HIER SOIR – Le film documentaire « Right People, Wrong Place », qui suit le leader du groupe BTS dans la création de son dernier album, a été projeté en avant-première mardi 26 novembre à Nanterre. Paris Match était invité à la séance. (Attention, cet article contient des spoilers)
Le rendez-vous était à 17h30, les festivités débutaient à 18 heures. Ce mardi 26 novembre, à Nanterre, avait lieu une avant-première très attendue des fans de BTS. Le documentaire « Right People, Wrong Place », consacré à la création de l’album « Right Place, Wrong Person » de RM, a été dévoilé au cinéma. Déjà présenté au très prestigieux Festival international du film de Busan, en Corée du Sud, ce projet artistique réalisé loin des projecteurs du monde Kpop, suit le parcours intime du leader de BTS, en toute sincérité.
Mais avant de le découvrir, les ARMYs (nom du fan club du groupe) ont été invités à participer à plusieurs activités afin de célébrer cette sortie dans la bonne humeur. Malheureusement, lorsque nous sommes arrivés discrètement dans la salle numéro 1 du CGR de Nanterre, qui compte plus de 300 places assises, le karaoké et le quiz organisés étaient déjà terminés. On ne saura donc pas ce qu’ont gagné les trois gagnants arrivés premiers dans ces activités… La faute aux transports en commun peu coopératifs. Le métro d’abord, puis le RER, qui ont tous deux décidé de nous mettre des bâtons dans les roues. Nous y avons même laissé une boucle d’oreille. Mais l’essentiel était ailleurs. Quelques secondes après avoir pris place sur l’une des dernières places libres, le documentaire démarre.
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RM et Kim Namjoon
Et c’est par une question existentielle pour RM qu’il ouvre : “Qu’est-ce que ça veut dire d’être une idole à 30 ans ?” » « Right People, Wrong place » propose une plongée intimiste dans l’univers de l’artiste, qui pour son album « Right Place, Wrong person » s’est entouré d’une équipe très éloignée de celle qui le suit habituellement avec son groupe. Les cheveux rasés, comme pour se débarrasser depuis quelques mois de cette image de star de la kpop qui semble la maltraiter autant que lui faire plaisir, Kim Namjoon, de son vrai nom, apparaît sans maquillage devant la caméra. Avec sa « Team RM », dirigée par son directeur artistique, San Yawn, il se lance à corps perdu dans la création de cet album, le plus expérimental de sa carrière. On les imagine parfaitement, dans les années 80, dans un loft délabré de New York parlant d’art, de cinéma et de musique (sans les paradis artificiels). Comme les outsiders d’un cinéma indépendant qui, sans le savoir, parviendrait à définir ce qu’est « le nouveau cool ».
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De son propre aveu, RM n’a jamais eu à réfléchir à la manière d’utiliser les instruments dans ses projets précédents. En tant que leader de BTS, explique-t-il, il a un rôle défini, celui d’écrire et de produire des chansons et de répondre aux interviews… le reste est délégué à d’autres. Mais pour « Right People, Wrong Place », c’est lui, avec ses producteurs, qui décide de tout. On le suit sur le tournage de ses clips vidéo, proposant notamment une scène cocasse où il est obligé de s’écarter pour laisser passer les cyclistes. Et comme à ses débuts, personne ne le reconnaît dans la rue. Lors d’une séance photo à Londres, au bord de la Tamise, il a été pris pour un invité à un mariage. Cependant, RM est accompagné des meilleurs sur ce projet : Aile Shyaun photographe hongkongais connu pour ses collaborations avec Wong Kar Waiou même Lee Sung Jinengagé pour le clip « Come Back To Me » mais surtout connu pour avoir créé la série Netflix » Sans relâche » récompensé par des Emmy Awards et des Golden Globes. Autant de collaborations artistiques qui ne surprenez pas les fans du rappeur et producteur.
