAA U18

Dans ces circonstances, c’est presque héroïque que les Cantonniers aient réussi à remporter sept matchs en sept jours à la Coupe Telus. Seules six autres équipes ont réussi un tel exploit dans l’histoire du tournoi.

Mais le fait demeure : ils n’auraient jamais dû avoir à jouer autant de matches.

Par l’intermédiaire de Hockey Québec, la Ligue M18 AAA entend continuer de réitérer l’état de la science et de prôner les bénéfices d’un horaire allégé pour Hockey Canada. Puisse-t-elle un jour être entendue.

 
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