Ce samedi soir (21h10), le XV de France accueille la Nouvelle-Zélande au Stade de France. Des All Blacks emmenés par Scott Robertson, ancien troisième ligne de l’USAP entre 2003 et 2006. Avant ce choc, ceux qui l’ont connu à Perpignan se remémorent de bons souvenirs.
Il y a toujours un peu de sang et d’or partout dans le Rugby international. Patrick Arlettaz, Laurent Sempéré, Manu Plaza, Cédric Cassou, ou encore Shaun Edwards, l’Anglais adopté par les Catalans, font partie du staff du XV de France. Scott Robertson est à la tête des All Blacks. L’ancien troisième ligne de l’USAP (2003-2006) a été nommé sélectionneur de la Nouvelle-Zélande à l’issue de la Coupe du Monde 2023. Ce samedi soir (21h10), il sera au Stade de France, pour le choc attendu entre le XV de France et les Noirs. Avant cela, son ancien entraîneur Philippe Boher et ses anciens coéquipiers Bernard Goutta, Grégory Le Corvec et Manny Edmonds parlent de ce qu’était « leur » Rasoir (1).
Le joueur
Lorsque Scott Robertson arrive à Perpignan, à 29 ans, il vient de remporter quatre titres en Super Rugby en cinq ans avec les Crusaders. Il a également remporté le Tri-Nations en 2002 en tant que titulaire avec les All Blacks, sous la houlette de John Mitchell. Avec ses 23 sélections avec le maillot de la fougère, le troisième ligne arrivait avec tout un CV pour le championnat de France à l’époque. « C’était un énorme plaqueur et un grand défenseur. Il était très dur avec l’hommese souvient Philippe Boher, qui l’a entraîné de 2004 à 2006. Son surnom n’a pas été usurpé !
Au chemin Lansdowne? Son attitude était impressionnante.
Il n’a disputé que 54 matches avec l’USAP en trois ans, principalement à cause de nombreuses blessures, mais il y a eu une rencontre qui a marqué ses camarades. Philippe Boher et Grégory Le Corvec se souviennent du quart de finale de Coupe d’Europe à Lansdowne Road face à l’immense armada du Munster (défaite 19-10), contre laquelle le Néo-Zélandais avait été battu. “brillant”. « Il était impressionnant dans son attitude. Il a secoué (Brun) O’Callaghan 2-3 fois, et il nous a montré la voie, notamment grâce à son énergie. C’est ce match qui m’a marqué avec luiconfie Le Corvec, ancien troisième ligne emblématique de l’USAP (2001-2012). Par son attitude et ses tacles, il nous a montré l’étendue de son talent en la matière. Je suis très, très heureux d’avoir joué avec lui. C’est un gars formidable, un bon rugbyman, très dur.
De son côté, Bernard Goutta se souvient du premier match du Néo-Zélandais avec l’USAP à Aimé-Giral contre Biarritz. « Il a fait un peu le show avant le matchsourit le mythique ancien troisième ligne (1994-2007) puis entraîneur (2007-2012) de Perpignan. Il réalise deux plaquages où il fait soulever tous les supporters d’Aimé-Giral. Puis il a dû s’en sortir avec une blessure, il s’est déchiré le mollet. C’est un peu l’histoire de Scott à l’USAP… En tout cas, je sais qu’il a beaucoup apprécié l’accueil catalan.
Malgré tout, il participe donc à ce quart de finale européen de 2006, après avoir connu une finale de Top 16 en 2004 perdue contre Paris (20-38), mais aussi la demi-finale du championnat au stade de la Mosson de Montpellier contre Biarritz (9 -12 défaite).
L’homme
Mais au-delà du joueur qu’était Scott Robertson, tout le monde se souvient de l’homme qu’il était. L’aura qu’il représentait dans le vestiaire. “Il est arrivé avec le label All Black, mais c’était un garçon humble”assures “Greg” Le Corvec. « Au-delà du fait qu’il avait une trentaine de sélections, qu’il est arrivé avec tous les codes du haut niveau international, il est arrivé avec plein d’idées.explains Philippe Boher. Avec les entraîneurs de l’époque, que ce soit Philippe Ducousso au début, puis Franck Azéma après, on comptait beaucoup sur lui. Notamment sur les aspects défensifs, car ils étaient très en avance dans le Sud. C’est un joueur qui a beaucoup apporté, avec un état d’esprit remarquable. Toujours joyeux, toujours joyeux, toujours de bonne humeur.