Un grand amateur d’art
RM n’a jamais caché son amour pour l’art sous toutes ses formes. Grand collectionneur, il possède de nombreuses pièces et devient même mécène d’une exposition consacrée au développement de l’art moderne en Corée, à Los Angeles. Une passion bien loin des clichés qui existent encore à propos de son groupe BTS, malgré plus de 10 ans de carrière. C’est pour être le plus sincère possible, pour pouvoir enfin s’exprimer à 100% sans la pression que lui impose son rôle de leader d’un des plus grands groupes de la planète, que RM a décidé de réaliser cet album, puis ce documentaire. . « Des expériences étranges », comme il le dit lui-même, mais surtout un sursaut dans son cerveau parfois difficile à suivre. En témoigne cette longue tirade en anglais, durant laquelle le jeune homme partage avec un immense sourire toutes les contradictions de sa « putain de vie ». Parfois heureux, parfois en colère, parfois fatigué, parfois motivé. Des questions qui le suivent sans jamais vraiment trouver de réponses, des doutes aussi, qui semblent ne pas vraiment vouloir le lâcher.
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Un esprit complexe, des débats internes, qu’il partage dans cet album et dans ce film « car après son service militaire » (il s’est engagé le 11 décembre 2023), il « n’aurait probablement pas eu la force de se lancer ». Pour autant, l’artiste n’a jamais caché ses défauts. Les fans se souviennent notamment de ses larmes en 2022, au moment de l’annonce de la rupture de son groupe. Il s’explique avec une rare sincérité pour le monde très contrôlé de la Kpop, ayant perdu le cap, ne sachant plus à qui s’adressait sa musique, étant en panne d’inspiration. Lui qui a commencé à écrire des paroles dans sa chambre lorsqu’il était adolescent avant de se faire un nom sur la scène rap underground puis d’être repéré par Big Hit Entertainment pour devenir le leader du futur BTS. Sur ses frêles épaules de garçon pas encore adulte reposait la pression d’un groupe qui allait bientôt devenir un phénomène mondial. Cette fois, avec sa « Team RM », il n’est que Kim Namjoon, un trentenaire tantôt tourmenté, tantôt naïf, souvent passionné.
Un album reconnu par la critique
Il a voulu ce documentaire comme un souvenir de cette période faite d’escapades dans la nature et de longues séances en studio, café et canettes sur la table basse. Un souvenir de plus dans une carrière déjà abondamment filmée depuis ses débuts, archivant à jamais des images que RM aurait parfois aimé oublier. « Même si je n’avais pas été fan, j’aurais regardé ce film », glisse un ARMY à la fin de la projection. Parce que c’est le sujet de « Bonnes personnes, mauvais endroit ». Il raconte l’histoire d’un artiste et ses aspirations. Celle d’un adolescent à qui on a parfois confié trop de responsabilités, devenu un homme en perpétuelle recherche d’inspiration et de liberté.
Dès sa sortie, l’album « Bon endroit, mauvaise personne » a été acclamé par la critique, classé parmi les meilleurs de l’année (le titre du 2ème album « Lost ! », récompensé au Ciclope Festival, aux UK Music Video Awards 2024 et aux Berlin Commercial Awards 2024). Ce disque aurait pu briser les dernières barrières entourant les BTS alors que beaucoup refusent encore de prêter attention à leur dimension artistique. Mais les préjugés ont la vie dure : « ils sont soumis à racisme culturel », expliquait à Paris Match en 2022 Sylvie Octobre, sociologue chargée d’études au ministère de la Culture et de la Communication. Les murs de l’industrie musicale sont épais, ses portes à peine entrouvertes. Ainsi, malgré les excellentes notes attribuées à ce projet, il n’a pas été nominé aux prestigieux Grammy Awards. Parfois, l’explication est simple : « Mauvaise personne, mauvais endroit ».
« Right People, Wrong place », dans les cinémas de toute la France les 5 et 6 décembre.