Mardi 26 septembre, le compte Instagram d’Aurélien, un Bordelais gay de 39 ans, a publié une longue et déchirante lettre d’adieu dans laquelle il annonçait vouloir mettre fin à ses jours. Le même matin, vers 10h30, un corps a été retrouvé sur la plage Alexandre à Lacanau (Gironde), selon Sud Ouest. Le corps, non identifié lors de sa découverte, est celui d’un homme de 39 ans et semble correspondre en tout point à la description physique d’Aurélien.
Le 26 septembre également, le frère d’Aurélien, Marc, a publié un appel à témoins sur ses réseaux sociaux, annonçant la « disparition inquiétante » par Aurélien. Le lendemain, il postait une nouvelle photo sur son compte Instagram pour confirmer que le corps retrouvé sur la plage était bien celui de son petit frère : « J’ai la lourde tâche de vous annoncer que c’est bien le corps de mon petit frère qui a été retrouvé sur une plage. Et pour vous remercier tous : au nom de mes frères, sœurs et parents. Petit frère, tu ne voulais pas mûrir. Vous tombez avant l’automne juste avant la floraison. Va te reposer « .
Plus tard mercredi, Marc a confié, toujours sur Instagram : « Si seulement il savait à quel point il était aimé « .
A ce jour, les circonstances du décès restent floues et une enquête a été confiée à la gendarmerie, qui privilégie la thèse du suicide.
Une lettre émouvante
” Je souris, mais à l’intérieur je crie… je plaisante mais à l’intérieur je pleure « . Si cette disparition a un impact aussi important, c’est parce que la lettre de suicide d’Aurélien a fait le tour des réseaux sociaux.
Il parle de ses problèmes de toxicomanie et de sa solitude dans la scène nocturne gay qu’il décrit comme « une spirale infernale ” Et ” toxique » : « On danse, on rit, on baise, on s’amuse… mais au final… rien, le néant… le vide. Qui a pris le temps de me connaître, de savoir qui je suis vraiment au fond ? « .
Dans ce long message, Aurélien partage son addiction aux drogues : « Le médicament donne une sensation de bien-être, il permet d’oublier, et avec le temps il rend malheureusement tout le reste insipide. […] Je pensais que la drogue me permettrait d’échapper à ce monde froid et dur. […] Peu de gens (en dehors de la nuit) connaissent mon addiction, car je la cache sous mon sourire mais je me bats contre elle depuis maintenant 3 ans. “, il explique.
Enfin, il aborde ce qu’il considère comme son « première addiction, bien avant la drogue », à savoir le sexe. ” Plaire était tellement ancré dès mes premières sorties, que le culte du corps y est roi. L’aspect physique est la seule chose que beaucoup regarderont ces nuits-là. Rentrer accompagné à la maison en fin de soirée était un petit boost pour l’ego, mais le lendemain l’ego était encore plus vidé, l’amant parti et de nouveau seul. Je n’ai jamais su comment m’y prendre pour avoir/vivre une relation sérieuse, je n’en ai jamais eu… Je pense que mon malheur m’empêchait de vivre sereinement mes sentiments… « .
” Ces garçons qui se donnent sexuellement, mais ne donnent aucune émotion/sentiment/affection… ce garçon qui m’ignore le lendemain d’une nuit de sexe… qui s’habille vite après avec plaisir.. ce garçon qui me ment pour bouger à un autre… ce garçon qui s’approche de moi par intérêt… ce garçon qui ne voit en moi qu’un objet sexuel… ce garçon avec qui je fais l’amour mais qui refuse mon baiser sur ses lèvres.. ce garçon avec qui j’ai passé une soirée torride. nuit mais qui ne répondra jamais à mon gentil message… ou qui tournera la tête quand il me reverra… ce garçon qui me fantôme… ce soir où je serai ignoré… ce garçon qui va soudainement passer à un autre… ce garçon qui j’utiliserai mon appartement comme hôtel pour faire venir d’autres gars, et ainsi de suite… “, il continue.
Aurélien finit par parler à sa famille, expliquant que son suicide serait « le mieux à faire » et le seul moyen pour lui « pour sortir de cette impasse « . ” Je regarde ce dernier coucher de soleil… c’est une belle fin je pense… ne pleure pas pour moi… dis-toi que je suis maintenant libre », conclut-il.
Sur les réseaux sociaux, le message d’Aurélien a trouvé un écho particulier, rassemblant le soutien de dizaines de milliers de personnes. Des personnalités publiques telles que les chanteurs Nabil Harlow et Sébastien Delage, l’acteur Nicolas Maury, Jeremstar, Lola Dubini, l’humoriste Tristan Lopin ou encore les drag queens Soa de Muse et Kitty Space ont toutes réagi avec émotion à la nouvelle.
Une ligne téléphonique de prévention du suicide est disponible. 24h/24 et 7j/7, vous pouvez appeler le 3114