Comment écouter les artistes locaux pour mieux les soutenir

La question posée aux artistes musicaux est souvent la suivante : quels choix devrions-nous faire pour les aider à gagner leur vie (et à percer) dans un marché de plus en plus concurrentiel ? Nous en avons discuté avec P’tit Belliveau, Klô Pelgag et son agent, Jean-François Guindon.

Le mot de notre directeur invité

On me demande souvent sur quelle plateforme écouter ma musique pour m’encourager et j’avoue ne pas savoir quoi répondre car l’écosystème musical peut être compliqué à expliquer. Nous parlons beaucoup de la valeur de fluxde la différence entre les plateformes, mais il y a d’autres gestes dont on parle moins et qui peuvent faire une différence majeure dans la vie d’un artiste. Cela faisait longtemps que je souhaitais réaliser un guide pratique pour encourager les artistes et je suis heureuse d’avoir eu la chance d’approfondir cette question.

Fréquenter Spotify

Résolvons immédiatement la délicate question de la plateforme d’écoute en ligne Spotify, qui est de loin la plus utilisée par les mélomanes. À moins qu’ils ne soient des stars d’envergure internationale, les artistes en tirent souvent des revenus minimes (on parle de 3 500 $ par million d’écoutes, somme qui doit être partagée notamment avec la maison de disques). Apple Music paie plus, mais ce ne sont pas des fortunes qui tombent dans les poches de créateurs qui n’ont pas la notoriété de Beyoncé.

Selon Jean-François Guindon, agent de Klô Pelgag, il ne faut pas ignorer ces géants si l’on souhaite soutenir nos artistes préférés.

Spotify est l’outil ultime pour augmenter la visibilité.

Jean-François Guindon, agent du Clô Pelgague

Il suggère aux abonnés d’ajouter les albums à leur catalogue, de les écouter attentivement et d’inclure les chansons dans leurs listes de lecture. « Cela stimule l’algorithme. Plus un artiste est écouté, plus sa musique a de chances de se retrouver sur des playlists auprès d’un large public. Cela permettra aux artistes de se faire connaître auprès d’un plus grand nombre de personnes partout dans le monde. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE ARCHIVES

Griffe Pelgag

Ces nouveaux auditeurs pourront à leur tour assister à des spectacles, acheter des marchandises et partager la musique de l’artiste en question pour faire tourner la roue de la découvrabilité. « Chaque écoute donne plus de pouvoir aux artistes », estime Klô Pelgag, même si elle admet que la plateforme pourrait verser des sommes plus importantes à ceux qui la soutiennent.

De manière significative, Spotify permet aux musiciens et à leurs équipes de collecter plusieurs données – géographiques notamment – ​​sur les auditeurs. « Ces données pourraient par exemple servir à aménager de nouveaux territoires pour les spectacles, explique le P’tit Belliveau. Cela a une valeur énorme. »

L’avènement du numérique permet à ce natif de la Nouvelle-Écosse de poursuivre sa carrière sans devoir s’exiler. « À un autre moment, j’aurais dû déménager à Montréal. Le numérique me permet de partager mon message en me donnant le droit de vivre avec nous ! Je peux me promouvoir à distance. Cela ne représente pas un revenu, c’est vrai, mais cela ouvre des portes. »

Abonnez-vous à Bandcamp

De toutes les plateformes où les artistes québécois peuvent vendre leurs albums en format numérique, Bandcamp est celle qui donne la plus grande part aux artistes. « Certainement », insiste le P’tit Belliveau. Cette plateforme « assez niche » reste cependant peu connue du grand public, même si elle est fréquentée par les mélomanes.

