[Fête nationale] Le Grand-Duc prépare sa succession

Grande annonce lors de la cérémonie civile à la Philharmonie. Le Grand-Duc Henri annonce qu’il laissera la lieutenance du pays au Grand-Duc héritier.

Même si on se doutait que cela arriverait un jour prochain, le Grand-Duc Henri a quand même surpris tout le monde. A la fin de son discours lors de la cérémonie civile à la Philharmonie, le souverain a annoncé qu’il ferait de son héritier Guillaume son lieutenant représentant en octobre prochain.

Citant la première strophe de Notre patrie de Michel Lentz, dont une nouvelle version a été interprétée par l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg (OPL), le Grand-Duc Henri a déclaré croire « en l’Homme, en son esprit libre, en sa capacité d’évolution, en nos jeunes générations. Dans ce contexte, la Grande Duchesse, le Prince Guillaume, la Princesse Stéphanie et moi-même vous informons de ma décision de transmettre la lieutenance au Prince Guillaume en octobre.

Cette annonce préfigure l’avenir de la monarchie luxembourgeoise. Le prince héritier de 42 ans reprendra certaines responsabilités dévolues à son père et pourra ainsi se préparer à son rôle de futur grand-duc de Luxembourg. Henri se retirera peu à peu jusqu’à son abdication. Aucune date n’a encore été évoquée par celui qui fêtera l’année prochaine ses 70 ans et 25 ans de règne. Le seul à être au courant était le Premier ministre Luc Frieden avec qui le Grand-Duc s’était entretenu au préalable. Le choix de la fête nationale était une évidence.

Le Grand-Duc, tout un symbole

De quoi faire de l’ombre à tous les beaux messages d’unité, de paix et d’espoir délivrés par les différents intervenants de cette cérémonie civile à la Philharmonie, ce dimanche matin. A commencer par celles de Luc Frieden, qui a développé sa conception de ce qu’est une nation et a célébré son unité autour de la famille grand-ducale.

« Une nation, c’est bien plus que rédiger une constitution ou tracer des frontières sur une carte. Une nation est multiple : une expérience commune, un avenir commun et un projet commun. Quelque chose de vivant qui vibre et grandit, se développe. Le sentiment de faire partie d’un tout. Une nation ne se fonde pas, elle éclot. Célébrer un Luxembourg libre et apaisé ne va pas de soi», a déclaré le Premier ministre, pour qui la cohésion sociale et l’intégration ont permis au pays de surmonter les crises. Mais aussi la constance du Grand-Duc « symbole d’indépendance, de notre identité, de la continuité de l’État et de notre nation elle-même », préfigurait Luc Frieden avant de citer également des strophes d’Ons Heemecht, comme Claude Wiseler et le Grand-Duc Henri après lui. .

Leurs trois discours ont convergé sur ce point, mais aussi sur l’importance de la démocratie, de l’État de droit et de la liberté. Des « normalités », des « banalités » « qui vont de soi » pour les peuples d’Europe, selon le président de la Chambre des députés. Il prévient toutefois que nous ne devons pas nous reposer sur nos acquis. Les guerres actuelles le prouvent.

« Petit à petit, pièce par pièce, des éléments essentiels de l’État de droit sont en train d’être démantelés », dit-il. Comme la démocratie, la liberté de la presse, un système judiciaire indépendant protégé par la séparation des pouvoirs, la liberté d’expression, la liberté de culte et la liberté de circulation, entre autres libertés fondamentales.

« La liberté et la démocratie forment un tout. La manière la plus dangereuse de les perdre est d’abandonner les éléments qui la composent et définissent notre société libre », a poursuivi Claude Wiseler. « La démocratie et la liberté ne peuvent pas être considérées comme acquises. Ils ne vont pas de soi. Nous devons nous engager et lutter pour chaque élément et ne pas abandonner au Luxembourg, en Europe et au-delà.»

« Pas de réponse simple »

Un plaidoyer pour l’Europe, la paix et nos valeurs fondamentales soutenues par le Grand-Duc. « Les pères fondateurs de l’Union européenne rêvaient de paix. (…) Pour eux, seule la coopération entre pays pourrait les protéger de nouveaux conflits. Ils avaient raison, contrairement à ce que prétendent les populistes et les nationalistes. L’UE est plus que jamais garante de nos libertés, de notre sécurité et de notre prospérité », a affirmé le souverain. « Notre monde est compliqué et il n’y a pas de réponses simples. »

Heureusement, il y a des hommes et des femmes qui cherchent à le rendre plus beau. A travers leur art, comme le guitariste David Laborier qui a composé la chanson Bols (NDLR : pouls en français) spécialement pour la fête nationale, ou les personnes récompensées pour leurs actions sociales. Patrick de la Ramette a été nommé officier de l’Ordre du mérite pour avoir lancé l’Inclusion numérique. Depuis 2015, son association a distribué plus de 8 000 ordinateurs récupérés à des personnes vulnérables.

Georges Klepper reçut du Grand-Duc sa décoration d’officier de l’Ordre de la Couronne de Chêne. Cet ancien champion d’athlétisme atteint de la maladie de Charcot a fait preuve de ténacité et de volonté pour écrire un ouvrage sur 140 ans d’histoire du sport au Grand-Duché. Egalement récompensés, Julie Becker, PDG de la Bourse de Luxembourg, et Pierre Cao, chef d’orchestre et musicien, nommés Commandeurs de l’Ordre du Mérite et de la Couronne de Chêne devant un parterre d’invités à la Philharmonie.

Parmi eux, des ministres, des députés, des conseillers municipaux, des ambassadeurs ainsi que des représentants de diverses institutions comme le pouvoir judiciaire, dont certains ont rejoint l’avenue de la Liberté pour assister au défilé militaire. La partie la plus musclée de ces célébrations.