Bounda Baldé a fait preuve d’audace et de détermination. Il a été alphabétiseur pendant 3 ans. Puis, il a été recruté en 2016 comme VPP (bénévole payé par les populations). Passionné par son métier, il a usé de manœuvres frauduleuses en utilisant la pièce d’identité de son cousin Boye Gano pour obtenir un emploi dans la fonction publique en 2018.
Muni de son ordre de service, Bounda Baldé a été affecté à l’école primaire 3 de Kounkané. Il s’est présenté à ses collègues sous le nom de Boye Gano et non de Bounda Baldé. Grâce à son statut d’enseignant, il n’a eu aucune difficulté à percevoir son salaire sur la base de faux diplômes.
Mais le mensonge a ses limites et ses actes l’ont conduit à la prison de Kolda. L’éducateur a été condamné hier à un an de prison par le tribunal de grande instance. Le faux enseignant doit également payer une amende de 50 000 francs CFA au trésor public. Il a été reconnu coupable d’escroquerie aux deniers publics, de faux et usage de faux en document administratif, ainsi que de faux en écriture privée.
Le mensonge découvert en 2023
Tout a commencé avec Boye Gano, qui, suite à son échec à l’examen d’entrée à l’EFI en 2003, est parti pour l’Espagne où il vit depuis 2004. Après plusieurs années, il n’a pas pu obtenir de passeport, car sa pièce d’identité correspondait à celle d’un autre personne travaillant à Kounkané comme enseignant.
En menant des enquêtes auprès de sa famille, il a découvert que Bounda Baldé, qui vivait dans la même maison que son oncle Bounda Gano, avait utilisé son identité pour dispenser des enseignements et se faisait désormais appeler Boye Gano.
Une plainte a été déposée au tribunal de grande instance de Vélingara pour faux et usage de faux contre Bounda Baldé. L’enquête menée par la gendarmerie de Vélingara a conduit à son arrestation. Il a été arrêté et placé en garde à vue le 13 octobre 2023.
2 ans dont 6 mois de confinement requis contre Bounda Baldé
Devant la barre ce mercredi 15 janvier 2024, Bounda Baldé a reconnu les faits pour lesquels il est poursuivi, précisant qu’« il s’agit de son défunt oncle Bounda Gano, secrétaire administratif du centre de l’état civil de la commune de Kounkané à l’époque, qui lui avait constitué un dossier au nom de Boye Gano depuis 2004 pour qu’il puisse accéder non pas au statut de fonctionnaire, mais à celui d’agent contractuel depuis 2005. »
-Ce n’est pas tout. Le mis en cause a poursuivi qu’il n’était pas titulaire « du BFEM, ni du diplôme nécessaire pour s’inscrire à ce concours », ajoutant qu’avec « cette pièce d’identité au nom de Boye Gano, il s’était remarié et avait déclaré ses enfants.
Prenant la parole, le procureur de la République a expliqué que, sur la base de fausses qualifications, Bounda Baldé a empoché l’argent de l’Etat. De plus, il s’est remarié, a changé les papiers de ses enfants et a même contracté des emprunts bancaires avec cette fausse identité.
Partant de ce constat, le procureur a déclaré que « les faits d’association de malfaiteurs, d’escroquerie aux deniers publics, de vol simple, de faux et usage de faux en acte administratif et de faux en écriture privée sont constants et ne souffrent d’aucun doute », avant de requérir une peine de 2 ans dont 6 mois d’emprisonnement. L’accusé relevait des articles 238, 239, 132, 137, 45-46 et 430 du code de procédure pénale.
Mon client est un « escroc qui a dignement servi son pays »
L’avocat du prévenu, Me Prosper Djiba, a soutenu que le prévenu avait reconnu avoir utilisé la pièce d’identité de son cousin pour enseigner dans la fonction publique pendant cinq (5) ans. “Il s’est fait passer pour un enseignant au nom de Boye Gano et a perçu son salaire sous ce nom”, a-t-il déclaré, ajoutant que “son cousin a mis mon client dans la case faux”. Bounda Baldé a été recruté et payé par les habitants de sa localité en tant que bénévole. C’est pourquoi l’avocat a demandé au tribunal une application bienveillante de la loi, concluant qu’en réalité, « mon client, un escroc, a dignement servi son pays ».
Ainsi, ce mercredi 15 janvier 2025, aussitôt les juges installés dans une salle d’audience bondée, Bounda Baldé a été appelé à la barre. Le verdict a été rendu. Le tribunal de grande instance de Kolda l’a condamné à un (1) an d’emprisonnement et à une amende de 50 000 francs CFA qu’il devra verser au trésor public.
Il a été relaxé du délit d’association de malfaiteurs, mais reconnu coupable des délits d’usurpation d’identité, d’escroquerie aux deniers publics, de vol simple, de faux et usage de faux en document administratif et de faux en écriture privée.
S EnQuete