Sans diffuseur depuis la première journée, la Serie A a vu la chaîne L’Équipe mettre fin à la mascarade ce mardi, en s’octroyant les deux meilleures affiches du week-end. Et il y a fort à parier que l’on verra très souvent Naples parmi les deux matches diffusés. Car oui, le vainqueur du Scudetto 2023 est en tête du championnat alors que personne ne s’attendait à ce qu’il soit à cette hauteur. Une belle surprise qui porte un nom, celui d’Antonio Conte. Au club depuis juin, le paquet de nerfs a reconstruit un projet abandonné la saison dernière (10e de Serie A). Cependant, l’ancien entraîneur de la Juventus a prévenu : « Naples va souffrir cette saison. Nous avons besoin d’une reconstruction totale. » C’était en août et, d’après les résultats, le projet a avancé plus vite que prévu.
Des renforts au diapason
Pour faire oublier Rudi Garcia, le président De Laurentiis laisse parler son cœur en nommant l’ancien manager de la Juve, longtemps désiré au pied du Vésuve. L’intéressé accepte le poste sous conditions : un salaire annuel de huit millions d’euros, aucun manager n’est autorisé à suivre une formation… Et surtout un contrôle considérable sur les transferts. Ainsi, pour compenser le départ des cadres de la saison passée Piotr Zieliński et Victor Osimhen, Conte fait appel à Romelu Lukaku, décidément exemplaire lorsqu’il est sous la direction de l’Italien. Un cran plus bas, la doublette écossaise McTominay-Gilmour compense parfaitement les besoins de leur coach. Sans oublier le rôle du libéro Alessandro Buongiorno, volé au Torino pour 35 millions d’euros, dont l’épaisseur fait de lui l’actuel patron d’une défense longtemps à la dérive.
Fini les promenades de santé et les victoires éclatantes de l’époque de Luciano Spalletti. Place au pragmatisme pur, fidèle aux préceptes de l’homme, sans fioritures ni flash. « Ce que je peux promettre, c’est du sérieux, un mot souvent sous-estimé »il a répété en pré-saison. Cependant, le sérieux fera défaut dès le premier jour. Sur le terrain du Hellas Vérone, le Azzurri reprendre de volée (3-0), malgré une nette domination. “Tous ceux qui me connaissent savent que mon cœur saigne aujourd’hui, et j’espère que les joueurs aussi. », Conte a déclaré le soir même. On est donc loin d’imaginer que cette cagade sera un point de départ. Depuis cette défaite, Naples n’a plus perdu en championnat. Mieux encore, il connecte le draps propres (huit en dix matchs) et retrouve des performances offensives.
Réalisme italien
Outre les recrues, Conte a également réussi à remettre sur les rails des joueurs qui n’étaient que des fantômes d’eux-mêmes la saison dernière, à l’image de la renaissance de Kvaratskhelia ou de Di Lorenzo, ressuscités après l’échec de son Euro. Moins spectaculaire, plus compact, Naples joue fort les transitions. Quitte à laisser le ballon à votre adversaire. Le tout imbriqué autour d’un seul mot d’ordre : l’adaptation. Depuis le nul face à la Juventus de Motta (0-0), Conte a sacrifié son traditionnel 3-4-3 pour revenir à quatre défenseurs. De leur côté, les joueurs s’impliquent sans broncher, quitte à changer de position pour maintenir l’équilibre. « Personne ne joue à cache-cache, surtout pas moi, » concède l’entraîneur après la victoire contre Milan à San Siro (0-2). M.ais il faut admettre que pour le moment, ce que nous faisons après dix jours est quelque chose d’inattendu. »
Cela serait vrai si Conte n’était pas un spécialiste du sujet. De l’hégémonie de la Juventus au titre de l’Inter en 2021, en passant par une Premier League remportée avec Chelsea, il s’est mis à construire des locomotives sur un champ de ruine. Certes, l’absence de Coupe d’Europe allège la tête et les jambes. A l’image du calendrier, où les Napolitains n’ont rencontré que deux grands non encore titularisés : la Juventus et l’AC Milan. En plus, c’est bien, puisque la route monte enfin. Ils défient l’Atalanta dimanche à midi, puis l’Inter une semaine plus tard, respectivement deuxième et troisième de Serie A.
Naples bat l’AC Milan