Elle présente cependant l’avantage d’offrir un lien direct avec de nombreux artistes, qui peuvent y vendre eux-mêmes leurs albums et produits dérivés. Les artistes indépendants peuvent y lancer leur carrière sans passer par un label.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE ARCHIVES

Petit Belliveau

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Mais P’tit Belliveau se veut clair : Bandcamp ou pas, les sommes récoltées grâce aux téléchargements payants d’albums numériques restent minimes. “Cela ne va pas payer le loyer.” Tant mieux si on gagne un peu d’argent avec les ventes numériques, mais, en 2025, tout tourne autour du spectacle. C’est ici que ça se passe. »

Avant, les artistes remplissaient les salles pour presque rien dans l’espoir de vendre le plus de disques possible. Aujourd’hui, tout cela a changé. Nous enregistrons des albums presque à perte pour pouvoir vendre un nouveau spectacle.

Petit Belliveau

Impossible cependant de quantifier la part qui finit dans les poches de l’artiste. «La variation peut être énorme», explique le P’tit Belliveau. Il y a beaucoup de variables d’une pièce à l’autre, d’un contrat à l’autre. »

Choisir où acheter des vinyles et des CD

Pour ceux qui préfèrent posséder de la musique sur support physique, le montant accordé aux artistes est à peu près le même selon que l’on choisit le vinyle ou le disque compact, selon Jean-François Guindon.

La question reste donc de savoir où se procurer les disques.

La meilleure solution reste de se procurer ces produits lors d’un salon, car on élimine un ou plusieurs intermédiaires.

Jean-François Guindon, agent du Clô Pelgague

Il faut savoir que lorsqu’on achète un disque en magasin, la part qui revient à l’artiste oscille entre 10 et 20 %, selon Jean-François Guindon. En règle générale, le détaillant prend entre 30 et 40 pour cent, le distributeur 20 pour cent et la maison de disques 20 pour cent supplémentaires. Mais ce pourcentage peut varier en fonction du contenu des contrats signés par les artistes.

Acheter en salles augmente donc la part du gâteau qui revient à l’artiste. Il en va de même pour les produits dérivés, qu’il s’agisse de t-shirts, de casquettes ou de sacs.

Certaines salles exigent cependant une part des bénéfices, ce qui prive l’artiste d’un revenu crucial, selon le P’tit Belliveau. « Les salles peuvent facturer entre 10 et 20 % du prix des marchandises ou des albums physiques vendus les soirs de concert. Je suis extrêmement contre cette pratique. Parfois, les lieux demanderont 10 % juste pour vous donner le droit de vendre vos produits. C’est le pire du pire. Tout ce qu’ils vous donnent, c’est une nappe et une table ! La vente de produits dérivés représente un pourcentage important de nos revenus. Je trouve ça mauvais : les artistes perdent toujours. »

S’il est impossible de se procurer l’album en salles, vous pouvez toujours acheter des produits dérivés ou des vinyles sur le site officiel de l’artiste. «Malheureusement, les frais de transport assez élevés en découragent plusieurs», prévient Jean-François Guindon.

Klô Pelgag suggère de privilégier les disquaires indépendants. « Ce sont des partenaires précieux, des mélomanes, qui mettent la musique québécoise en avant. »

Faire vite c’est bien

Une autre question est importante et concerne le moment de l’achat. «Le mieux, c’est de se procurer un album dès la première semaine de sa sortie», estime Jean-François Guindon. Cela stimule le placement dans les quelques disquaires restants. » Même son de cloche pour les billets de concert. «Plus les billets se vendent vite, plus il est probable que les cinémas ajoutent des figurants», estime Klô Pelgag.

Que faire pour encourager les artistes

  • Achetez l’album physique ou numérique, mais augmentez le nombre d’écoutes sur votre compte Spotify. Cela signifie doubler votre soutien, selon Klô Pelgag.
  • Abonnez-vous aux réseaux sociaux des artistes. « Un nombre élevé d’abonnés augmente l’attrait d’un artiste auprès des décideurs », explique Jean-François Guindon. Un programmateur de festival en Europe, par exemple… »
  • Acheter des produits dérivés proposés par des artistes
  • Surtout, assistez à des concerts. C’est de loin la meilleure façon de soutenir l’industrie musicale, estime le P’tit Belliveau. « Sortez voir des spectacles et amenez vos amis ! » C’est là le nœud du problème. »
 
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