Lundi 16 décembre, l’actrice de 46 ans s’est exprimée devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale consacrée aux violences sexuelles. Elle a détaillé les situations et les agressions qu’elle a subies au cours de sa carrière.
Une voix qui porte. Lundi 16 décembre, Anna Mouglalis a livré un témoignage glaçant devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale consacrée aux violences sexuelles dans les secteurs artistiques et médiatiques. Donnant des exemples précis et douloureux, l’actrice de 46 ans a raconté les agressions et abus qu’elle a subis au cours de sa carrière. Et qui a commencé très tôt. “En tant qu’actrice, quand j’avais 19 ans, j’avais un acteur de 50 ans qui, pour un casting, enfonçait sa tête dans mon bas-ventre tout en me tenant par les hanches”, raconte-t-elle. elle se souvenait. Puis d’assurer avec sa voix rauque caractéristique que la violence démarre souvent dès cette phase de casting. « Il s’avère que l’on obtient généralement le rôle lorsque le réalisateur est attiré. Mais non, on n’est pas venu pour le séduire, on est venu pour jouer. Il y a donc là un gros problème.
Abus et humiliations
Selon l’actrice, les abus ne s’arrêtent pas une fois le tournage terminé. Anna Mouglalis évoque également des abus lors de la promotion de films, auxquels les acteurs sont contractuellement tenus de participer. L’actrice principale de la série Baron Noir relate notamment un exemple frappant survenu lors de la promotion de Merci pour le chocolatun film de Claude Chabrol sorti en 2000. On lui fit alors la demande suivante : « Être habillée d’une robe chocolat dans un salon de chocolat, et les visiteurs du salon pourraient se servir jusqu’à me déshabiller ». Demande qu’elle a refusée. Grotesque, cette situation illustre néanmoins la pression et le manque de respect souvent infligés aux jeunes comédiennes.
Figure du #MeToo français
Révélé dans le drame Terminalécrit et réalisé par Francis Girod, Anna Mouglalis est devenue l’une des figures marquantes du #MeToo français. Le 30 août 2023, elle rejoint notamment quatre comédiennes pour témoigner contre le réalisateur français Philippe Garrel, dans les colonnes de Mediapart. Les cinq femmes ont dénoncé le comportement inapproprié du cinéaste, entre tentatives de baisers non consensuels et propositions sexuelles lors de rendez-vous professionnels.
En janvier dernier, dans l’émission “C l’hebdo” sur France 5, l’actrice revenait sur ses accusations contre Philippe Garrel et décrivait un épisode particulièrement déplacé, datant de 2014. Alors qu’elle était chez elle avec le réalisateur aujourd’hui âgé de 76 ans pour préparer leur prochain film, ce dernier se serait allongé dans son lit, lui demandant de venir le rejoindre. « Je dénonce une attitude prédatrice. Le sens de mon témoignage est d’apporter un soutien à ceux qui ne peuvent pas parler ou à ceux qui ont souffert. C’est toujours beaucoup plus facile quand on n’a pas subi de viol ou d’agression sexuelle de s’exprimer.»
Et de poursuivre : « Il dit clairement qu’il a besoin de coucher avec ses actrices, je n’ai pas vécu ça. J’avais déjà tourné le film, mais il m’a demandé de lui remettre des textes féminins écrits sur le désir féminin de lire. Je lui ai donc proposé de lire des extraits de textes. Et à ce moment-là, lorsqu’il est venu chez moi, il est allé se coucher sur mon lit. Il voulait que je lui explique le désir féminin d’une manière probablement un peu plus littérale. Je n’en avais aucune envie, alors je l’ai renvoyé. Si le directeur de Amants réguliers Alors qu’elle affirmait s’être sentie mal, a rappelé la journaliste Aurélie Casse, Anna Mouglalis a écarté d’emblée cette hypothèse : « Compte tenu de la géographie de mon appartement, il avait de quoi s’allonger sans monter sur mon lit. »
En mai, Anna Mouglalis était à l’initiative d’une tribune, publiée dans Le monde qui a appelé à une « loi globale » contre les violences sexuelles et basées sur le genre pour mettre fin à l’impunité judiciaire.