En l’absence de Cyril Baille, blessé, Jean-Baptiste Gros, replacé devant Reda Wardi dans la hiérarchie, a montré qu’il pouvait répondre aux attentes. Notamment en raison de son profil qui correspond parfaitement à la volonté de mettre en œuvre un jeu orienté vers le mouvement offensif.
La prestation XXL de Peato Mauvaka, situé juste à côté de lui durant les 50 premières minutes du match, a forcément un peu éclipsé sa prestation. Pourtant, Jean-Baptiste Gros a réalisé l’un de ses tous meilleurs matchs avec le XV de France. Peut-être même le plus réussi. C’est à chacun de juger. Le pilier gauche toulonnais, longtemps dans l’ombre de Cyril Baille, nettement en deuxième position dans le « classement » de l’entraîneur Fabien Galthié, avait été déclassé au cours de l’année 2023 au profit de Reda Wardi. Il n’en avait rien dit. Pas vraiment le genre de mec, à classer plutôt dans la catégorie des silencieux.
Il n’a pas donné de détails sur sa performance et son plaisir en conférence de presse. Peut-être était-il épuisé par son activité excessive ? Rien n’est moins sûr. Gros n’est pas un bavard. “Je ne sais pas combien de tacles j’ai réalisé, mais ce n’est pas le plus important» commenta-t-il sobrement. Tout le Monde s’est amusé dans ce match, c’est le principal. C’était physiquement dur. Les Japonais ont beaucoup tenu le ballon, ils nous ont fait courir. Ses tacles, en fait, parlons-en. Les Toulonnais ont distribué quelques gardiens qui ont provoqué de jolis rugissements au coeur du Stade de France. Surtout, en 52 minutes, il a taclé 17 fois, pour un taux de réussite de 100 %. La figure est pharaonique pour un pilier. A titre de comparaison, le centre de troisième ligne Grégory Alldritt en a réalisé 22 en jouant l’intégralité du match. Certains disent que JB Gros s’est montré discret dans le match en cours.
« J’ai eu la chance de rester à côté d’Antoine »
C’est une très mauvaise connaissance de l’activité du pilier gauche tricolore. Sans jamais donner l’impression de faiblir physiquement, il a été précieux dans des œuvres obscures, celles qu’on ne perçoit pas forcément. Et son abnégation a été récompensée par un essai en début de seconde période (42e). Sa première après trente sélections. « Cela restera un bon souvenirajouta-t-il timidement. J’ai eu la chance de séjourner à côté d’Antoine (Dupont). Et comme il regarde beaucoup les défenseurs, j’en ai profité. Pour revoir son statut, il faut regarder en arrière. Ses mésaventures médicales ont évidemment ralenti sa progression.
Le 22 octobre 2022, il se fracture l’avant-bras en Top 14. Le début de la lutte. Exit la tournée de novembre et le Tournoi des 6 Nations 2023. Sept mois remplis de doutes et de stress, à quelques encablures de la Coupe du Monde en France. Cependant, il est revenu en disputant deux matches lors de la Coupe du monde 2023. Hélas, en décembre dernier, on lui a diagnostiqué une hernie cervicale. La blessure honteuse de tous les joueurs de première ligne. Une nouvelle fois, il rate le Tournoi des 6 Nations. Entre temps, Reda Wardi a fait le boulot, le reléguant au troisième rang de la hiérarchie française. Cette fois, en l’absence de Cyril Baille, blessé, c’est lui qui a repris le dessus ; ses deux prestations l’été dernier en Argentine ayant convaincu le staff qu’il était sans doute l’homme idéal pour suivre l’évolution du projet de jeu français. Il a su saisir l’opportunité. Il est d’accord. “Un peu”. Comme toujours. Et d’ajouter, modestement : “Nous savons qu’il faut toujours donner le meilleur de nous-mêmes lorsque nous portons le maillot de l’équipe de France.” C’est ce qu’il a fait samedi soir face au Japon, ce qui devrait lui donner l’opportunité d’affronter pour la première fois la Nouvelle-Zélande en tant que titulaire.