Arrivé à Marseille il y a tout juste quatre mois, Mason Greenwood s’est déjà imposé comme la principale arme offensive de l’OM. Sans attendre la polémique suscitée par son transfert, l’OM avait pris un certain nombre de mesures pour le protéger et l’intégrer, se donnant pour mission de laisser parler le football et seul le football.
Un entraînement entièrement ouvert à la presse suffira peut-être à constater que le staff de l’OM rumine Mason Greenwood. Jeudi 14 novembre, opposition sur terrain réduit à la Commanderie. L’attaquant anglais est clairement au-dessus des autres, cela se ressent à chaque réception de ballon, ou à chacune de ses accélérations et frappes. “Pied droit, pied gauche, c’est un phénomène”, avait déjà prévenu en août un proche du vestiaire, promettant que toute l’équipe était assez impressionnée par les qualités de Greenwood. Atout offensif numéro 1 de l’OM, Roberto De Zerbi n’en doute pas. Mais l’Italien doit trouver le bon équilibre avec sa star : l’encourager quand il le faut, savoir le piquer s’il le faut.
Encouragez Greenwood, mais sachez le pousser si nécessaire
Jeudi dernier, l’heure était à la « gestion positive ». « Bien, Mason ! Allez, Mason. Le prénom du meilleur buteur de l’OM est celui qui résonne le plus, au sein de l’axe Robert Louis-Dreyfus, et l’attention du staff est souvent portée sur lui… Quitte à fermer les yeux si l’Anglais est légèrement en position de hors-jeu sur un but marqué à l’entraînement ou si un ballon a pu franchir les limites du terrain. En cas de doute, mieux vaut donner confiance à son attaquant « star ».
De Zerbi a besoin de Greenwood à 100%, tout le temps, pas seulement lorsqu’il a le ballon aux pieds. Son entraîneur ne cesse de lui en parler. “Il doit donner plus et j’attends beaucoup de lui”, a rappelé RDZ lors d’une réunion informelle avec les supporters de l’OM, avant cette même séance. Cela s’est terminé par un échange en tête-à-tête entre De Zerbi et Greenwood. Le premier avec les mains sur les épaules du second, qui écoutait sagement et hochait la tête sans dire un mot…
« Ne le surprotégez pas et ne lui mentez pas sur ses performances »
L’entraîneur marseillais estime que le potentiel de l’ancien joueur de Manchester United est immense et il a parfois le sentiment de voir en Greenwood un élève doué qui se contente de ses acquis mais qui ne met pas toujours tout en œuvre, pour le collectif. . Le staff de l’OM a pris soin, lors de cette trêve internationale de novembre, de souligner ce point auprès de l’Anglais. Et De Zerbi n’a pas hésité à l’ébranler publiquement, après sa très mauvaise première période face au PSG. L’entraîneur italien, qui l’a éliminé à la mi-temps, s’est montré direct après le match : “Je n’ai pas aimé sa façon de jouer.”
« L’idée n’est pas de surprotéger Greenwood et de lui mentir sur ses performances, en lui disant que tout va toujours bien », confie-t-on, en interne, où l’on aspire à ce que l’attaquant soit traité comme n’importe quel autre joueur. «Quand il est bon, il doit entendre qu’il est bon. Quand il fait un mauvais match, il doit savoir qu’il a fait un mauvais match.
L’OM apprécie son comportement et est convaincu d’avoir fait le bon choix
C’est cette recherche de “normalité” qu’a évoqué Pablo Longoria lors de la conférence de presse de présentation du joueur anglais. Compte tenu de l’affaire d’agression sexuelle dans laquelle il était impliqué, l’OM savait que sa venue susciterait la polémique. Mais le club et le joueur aspiraient à avoir du temps pour faire leur travail, pour qu’on puisse, petit à petit, parler de Mason Greenwood pour ses performances de footballeur, et seulement pour ses performances de footballeur.
Quatre mois après son arrivée, l’OM est convaincu d’avoir fait le bon choix en insistant pour le recruter. “Son comportement a été excellent depuis son arrivée à Marseille”, a déclaré Longoria au média espagnol ‘Relevo’ en septembre. « Il s’est très bien adapté. Nous sommes très fiers d’avoir Mason parmi nous. Tout ce qu’on m’a dit sur lui à Getafe a été confirmé. Nous avons pris toutes les informations nécessaires avant de prendre la décision de le signer.
