Ça se multiplie ! Acteur, producteur et découvreur de talents, Jamel Debbouze est attendu le 9 janvier, à 20 heures, au Zénith de Montpellier avec les figures du stand-up, Franjo, Ilyes Djadel, Julien Santini, Nash, Redouanne Harjane et Rey Mendes. Il sera également de retour prochainement au cinéma et dans la saison 2 de “Terminal”. Entretien avec une icône de l’humour.
Vous embarquez pour une grande tournée au Zénith avec le Jamel Comedy club, attendu dès le 9 janvier à Montpellier. Comment est né ce projet ?
Très bonne question ! Devant des artistes exceptionnels, vraiment exceptionnels, on se dit qu’on ne peut pas rater cette occasion de les exposer, je l’ai fait toute ma vie avec le Jamel Comedy Club, quand je vois des pépites, je les connais. reconnaître. Et là, j’ai une génération de perles, j’ai un collier, je ne peux pas le garder pour moi.
C’est ce qui a motivé mon envie de repartir en tournée, c’est vraiment la qualité de ces artistes.
Comment les trouvez-vous ?
Avec le -, ce qui est extraordinaire c’est que je ne vais plus les trouver, ce sont eux qui me trouvent ! (rires). Ils viennent au Comedy Club, 42 boulevard Bonne Nouvelle, à Paris. Pour les novices, ils savent que le mardi à 18 heures, ils s’inscrivent, ils jouent 5 minutes, ils font ce qu’ils veulent.
S’ils sont bons, ils rejoignent la troupe du week-end, avec les artistes les plus performants, ceux qui ont le plus d’expérience. Et si leur passage n’est pas bon, nous les aiderons à s’améliorer.
Cela reste une école…
C’est comme le Barça ! Nous passons trois ou quatre ans avec eux à les développer, ils sont payés pour cela, ils n’ont donc pas besoin de chercher un travail à - partiel. Et nous leur permettons de devenir des artistes à part entière. Et quand ils seront prêts, ils joueront au Camp Nou, c’est-à-dire au Marrakech du Rire.
Qui retrouvera-t-on sur scène à vos côtés ?
Il y a des artistes qui ont déjà une vraie réputation et qui ont rempli pas mal de salles, je pense notamment à Redouanne Harjane, Franjo…
Et il y a des gens que vous découvrirez certainement, comme Julien Santini, qui est exceptionnel. Il y a beaucoup d’artistes phénoménaux, je peux vous garantir qu’ils feront un carton.
Et vous, quel sera votre rôle lors de ce show ?
Je vais faire ce que j’ai toujours fait, mais de manière plus spectaculaire. Nous avons un décor magnifique. Grâce à des amis portugais, nous avons réussi la prouesse technique d’emmener sur scène toute la façade du Comedy club. Et moi, là-dedans, je pourrai jouer seul, à deux, à trois, à quatre, avec tout le monde. Il y a beaucoup de surprises. Je ne me contenterai pas de présenter les artistes.
Depuis les débuts du Comedy Club, les profils des comédiens que vous mettez en avant ont-ils évolué ? L’approche de l’humour a-t-elle changé ?
Nous étions déjà enfants de Coluche. Nous avons essayé d’être le plus proche de nous et le plus subversif possible. C’est dans cette lignée. Ils sont libres et désordonnés. Ils n’hésitent pas à dire ce qu’ils pensent. Mais ils sont plus prêts que nous quand ils arrivent, armés des réseaux sociaux, de tout ce qu’ils ont vu à la télévision. Ce sont des bandes dessinées 2.0. Nous devons juste leur donner plus de confiance.
Vous avez été l’un des pionniers en France du Comedy Club, depuis, vous faites des émules, ce genre s’est imposé.
Notre génération est issue du hip-hop et de la rue, les théâtres n’étaient pas forcément ouverts à ce discours, cette forme. Nous souhaitions avoir notre propre outil pour ne pas avoir à nous justifier. On nous a souvent comparé à une sorte de théâtre communautaire, ce qui est complètement faux. C’est un théâtre urbain ouvert à tous les jeunes. Aujourd’hui encore, c’est la France dans toute sa splendeur.
Ce genre se répand désormais dans les régions, Kev Adams doit installer son Fridge Comedy Club à Montpellier et dans certaines villes. C’est le genre d’initiatives que vous saluez, j’imagine…
Je fais plus que les saluer. C’est une fierté pour moi. C’est presque un accomplissement d’avoir le sentiment d’avoir pu filer une bonne idée et de la faire reprendre partout comme ça. Avec ma famille, mes amis, nous avons ouvert ce théâtre naturellement sans nous poser de questions.
