« De l’extérieur, cela ressemble à un cauchemar. A l’intérieur, c’est difficile” – .

« De l’extérieur, cela ressemble à un cauchemar. A l’intérieur, c’est difficile” – .
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La saison de l’ASPTT Caen en Nationale 3 ressemble un peu au Mythe de Sisyphe. Chaque dimanche, son équipe féminine pousse la pierre, donne tout sur le terrain, s’accroche à tout ce qu’elle peut. Mais la pierre tombe toujours au même endroit, au pied de la montagne qui se dresse devant elle, quelle que soit sa hauteur.

En 18 journées, le club n’a pas remporté le moindre match (17 défaites et un forfait). Pire, l’équipe n’a remporté qu’un petit set, contre l’Étoile Saint-Laurent VB, le 5 novembre, au gymnase Victor-Vindé. Nathalie Valognes, la présidente du club, qui est aussi celle de la Ligue de Normandie, revient sur cette saison catastrophique. Ce qui en dit aussi long sur l’état du sport au niveau local et national.

Nathalie, comment décrivez-vous la saison de votre équipe de National 3 qui, de l’extérieur, ressemble à un cauchemar ?

De l’extérieur, cela ressemble à un cauchemar. A l’intérieur, c’est très, très compliqué. Cela demande une force de caractère et beaucoup de résilience de la part des joueurs et des managers. Vous devez avoir l’engagement au plus profond de votre corps pour aller jusqu’au bout.

Comment rester mobilisé dans une telle saison ?

Il faut une passion incroyable de la part des joueurs pour leur sport. Il y a des jeunes qui n’ont rien demandé à personne et qui se retrouvent dans cette situation. Des joueurs que nous avons formés au club. Cela les oblige à regarder au plus profond d’eux-mêmes. Nous avons un très gros problème, qui est aussi la Source du problème, c’est que nous n’avons pas d’entraîneur pour cette équipe. Pour les joueurs, même les plus expérimentés, c’est encore plus compliqué de trouver l’envie dans une telle situation. Mais ils veulent quand même progresser, honorer leur engagement.

« La pénurie d’entraîneurs est criante et désespérée »

La Source du problème est donc l’absence d’entraîneur. Comment est-ce arrivé?

C’est compliqué car on n’en trouve pas. On espérait avoir un coach permanent à l’automne, on l’a trouvé (Hamid Haid) mais il est de nationalité étrangère. Nous attendons toujours notre visa de travail et la saison va se terminer…

La pénurie d’entraîneurs est un constat qui revient de plus en plus dans la région.

C’est criant et désespéré. D’autant que cela est valable à tous les niveaux. Aux premiers niveaux des entraîneurs, les autorités (Ligues régionales et Fédération) ne trouvent pas la bonne formule pour former les gens (stages de trois jours, soirées…). Et au niveau des salariés, des professionnels, on n’a jamais vu ça. En Normandie, il y en a très peu. Nous ne sommes pas les seuls dans cette situation. L’ASPTT Rouen a vu son entraîneur partir à l’intersaison et a également eu beaucoup de difficultés à se remettre sur les rails. Nous avons 160 licenciés, c’est trop difficile de gérer uniquement avec des bénévoles. Nous avons vraiment besoin d’un coach salarié coordinateur mais il n’y en a pas. Depuis le départ de notre ancien entraîneur (Aymen Redissi), le 12 juillet, on a cherché partout… L’engagement en Nationale 3 était déjà pris et on ne pouvait plus revenir dessus. Lorsque certains joueurs ont pris connaissance de la situation, ils ont décidé de ne pas revenir vers nous. On s’est donc retrouvé avec un effectif trop réduit, pas assez expérimenté. C’est si simple.

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D’où vient réellement cette pénurie ?

C’est un métier qui n’est plus dans l’air du temps. On retrouve cette situation dans d’autres sports collectifs mais elle est peut-être moins flagrante car le bassin est plus grand. Nous, en volley-ball, le prenons en face au niveau national. En Bretagne par exemple, sept clubs cherchaient encore un entraîneur à la dernière rentrée.

“C’est un exploit d’aligner une équipe chaque week-end”

Ne serait-il pas possible de simplifier les parcours vers le métier de coach ?

C’est matière à réflexion. Il faut séparer les coachs bénévoles, rémunérés, de ceux dont c’est le métier, qui sont des professionnels et possèdent des diplômes professionnels. Déjà, il n’existe qu’un seul brevet d’État pour le volley, à Nantes. Sinon ce sont des BPJEPS avec mentions volley et ils ne sont pas nombreux non plus. Nous souffrons d’autant plus que nous avons actuellement une forte attractivité auprès des jeunes, avec une équipe de performante et post-Covid. Pour encadrer tous les nouveaux arrivants, nous sommes confrontés à une difficulté.

A l’ASPTT Caen, vous attendiez-vous à une saison aussi difficile ?

Dès le 12 juillet, on savait que ce serait difficile. Mais honnêtement, pas à ce point. Notre effectif n’est pas suffisant, des joueurs ont aussi abandonné en chemin. Il faut saluer d’autant plus ceux qui sont restés et sont allés jusqu’au bout. Sans jeter la pierre à ceux qui sont partis. Aujourd’hui, c’est un exploit d’aligner une équipe chaque week-end et notre objectif est toujours d’aller jusqu’au bout pour honorer notre engagement. Aussi parce qu’il y a des implications financières importantes en cas de forfait général (amende de plus de 6 000 euros).

On dit que l’adversité fait progresser. Était-ce le cas de vos joueurs ?

À mon grand regret, ils n’ont pas pu progresser comme ils auraient pu le faire. On a essayé de les accompagner et de les soutenir du mieux qu’on pouvait mais ça ne remplace pas un coach qui coache trois fois par semaine. Ils n’ont pas régressé, ils ont développé de la combativité, de la résilience, une palette mentale mais ils auraient dû profiter au maximum de leur année.

« Nos jeunes sont notre lueur d’espoir et notre bouffée d’air frais »

Le club va quitter le niveau national dans trois jours, est-ce que ça sera un soulagement ?

Ce sera certainement un soulagement, ça ne peut pas continuer ainsi. Notre grand regret est que notre coach n’ait pas pu arriver plus vite et se stabiliser rapidement à Caen. Nous avions imaginé cela en novembre. Il arrivera prochainement, l’objectif sera de reconstruire et remobiliser les troupes. Et ce sera plus simple au niveau pré-national.

Le club n’est-il pas en danger de mort ?

Certainement pas. Nous avons des jeunes qui performent au niveau M18 et M15. Ils sont sur les podiums Excellence de la région. Ils ont fait le tour de la Coupe de France. Certains sont en sélection régionale. Derrière, je vous assure que ça grandit ! C’est notre lueur d’espoir et notre bouffée d’air frais. Nous faisons tout cela pour les jeunes et nous savons que cela va recommencer. Avec notre coach qui va arriver, les jeunes qu’on a, on va revenir en Nationale 3, c’est notre objectif. Il y a le terreau pour s’y installer de manière durable, s’il n’y a pas d’incident de formation.

 
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