Une relation de confiance entre son père et les dirigeants
Marseille a également beaucoup fait pour que son adaptation se déroule le mieux possible. Les dirigeants olympiens ont d’abord entretenu une relation de confiance très étroite avec le père de Greenwood. Ce dernier vit aux côtés du joueur et de sa famille. Il l’accompagne ou vient le chercher lors des entraînements. Et partage régulièrement avec l’OM les sensations de son poulain. L’ex de Manchester se sent bien à Marseille, même si le garçon a une vie très ordinaire. « C’est un ultra casanier », confie un proche du vestiaire. « Il fait maison, Commanderie ; puis Commanderie, maison. Au centre de formation, tout le monde s’accorde à dire que c’est un jeune homme très poli et gentil. Et s’il sort, il n’est jamais seul. Il est toujours un peu inquiet et vigilant.
« Poli » et « souriant » à la Commanderie, « très casanier » dans la vie
Sans tomber dans la paranoïa, l’OM s’est également montré sur ses gardes à son égard. Le service ‘Player care’ (secteur spécialisé dans l’attention portée aux joueurs, renforcé ces derniers mois au sein du club), chargé de l’intégration des Olympiens, de leur bien-être et de leur sécurité, a redoublé d’efforts pour que Greenwood se sent pris en charge. L’OM craignait que le joueur soit parfois chahuté et malmené par le public lors des matches à l’extérieur. Marseille y a prêté la plus grande attention, quitte à en discuter au préalable avec les clubs adverses. Aucune crainte en revanche dans la relation de Greenwood avec les supporters marseillais. L’Anglais s’arrête de temps en temps, à la sortie de la Commanderie. Il avait même bravé une soudaine averse, la semaine précédant OM-PSG, pour prendre quelques photos, en plein déluge, ce qui a fait rire les supporters de l’OM présents sur place.
Harit, Rowe, De Lange… déjà plusieurs amis dans le vestiaire
Mason Greenwood affiche souvent un grand sourire lorsqu’il arrive à l’entraînement. L’Anglais a des affinités avec Amine Harit. Il a également noué des liens avec son compatriote Jonathan Rowe ou encore les Canadiens Derek Cornelius et Ismaël Koné. La relation est également très bonne entre lui et les plus jeunes du vestiaire, comme Darryl Bakola. Finalement, Jeffrey De Lange ne garde pas rancune. Le « deuxième gardien » souffre souvent dans les cages, Greenwood lui faisant face lors des entraînements. Les deux garçons s’apprécient beaucoup et s’entendent bien depuis quelques semaines. “Mason est très apprécié dans le vestiaire”, confirmait Pierre-Emile Hojbjerg, en début de saison, en s’adressant à RMC Sport et BFM Marseille. Mais le milieu danois et d’autres joueurs, souvent interrogés sur l’attaquant anglais, ne veulent pas lui mettre trop de pression en multipliant les éloges. “Nous n’allons pas commencer à parler de lui comme d’une star ou du meilleur joueur, car il doit continuer à travailler sérieusement et à aider l’équipe. S’il ne marque pas, ce n’est pas grave, mais il doit aider l’équipe”, a ajouté l’ancien joueur de Tottenham. De Zerbi n’aurait pas pu le dire mieux.
Laisser parler le terrain, avant de l’exposer dans les médias
Au fait, quand verra-t-on Mason Greenwood en conférence de presse ? Sa dernière en date est en fait la première à Marseille, et remonte donc au jour de sa présentation officielle. Les questions rageuses et inquiétantes avaient été un peu trop insistantes aux yeux de l’OM. Mais le joueur et le club l’ont aussi vécu comme une étape obligatoire, avant de respecter un plan : laisser parler le terrain, et seul le terrain. En attendant de l’afficher à nouveau dans les médias. «C’est de la logique et du bon sens», explique-t-on au club. « Il a fallu lui laisser le temps de s’acclimater. L’athlète doit prendre le dessus, c’était et ce sera toujours la priorité. Mais il ne faut ni le cacher, ni le surexposer. Dans cette quête de « normalité » souhaitée par l’OM, Greenwood, le meilleur buteur du club, l’un des joueurs dont le maillot est le plus acheté par les supporters, devra, un jour, faire son retour devant les micros et les caméras.