On avait une ambition folle, c’était de monter sur scène et d’être libre. C’est de ça qu’il s’agit, l’ouverture de tous ces petits cafés-théâtres, de tous ces artistes. La société a besoin d’exprimer quelque chose et comme elle est pleine, cela signifie aussi qu’elle a besoin de l’entendre. C’est très bénéfique. Pourriez-vous m’envoyer cette interview ? Je trouve ça extraordinaire !
On vous a croisé dans de nombreux domaines, du cinéma à la télévision, mais la transmission reste un fil conducteur dans votre carrière.
Oui, c’est une éducation, un tropisme même. J’ai une famille nombreuse, nous avons toujours été dans le partage, nous n’avions pas le choix. Je viens d’un endroit où la transmission est naturelle. Petits frères, on veille toujours à prendre la petite échelle ou à laisser la porte de sortie de secours ouverte.
Ensuite, ce sont les associations qui m’ont permis de monter sur scène. C’est la solidarité qui m’a permis d’en arriver là. Je n’y serais jamais arrivé seul. Il a fallu croiser des personnes gentilles, cultivées, ouvertes et altruistes. Et les premières institutions qui m’ont accueilli ont été une radio clandestine, Radio Nova puis derrière Canal+, qui était une télévision moins institutionnelle que les autres.
Avez-vous d’autres projets avec cette chaîne ?
La prochaine étape est le « Terminal 2 ». Canal+, m’a toujours suivi dans tous mes délires. « Le cinéma de Jamel » avec Omar et Fred, derrière, assurait le service après-vente et on connaît le parcours des deux. Le Jamel Comedy Club, donc, c’est tout ça, Blanche Gardin, Alban Ivanov, Malik Bentalla, etc. Ce sont des gens qui remplissent les Zéniths aujourd’hui. Tout cela est très vertueux.
Vous restez également associé au succès du culte H. Quels souvenirs gardez-vous de cette époque ?
Comme une super couleur que vous n’oublierez jamais. J’étais un petit adulte qui venait d’arriver et on nous a offert une fête foraine avec des gens incroyables. C’était pour nous un moment de grâce ultime au niveau de l’expression, on pouvait vraiment tout dire et tout faire.
Vous retrouvez-vous encore dans Canal+ d’aujourd’hui, à la façon dont cette chaîne a évolué ?
Quand tu viens de Trappes, tu développes une capacité d’adaptation extraordinaire, donc tout peut arriver derrière toi, je m’adapterais (rires)
Mais c’est vrai que les - changent, je le ressens aujourd’hui en écrivant Terminal, on gère bien plus les sensibilités aujourd’hui qu’hier et c’est tant mieux. Ce n’est pas une contrainte, il faut composer avec l’époque dans laquelle nous vivons. Les - ont changé, heureusement. Avant qu’on puisse fumer sur un plateau, ça ne dérangeait personne. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. C’est pour ça que c’est vraiment exaltant de monter aussi sur scène et de pouvoir ne pas se conformer aux attentes.
De nombreux artistes vous ont également accompagné dans l’aventure du « Marrakech du rire », dans ce pays qui vous est cher, vous étiez encore présent récemment lors de la visite d’État d’Emmanuel Macron. Allez-vous continuer ce festival ?
Tant que j’en ai le droit, je continuerai cette aventure, nous avons été ralentis par le Covid et le séisme. Mais le Palais El Badiî est un lieu extraordinaire et nous sommes prêts à faire beaucoup de choses.
Vous retrouvera-t-on aussi bientôt seul sur scène ?
Je remonte sur scène tous les sept ans. Mais je ne l’ai jamais quittée. Avec le Jamel Comedy Club, Marrakech du Rire, j’ai toujours eu un pied sur scène. Maintenant j’y retourne vraiment et je compte aussi sur la tournée pour revenir sur un autre spectacle.
D’autres projets ?
Je viens de faire deux films au cinéma. C’est la première fois que je fais deux films la même année ! Il y a « Mercato », une sorte de thriller sportif, où je joue le rôle d’un agent, ce n’est pas du tout une comédie.
Et je viens de terminer « Le Marsupilami 2 », je viens de terminer le tournage. C’est la première fois que je travaille avec le gang Fifi, c’est une expérience que je n’oublierai pas, vous allez pleurer de rire.