Les déchets sont un véritable fléau pour les communes. A Trappes (Yvelines), cinq codeurs sélectionnés dans le cadre du programme jeunes talents Kesk’IA ont décidé de se saisir du sujet pour développer l’application « C dupropre ». Présenté à la mairie, il peut être pérennisé par la commune si elle le souhaite.
Au-delà, ce projet a offert au groupe l’opportunité de vivre une expérience technologique et humaine incroyable pendant quatre mois de compétition. Après avoir présenté avec succès le salon VivaTech, organisé par Les Échos – Le Parisien, les candidats ont remporté la première place du concours et leurs billets d’avion pour la Silicon Valley, où ils s’envoleront en mars 2024.
« Il fallait jongler entre nos études, nos examens, le sport, notre vie personnelle »
« Partir dans la Silicon Valley, là où la tech se dirige dans le monde, est évidemment une opportunité incroyable pour nous, s’émeut Omar, 17 ans, qui a appris à coder à 11 ans. C’est aussi une reconnaissance de tout le travail accompli, on s’est réuni tous les samedis après-midi pendant quatre mois, c’était intense car il fallait jongler entre nos études, nos examens, le sport, notre vie personnelle, ce n’était pas facile. »
Lancé à Trappes, Marseille (Bouches-du-Rhône), Lens (Pas-de-Calais), Rouen (Seine-Maritime), Nantes (Loire-Atlantique), Grigny (Essonne) et Meaux (Seine-et-Marne), le programme a reçu plus de 500 candidatures à travers la France. Après des tests de mathématiques et de codage, une centaine d’élèves ont finalement été sélectionnés pour rejoindre la première édition du programme, dont l’objectif est de promouvoir l’égalité des chances pour les jeunes des quartiers prioritaires. Il s’agit aussi de faciliter leur insertion professionnelle dans un domaine en constante recherche de nouveaux profils.
Un projet mené avec l’aide du géant indien Tata
L’Oréal, SAP, Nestlé, Société Générale… près de 25 professionnels issus de grands groupes encadraient chaque groupe d’étudiants. A Trappes, Sakina, Omar, Loqman, Zeineb et Nora ont reçu l’aide de Tata Consultancy Services (TCS), filiale du géant indien Tata. Les étudiants ont ainsi pu développer une intelligence artificielle qui détecte, reconnaît, étiquette et géolocalise les déchets.
A partir de photos, le prototype restitue les informations et les actions à réaliser directement dans l’application développée pour l’occasion. L’objectif est d’améliorer les parcours de collecte des déchets, grâce à l’action participative des citoyens, et d’adapter en amont les moyens utilisés pour la collecte des déchets.
« Je n’aurais jamais pensé apprendre autant, c’est une aventure technologique et humaine incroyable », souffle Omar, étudiant en 2e année d’informatique à l’université Paris-Cité (13e). Parfois vous avez une très bonne idée qui vous tient à cœur, mais vous devez l’abandonner et mettre votre ego de côté au service d’une autre idée pour préserver l’intérêt du groupe. Sans oublier la fierté qui se lit dans les yeux de ses parents à chaque fois qu’un pas est franchi à nouveau. “Mes parents sont venus à VivaTech, c’est sûr que ça donne plus goût à la victoire”, reconnaît le passionné d’informatique.
“Des chemins de réussite auxquels d’autres jeunes peuvent s’identifier”
Si ce programme permet aux talents d’émerger, il vise également à mettre en relation les étudiants des filières Data et IA avec les grandes entreprises à la recherche de talents. « Je pense que dans le monde dans lequel nous vivons, nous avons besoin de nouvelles histoires, pour montrer qu’il existe des voies de réussite auxquelles d’autres jeunes peuvent s’identifier », déclare Grégoire du Peloux, directeur de l’innovation et de la transformation chez TCS France. Enfin, la façon dont ils ont présenté leur projet en cinq minutes au salon VivaTech était aussi bonne que la présentation d’une vraie start-up. »
Pour les entreprises partenaires, c’est l’occasion de capter de potentiels futurs profils. « On manque de compétences dans la tech, il n’y a pas assez de jeunes qui s’intéressent aux matières scientifiques et aux filles, c’est encore pire, souffle Grégoire du Peloux. C’est toujours vu comme quelque chose intello mais pas du tout, le nombre de carrières talentueuses qui peuvent se faire dans ce domaine est énorme. »
La société TCS est aujourd’hui en discussion avec plusieurs étudiants pour leur proposer de rejoindre ses équipes. « Bien sûr, nous avons un intérêt. En plus de travailler plusieurs semaines avec eux, on a une idée précise de qui ils sont, ça vaut tout recrutement, reconnaît Grégoire du Peloux. Et parmi eux, certains sont brillants et vraiment talentueux. »