« Je ne devais oublier personneexplains Gaëlle Ghesquière. Il fallait aller très vite et être léger. Je n’avais que deux appareils photo : un pour les plans larges et un pour les plans rapprochés. La photographe, qui dit faire confiance à son instinct plutôt qu’à la technique, a imaginé sa soirée de travail en projetant le scénario dans sa tête (« comme si je faisais un storyboard »). Elle a immortalisé l’instant, son explosion de joie, ses moments de tension et ses moments de retrait – sur scène, en coulisses, dans les sourires et en haute voltige. Un surboom de luxe en l’honneur de cette émission qui, en 1993, a pris son essor avec Bernard Lavilliers, “Assez fou pour accepter”explique Nagui qui cite aussi Florent Pagny, Pascal Obispo, Zazie et Amina, les premiers à avoir chanté en live à Taratata.
Lorsque vous avez lancé « Taratata » en 1993, il n’y avait plus de live et plus de rock à la télé. Qu’est-ce que cela dit de l’époque ?
A l’époque, il y avait quatre émissions de variétés par semaine sur TF1 : Drucker le lundi, Foucault le mercredi, Sabatier le vendredi et Sébastien le samedi. Quatre sur TF1, aucun sur La 2. Jusqu’en juin 1992, date à laquelle Étienne Mougeotte (puis directeur de chaîne chez TF1, NDLR) paniquez et arrêtez tout. La rentrée 1992 s’est déroulée sans plus d’émissions de divertissement, et avec Gérard Pullicino, on s’est dit qu’il y avait une fenêtre, quelque chose à faire. Nous vous proposons Marie-France Brière (directeur des variétés de France 2, NDLR) un spectacle mais sans playback ou Maritie et Gilbert Carpentier, un spectacle uniquement avec live. Elle n’y croit pas tellement, mais elle a vu une émission bio sur Michael Jackson que nous avions produite, et elle nous fait confiance.
Aviez-vous un modèle pour rêver « Taratata » ?
Non, mais j’assume mon éducation à la télé qui s’est faite en regardant Guy Lux, Michel Drucker, les émissions de Carpentier, les interviews d’Yves Mourousi qui interrogeait le Président de la République assis sur un bureau, mais aussi Chœur, Les enfants du rockChristophe Dechavanne. J’ai grandi avec tout ça. Après, il faut être qui on est, il ne faut pas chercher à imiter.
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Le spectacle frappe les esprits par sa scénographie innovante. Était-ce une volonté de changer les codes ?
L’essentiel était de jouer en live. L’idée fantastique de Pullicino est d’imaginer un système dans lequel les musiciens se placent en cercle, comme ils le font dans les studios de répétition – chacun se regardant pour voir quel accord l’autre va faire. Mais quand je lui demande où il place le public, il répond : “Autour”. Et quand je lui demande où il place les caméras, il répond : “Autour”. Lors de la production, cela donne des échanges de regards entre les musiciens et plus de distance entre les artistes et le public.
Mouvements de caméra, lumières, cadrages, grain de l’image ont donné une identité visuelle au spectacle. On peut dire qu’il existe une marque « Taratata »…
Avec une équipe de bricoleurs et Géo Trouvetou qui se sont amusés à créer des choses tout autres qui ont donné une nouvelle vie aux musiques filmées à la télé. Les créations lumière de Jean-Philippe Bourdon, les choix de Patrice Cramer, l’ingénieur du son, l’idée de Pullicino de passer à 24 images par seconde, sachant que la télévision c’est 25 images par seconde, ce qui donne l’impression que l’image est diffusée comme s’il était recouvert d’un film. Il y a eu des moments où la chaîne me renvoyait le programme et me disait qu’il y avait un problème – trop de lumière, du noir et blanc… Pour soulager le responsable technique de la diffusion, j’ai dû écrire un mot pour dire que nous étions d’accord là-dessus. qualité des images.
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Peut-on gérer ce laboratoire du son et de l’image aussi facilement avec David Bowie qu’avec un jeune chanteur méconnu ?
En tout cas, c’est ce qu’il faut. Mais les artistes sont plus ouverts qu’on ne l’imagine… Quand M. Pokora chantait guitare-voix « Hallelujah », Alicia Keys – Alicia Keys quand même ! – n’a pas quitté le plateau, elle est restée derrière les caméras pour l’écouter et l’applaudir. La seule différence entre une star et un inconnu, c’est son entourage et la façon dont on lui parle. Il y a des anonymes qui arrivent avec un entourage extrêmement prétentieux, et il y a des stars qui arrivent avec un entourage extrêmement sympathique. De notre côté, nous traitons tous les artistes sur un pied d’égalité.
En trente ans, l’industrie musicale et le paysage médiatique ont changé. Est-il plus difficile de produire de la « Taratata » aujourd’hui ?
Il est plus difficile d’inviter certaines personnalités car elles ont moins besoin de la télévision. Ils ont les moyens de filmer ce qu’ils veulent et de le diffuser sur leur propre chaîne YouTube. Je pense qu’il me faudra du - pour avoir Beyoncé et Taylor Swift, mais je n’abandonne pas… Tant qu’Ed Sheeran, Coldplay, Lady Gaga, Oasis, Lenny Kravitz viendront, il y aura toujours ce truc de « J’étais j’ai dit que ce serait bien de venir chez toi.
Ce spectacle est-il le chef-d’œuvre de votre carrière ?
Est-ce que ça veut dire que c’est fini ? Qui vous dit que je ne ferai pas mieux ? En tout cas, ce doit être ma plus belle histoire d’amour.