Lucas Chevalier, appelé pour la première fois en équipe de France, a débuté sa nouvelle vie ce vendredi. Il s’est présenté devant les médias pour l’occasion, dévoilant ses premières émotions suite à cette première sélection des Bleus.
Quels sont vos sentiments suite à cette première invitation ?
Cela ressemble un peu à ce que tous les joueurs peuvent dire. Un sentiment de fierté, un certain accomplissement, du moins un début d’accomplissement. On revient un peu sur tout ce qui s’est fait depuis que nous sommes tout jeunes ici. Je suis très heureux, très fier, mais il faut toujours être mesuré. C’est juste une étape. Il faut savoir savourer l’instant présent, mais il faudra être bon. Il va falloir montrer des choses aussi. Il faut utiliser cela pour pouvoir grandir encore plus.
Cette sélection était-elle une surprise ?
Depuis la reprise, en août, avec les play-offs… J’ai rapidement performé sur la scène européenne. C’est aussi ce qui donne un impact supplémentaire à ma carrière. C’est une surprise dans le sens où c’est la première fois, mais je pense qu’il y a une part de logique dans tout ça. Oui, j’ai du mérite, mais si je n’avais pas été appelé, cela n’aurait pas été grave. Si cela avait été dans six mois, cela aurait été dans six mois. C’est bien que cela se fasse maintenant, mais je n’ai pas dit que c’était une obligation. Je suis juste heureux. D’après les retours que j’ai eu et d’après ce que j’ai vu, les gens ne semblent pas contre cette décision.
Vous souvenez-vous de votre premier match après ça ?
Il y a tellement de choses et parfois les gens vous rappellent des choses. Depuis 14h hier, ma vie a changé car les gens vous regardent différemment. L’impact que vous avez, tout est décuplé. C’est sûr que ça refait surface, toutes les choses que tu as faites qui paraissaient anodines prennent plus d’importance parce que les gens te regardent avec de grands yeux. C’est flatteur. La meilleure chose dans tout cela est de garder les pieds sur terre et de continuer. Maintenant, les gens seront plus exigeants, comme quand on est international.
Les gens vous regardent différemment. Avez-vous un exemple?
Un exemple m’a marqué et m’a fait rire. Hier pendant la liste, je n’étais pas en direct sur le truc. J’étais dans la voiture. La liste a dû sortir vers 14h09. Une minute avant, c’était très calme et puis le téléphone a explosé partout. Je n’ai pas compris ce qui se passait pendant que je conduisais. Cela m’a frappé et m’a fait rire. On se dit que c’est quelque chose d’important pour nous, mais aussi pour les gens autour.
Vous retrouverez Mike Maignan…
Nous avons échangé deux ou trois messages. L’histoire est franchement belle. Si on nous avait dit si vite, qu’on allait se retrouver en équipe de France, peut-être que les gens auraient pensé qu’on était fous. Nous avions la ferme conviction que cela était réalisable et c’est aujourd’hui le cas. Il va falloir photographier soigneusement le moment chez la bête. C’est beau pour moi et pour lui aussi je pense, et pour les supporters lillois. Quand on aura un entraînement avec deux joueurs lillois dans les cages, ça fera quelque chose. Je suis très fier et puis… on reste quand même des professionnels. Nous aussi, nous allons faire notre travail.
Que représente pour vous ce maillot ? Et qu’est-ce qui vous vient à l’esprit quand on pense à l’équipe de France ?
Si je devais citer un match, ce serait France – Ukraine au Stade de France, qualification pour la Coupe du Monde, avec le doublé de Sakho. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est ce qui me vient. J’entre dans une nation très importante au monde, qui est peut-être la meilleure. Il y a une histoire à raconter et cela la rend plus grande pour tout le monde. Nous ne rentrons pas dans la petite sélection. Je pense que chacun a son match par rapport à lui-même. Faire partie de ce groupe, commencer à s’y mettre, c’est enrichissant. Ce maillot, c’est la France, la nation. Le football est un moyen de rassembler les gens. Le football a tellement d’impact sur l’humeur des gens, sur la vie en général, et même sur la politique. Quand on entre sur le terrain avec ce maillot, on défend un territoire, des couleurs, avec toute l’histoire derrière. On ne va pas non plus partir en croisade et tout (rire), mais il y a cette sensation de terroir. J’ai ce truc.
Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit lorsque vous l’apprenez ?
C’est avant tout le fait que votre vie change. Vous vous dites clairement, qu’il faudra faire encore plus attention à ce que vous faites, à ce que vous dites et puis sur le terrain, les journalistes seront peut-être plus durs aussi. C’est une prise de conscience rapide. Cela fait plusieurs rassemblements que mon nom est évoqué et j’ai eu un peu de temps pour me préparer. Petit à petit, je me suis enfin mis en condition. J’avais évidemment un grand sourire naturel.
Vous rendez-vous compte à quel point les supporters lillois sont fiers de voir votre sélection ?
Je n’ai pas regardé les réseaux. Je l’ai mis en mode avion car ça venait de partout. C’est sûr que j’ai l’impression que les gens sont à la limite plus heureux que moi (rires). Cela me touche beaucoup car, je crois que je ne me rends pas compte de l’impact que j’ai sur les Lillois, mais ça me fait chaud au cœur. C’est comme s’ils faisaient partie de ma famille. Je ne pense pas que je réalise tout cela. Et c’est peut-être pour cela que je prends les choses naturellement et que je ne perds pas le contrôle.
Vous allez passer de gardien titulaire à troisième gardien, est-ce le début d’une nouvelle boucle, d’un nouvel apprentissage ?
Il faut clairement le prendre comme ça. La porte m’est ouverte et j’en suis ravi. Mais avec Mike (Maignan), mais aussi au-delà, il y a quelques joueurs que je connais un peu. Je n’arrive pas dans l’inconnu total. Je sais que je peux conserver un peu certaines connaissances. C’est toujours mieux de m’intégrer. Il faut vraiment le prendre sans pression, le découvrir. Et puis l’effet que ça fait, le château, la médiatisation a été décuplée, je vais essayer d’arriver comme ça, le plus naturel possible. Ce ne sera pas facile car nous ne sommes pas des robots, mais nous essaierons d’en profiter le plus possible.