Nous, les Catalans, avons été obligés de nous mettre à son niveau.
Bernard Goutta ne contredira pas ses anciens coéquipiers. Le Catalan a adoré jouer aux côtés du Kiwi, de deux ans son cadet : « C’était un partenaire de vestiaire et d’entraînement vraiment exceptionnel. C’était l’occasion de jouer avec Scott Robertson, un joueur extraordinaire. Nous, les Catalans, avons été obligés de nous mettre à son niveau. C’est ça qui était excitant ! Et maintenant, avec un peu de recul, ce que je regrette, c’est qu’on n’ait pas pu utiliser davantage ce gars qui vient du meilleur rugby du monde. Mais il a quand même donné des conseils, tenté de les transmettre, notamment à Jean-Pierre Perez. Il a tout de suite vu que Jean-Pierre ferait un superbe troisième ligne même s’il s’entraînait à peine avec nous et qu’il remontait de l’équipe Espoir.
Et ce que Bernard Goutta n’oubliera jamais, c’est la montée au sommet du Canigó avec Robertson. « Il était vraiment très énervé à cause de ses genoux. Et je me souviens de son visage quand nous sommes arrivés au sommet, puis sur le chemin du retour, il était en décadence.il rit. Car, visiblement, le surf était plutôt le domaine des Néo-Zélandais. Cheveux blonds au vent, lui qui ne pouvait jamais rester inactif, “il a pris sa voiture pour aller sur la côte atlantique, et passer un week-end à surfer”. Une batterie électrique.
L’entraîneur des Noirs
Un passionné de la vie Scott Robertson, mais avant tout un fou de rugby. Le voir à la tête de la nation la plus légendaire du monde n’étonne pas grand monde. Manny Edmonds, ouvreur de l’USAP de 2002 à 2007 et actuel entraîneur de l’ES Catalane en Fédérale 2, se souvient de quelqu’un qui “J’adorais parler de rugby”. « Je sais qu’à l’époque, lorsqu’il habitait Canet-Plage, il habitait non loin de l’Anglais qui entraînait les Dragons. (Steve Deakin, NDLR). Il était souvent à la maison pour parler rugby, tactique et vision du jeu. C’était quelque chose qu’il aimait faire tout le temps.
Un très bon coach avec une façon de faire un peu différente de tout le monde.
A l’époque, voir un international néo-zélandais débarquer en France était encore une denrée rare. Et ce qui ressort, c’est que Scott Robertson était en avance sur son temps. Cela prouvait au moins que la Nouvelle-Zélande était déjà avancée dans d’autres aspects du rugby. « Je me souviens qu’il avait marqué un essai en effectuant des déchargements. Pour un numéro 8, il avait toutes les capacités, la technicité et l’habileté nécessaires à ce poste. Il a réussi à faire des déchargements, ce que nous n’avons pas fait.se souvient Bernard Goutta.
En avance, à l’époque. Et évidemment encore aujourd’hui. Car, à la tête des All Blacks depuis 1 an, « The Razor » n’y est pas arrivé par hasard. Il a remporté le Super Rugby cinq fois consécutives avec les Crusaders (2017, 2018, 2019, 2022 et 2023), a également remporté deux Super Rugby Aotearoa pendant le Covid (2020 et 2021), ainsi que 8 championnats de Nouvelle-Zélande avec Canterbury (2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2015 et 2016). Et une Coupe du Monde U20 avec les Baby Blacks en route (2015). « Quand j’ai signé à Toulon en 2018, je suis allé passer une semaine avec lui chez les Crusaders. Et j’ai déjà vu à ce moment-là que c’était un très bon entraîneur avec une manière de faire un peu différente de celle des autres. »assure Manny Edmonds.
Aujourd’hui, Scott Robertson s’apprête à défier pour la première fois le XV de France en tant que sélectionneur de la Nouvelle-Zélande. Et c’est une joie pour tous ceux qui l’ont côtoyé de près ou de loin à Perpignan.