Fosse à eaux usées contaminées | « La Ville tient mes paiements en otage »

Embauché pour assainir un site contaminé, l’entrepreneur craint un déversement


Publié à 02h09

Mis à jour à 5h00

Un entrepreneur spécialisé embauché par Saint-Augustin-de-Desmaures pour réhabiliter un bassin d’épuration des eaux pluviales refuse d’effectuer des travaux après avoir découvert des contaminants qui, selon lui, risquent de se propager dans un lac voisin s’il perturbe l’écosystème avec sa machinerie.

La municipalité, qui n’a pas obtenu l’autorisation du ministère de l’Environnement pour réaliser les travaux, répond que le mandat respecte les règles de l’art et menace l’entrepreneur d’amendes de 2 500 $ par jour de retard sur l’échéancier prévu.

«Je suis pris dans un conflit éthique», déclare Serge Lavergne, ingénieur en environnement et propriétaire des Services hydriques Qwatro, qui a obtenu le contrat de réfection du site.

type="image/webp"> type="image/jpeg">>>

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Ingénieur en environnement et propriétaire des Services hydriques Qwatro, Serge Lavergne, devant le site contaminé

Soit je termine les travaux qui, à mon avis en tant qu’ingénieur, ne sont pas légaux, soit je continue de tricher et je fais faillite parce que la Ville retient mes paiements en otage sans raison.

Serge Lavergne, ingénieur en environnement et propriétaire de Qwatro Water Services

À l’été 2023, son entreprise remporte un appel d’offres lancé par la municipalité pour réhabiliter deux bassins de captage d’eau de pluie, mal entretenus depuis leur construction dans les années 1990. La proposition de Qwatro, d’un montant total de 1,07 million, est arrivée 15 % en dessous du prix de son concurrent le plus proche.

>>>>

Dans le cadre de l’appel d’offres, M. Lavergne a spécifiquement demandé s’il y avait des raisons de croire que le site pourrait contenir des terrains contaminés. «La Ville n’est au courant d’aucun fait ou circonstance laissant croire que les déblais au fond du marais ou la matière organique trouvée dans le marais pourraient être contaminés», a été la réponse officielle.

type="image/webp"> type="image/jpeg">>>

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le site de la fosse à eaux usées contaminées

Cependant, après le début des travaux, son équipe a découvert des contaminants – des huiles et des graisses – dans des sédiments accumulés dans un marais qui sert à filtrer l’eau avant qu’elle ne se jette dans le lac Saint-Augustin. Selon M. Lavergne, le brassage des sédiments par la machinerie pour enlever ces terrains contaminés risque « une perturbation majeure de l’écosystème » et provoquer des fuites d’eau polluée dans le lac Saint-Augustin.

type="image/webp"> type="image/jpeg">>>

PHOTO FOURNIE PAR QWATRO WATER SERVICES

Des huiles et des graisses découvertes dans une partie du marais

Selon lui, un certificat d’autorisation du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques est nécessaire pour réaliser de tels travaux.

Une « citation blindée », répond le maire

«C’est certain que ça se réglera devant les tribunaux», réagit le maire de Saint-Augustin-de-Desmaures, Sylvain Juneau. La firme d’ingénierie qui a conçu l’appel d’offres et qui supervise les opérations, Eureka Environnement, assure à la municipalité qu’aucun permis n’est nécessaire puisqu’il s’agit de simples travaux d’entretien.

type="image/webp"> type="image/jpeg">>>

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le maire de Saint-Augustin-de-Desmaures, Sylvain Juneau

Nous ne demandons pas à M. Lavergne son opinion en ingénierie. Il lui est demandé de réaliser les travaux.

Sylvain Juneau, maire de Saint-Augustin-de-Desmaures

Même si la partie la plus importante des travaux a déjà été complétée par Qwatro sur le site problématique, la municipalité refuse de payer quelque montant que ce soit, soutenant que la découverte de contaminants relève entièrement de la responsabilité de l’entrepreneur. «Notre estimation est à toute épreuve», assure le maire.

“On parle de contaminants, mais ce n’est pas de l’uranium ou des choses terribles”, ajoute le maire. «Il s’agit principalement de sel de déglaçage et de métaux lourds provenant des véhicules», explique-t-il.

type="image/webp"> type="image/jpeg">>>

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Lac Saint-Augustin, adjacent au site de la fosse d’épuration contaminée

Selon lui, Qwatro s’est mis en difficulté en soumissionnant à un prix trop bas sans tenir compte de la complexité des travaux.

Le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre le changement climatique, informé du litige, dit analyser la situation avec les autorités concernées. «En cas de manquement à la législation ou à la réglementation environnementale québécoise, le ministère prendra les recours appropriés, et dispose de plusieurs moyens pour le faire, conformément à la directive sur le traitement des manquements», indique le porte-parole Frédéric Fournier.

M. Lavergne « implore » la Ville de revoir sa position. « Si je porte l’affaire devant la justice, elle sera réglée dans cinq ou six ans », estime-t-il. Si cela n’est pas résolu avant cette date, je ferai faillite dans cinq ou six mois », dit-il.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Concert Noé Talbot + No & Tins
NEXT Un lanceur québécois de 20 ans libéré par les Mets veut faire ses preuves avec les Capitals