« J’ai tout à perdre. La question de savoir qui était le meilleur skieur du monde entre Marcel et moi se posait constamment. Mais maintenant, si je dois être plus lent qu’un homme qui sort de la retraite, le débat sera terminé… »
Maître dans l’art de la communication, désormais aussi bon sur les skis que devant les journalistes, Marco Odermatt croit-il vraiment aux bêtises qu’il a lancées au « Blick » ? A-t-il prononcé ces mots par excès d’humilité ou pour minimiser une éventuelle défaite en géant l’hiver prochain ? Allez, au pire, son ego en prendra un coup.
Car en réalité, dans cette remontée qui a laissé le monde du ski sur le revers, c’est Marcel Hirscher qui a tout à perdre. Monstre sacré de son sport, vainqueur huit fois (!) du grand Globe décerné au vainqueur général de la Coupe du monde, l’Autrichien revient à la compétition, à 35 ans, après cinq ans de retraite, avec en toile de fond , une question : pourquoi maintenant ?
Car il a devant lui un défi inexistant et chevaleresque : aller plus vite qu’Odermatt, le nouveau roi du Cirque Blanc, de près de dix ans son cadet, avec Van Deer – des skis Red Bull qui ont déjà gagné – Henrik Kristoffersen – et qui il a lui-même conçu et développé en formation ces dernières années. Il faut admettre que s’il réussit, tout le monde criera au génie.
S’il a gagné au niveau marketing, Hirscher prend aussi le risque de vraiment se tromper, sportivement parlant, lui qui n’a plus rien à prouver. Sans doute revient-il car il sait qu’il a encore quelque chose sous le capot et que les temps sont bons à l’entraînement. Mais que se passe-t-il s’il passe deux secondes dans le champ de vision d’« Odi » lors du géant d’ouverture à Sölden ? Devons-nous tout arrêter ?
Le danger est total, la prise de risque maximale. Car au moment de se dire au revoir au milieu, Hirscher s’était retiré comme un prince. Avec ce retour, il risque surtout de ternir sa légende et l’héritage qu’il a laissé. C’est comme ça d’avoir tout à perdre. N’en déplaise à Odermatt.
