Après les arrestations d’influenceurs algériens à Brest, Grenoble et Montpellier pour discours de haine, un TikToker franco-algérien apparaîtra en mars à Lyon pour avoir publié des « menaces de mort » contre des opposants au gouvernement d’Alger.
Arrêtée jeudi, “Sofia Benlemmane est déférée aujourd’hui (samedi) à l’issue de sa garde à vue” et sera convoquée devant le tribunal correctionnel de Lyon le 18 mars, a indiqué le parquet de Lyon.
Elle est poursuivie pour « provocation à commettre un crime ou un délit », « menaces de mort par image », « injure publique en raison de son orientation sexuelle ou de son identité de genre » et « injure publique en raison de son origine, de son ethnicité, de sa nation, de sa race ou de sa religion », selon à la même source.
Suivie sur TikTok et Facebook par plus de 300 000 personnes, la quinquagénaire devra s’expliquer pour des vidéos publiées entre 2023 et début 2025, notamment un live diffusé en septembre au cours duquel elle insultait une autre femme en disant “va te faire foutre”. , vous et votre France”, “J’espère qu’on vous tuera, j’espère qu’ils vous tueront”.
Elle a été présentée samedi après-midi à un juge des libertés et de la détention qui l’a placée sous contrôle judiciaire avant son procès, avec interdiction de quitter le territoire national et d’utiliser ses comptes sur les réseaux sociaux, a indiqué son avocat Frédéric Lalliard à l’AFP.
Devant la presse, il a contesté toute infraction pénale dans les propos tenus à l’encontre de son client, évoquant des propos qui “peuvent avoir été sortis de leur contexte ou n’avoir pas été traduits correctement”.
« Nous sommes vraiment dans des conversations spontanées qui dépassent parfois le raisonnable, mais qui, en tout cas, n’ont aucun lien idéologique avec quelque gouvernement que ce soit, avec une quelconque volonté de la part de Mme Benlemmane d’insulter, de diffamer les communautés, d’autres communautés ou autres. courses », a-t-il ajouté.
– Tensions diplomatiques –
Cette ancienne footballeuse avait déjà défrayé la chronique en 2001 lorsqu’elle avait été condamnée à sept mois de prison avec sursis et à trois ans de suspension de stade pour être entrée sur la pelouse du Stade de France avec un drapeau algérien lors d’un match amical France-Algérie.
Si elle s’était fermement opposée au pouvoir en place à Alger il y a quelques années, son discours a depuis radicalement changé et elle affiche désormais son soutien au gouvernement actuel.
Sofia Benlemmane est visée avec cinq autres influenceurs algériens par des procédures en France pour discours de haine, visant souvent des opposants au gouvernement algérien, dans un contexte de tensions diplomatiques entre Paris et Alger.
Lundi, la préfecture du Rhône a indiqué avoir effectué des signalements visant trois influenceurs basés à Lyon : Mme Benlemmane et deux autres TikTokers connus sous les noms « Abdesslam Bazooka » et « Laksas06 ». Les comptes des trois influenceurs lyonnais ont « été définitivement suspendus pour violation des règles de notre communauté », a indiqué TikTok.
Trois autres influenceurs algériens font déjà l’objet de poursuites pour des contenus comparables.
Un Algérien de 59 ans surnommé Doualemn, a été arrêté à Montpellier après une vidéo controversée sur TikToK puis mis dans un avion jeudi après-midi pour l’Algérie d’où il a été renvoyé en France le soir même, l’Algérie ayant été « inadmissible ».
Cet épisode a suscité la colère du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qui a accusé Alger de chercher à « humilier la France ».
Arrêté à Brest, un homme de 25 ans prénommé « Zazou Youssef » est accusé d’une vidéo dans laquelle il appelait à des attentats en France et à des violences en Algérie. Placé en détention provisoire, il sera jugé le 24 février pour apologie du terrorisme et risque sept ans de prison.
Un homme de 31 ans surnommé « Imad Tintin » a été interpellé en banlieue grenobloise pour une vidéo, depuis supprimée, dans laquelle il appelait à « brûler vif, tuer et violer sur le sol français ». Egalement en garde à vue, il sera jugé le 5 mars pour provocation à des actes de terrorisme.