« Moi aussi j’ai un handicap qui ne m’empêche pas d’être heureux » – .

« Moi aussi j’ai un handicap qui ne m’empêche pas d’être heureux » – .
« Moi aussi j’ai un handicap qui ne m’empêche pas d’être heureux » – .

l’essentiel
Comme d’autres, elle a un petit quelque chose en plus qu’elle n’a pas demandé dans sa vie. Diane Boutet clame sa différence tout en restant vraie à l’image des héros du film d’Artus. Dans “Un petit truc en plus”, Diane aurait pu être la pétillante Marie. Ce photographe lotois est tombé amoureux de cette actrice naturelle. Tout simplement parce qu’elle lui ressemble. Sa spontanéité, dans notre entretien, ne peut que toucher les âmes sensibles et les autres. Parce que Diane est aussi touchante que sincère.

La photographe Diane Boutet, un peu intimidée, pèse chacun de ses mots pour répondre à cette interview. Elle s’applique afin d’être juste et fidèle à ses valeurs. Son petit plus, c’est aussi ça : savoir ouvrir son cœur là où bat sa passion pour la photographie et sa famille.

“C’est un très beau film, il fait beaucoup de bien”

Quel est votre petit plus qui vous aide à avancer dans la vie ?

C’était d’abord la volonté, grâce à mon père qui m’a ouvert les yeux sur ce dont je pouvais être capable de faire malgré ma pathologie, la trisomie. Lorsqu’il a vu que j’étais passionné par la photographie il m’a dit d’aller plus loin dans ce domaine et que cela m’aiderait. Il m’a appris le cadrage.

Mon père m’a également expliqué que mon handicap ne pouvait pas m’empêcher d’évoluer dans la photographie. J’ai été admis en section photographie du lycée Jeanne-d’Arc de Cahors. J’ai pu m’améliorer. Ma sœur Christiane était importante aussi. Elle m’a permis de rejoindre un club photo.

Le film vient de dépasser la barre des 6 millions d’entrées. Comment expliquez-vous ce succès phénoménal et que vous apprend cette création d’Artus sur vous-même ?

C’est un très beau film, il fait beaucoup de bien. Il y a des gens qui ont la même pathologie que moi et qui sont heureux. Ils font beaucoup de choses même s’ils sont handicapés. Je suis content de voir ça, car moi aussi j’ai un handicap qui ne m’empêche pas d’être heureux. Je suis très actif.

Enthousiaste, déterminé et sensible

« Un petit truc en plus » montre la spontanéité et l’insouciance des personnes handicapées. Quelles autres qualités reconnaissez-vous chez chacun des personnages très attachants du film ?

Mes sœurs me parlent souvent de mes qualités. On me dit que je suis enthousiaste, déterminé et très sensible comme les personnages du film. J’ai 5 sœurs et un frère. Ce sont aussi eux qui me donnent envie de marcher tout droit sans m’arrêter en chemin. Je ne veux pas abandonner.

Vous avez des qualités bien sûr, mais aussi des défauts comme tout le monde. Quels sont les vôtres?

Parfois, j’ai envie d’aller un peu trop vite. Je ne prends pas mon temps. Je souhaite que mes projets se concrétisent rapidement. J’aimerais avant tout progresser un peu plus vite en technique photographique. Quand je ne lâche pas une idée, on me dit que je suis têtu. Finalement, je m’énerve un peu quand quelqu’un me dit : « Diane, tu as fait une connerie ! ».

Le fort désir de « plaire et remercier »

Les actrices et acteurs du film affichent un visage heureux. Qu’est-ce qui vous remplit de bonheur de votre côté dans la vie ?

Je suis très heureux quand j’arrive à montrer à mes proches qu’ils ont eu raison de m’encourager. Je ne veux pas les décevoir. J’aime réaliser des choses pour eux. Isabelle Marrou, la directrice artistique du festival Cahors Juin Jardins, m’a autorisé à réaliser une exposition de mes photos. Ce fut un grand plaisir et une grande fierté de montrer mon travail aux visiteurs.

Quelle est votre définition du bonheur ?

C’est simple. C’est avoir une passion dans la vie et pour toujours. C’est apprendre à progresser. Il s’agit de faire plaisir et de remercier. Par ailleurs, je tiens à ajouter que ma mère était une grande partie de ma passion. Elle m’a dit de ne jamais reculer.

Le sourire aux lèvres, Diane est prête à relever tous les défis.
Photo J.-LG

“J’ai souvent été mal considéré”

Et qu’est-ce qui vous met le plus en colère ?

Je me mets en colère quand les gens me rejettent et ne veulent pas m’aider. J’ai souvent été mal considéré. On ne m’a pas fait confiance. Je ne veux pas non plus qu’on me dise de faire tout le contraire de ce que j’avais prévu. Cela me met très en colère. Et quand quelqu’un de ma famille me dit : « Diane, tu as fait une bêtise », je m’énerve.

Si vous aviez une baguette magique dans la main, que changeriez-vous dans votre vie et dans le monde ?

Parfois, j’aimerais pouvoir changer la direction de ma vie. Je dis oui trop souvent et en fait j’aimerais pouvoir savoir dire non. Je vais changer ça. Dans le monde, la baguette magique serait utilisée pour arrêter toutes les guerres.

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« J’ai gagné des prix et même une subvention pour acheter du matériel »

Votre passion pour la photographie vous offre une grande liberté. Vous dites : « Je photographie la vraie vie ». Que signifie pour vous « être réel » ?

Il s’agit d’être sincère, de ne jamais tricher. Je photographie ce que je vois, sans effets spéciaux et avec peu ou pas de retouches. Être réel, c’est vivre avec ma passion et être reconnaissant. Je pense à ma mère ici. Elle a eu raison de me pousser.

Et être différent, cela signifie-t-il savoir utiliser son petit plus pour ensuite être encore plus fier de sa réussite ?

Je suis fier car ma pathologie n’est pas un handicap pour faire de belles photos. J’ai gagné des prix et j’ai même obtenu une subvention pour acheter du matériel. Je n’utilise pas mon handicap, mais mon envie de toujours faire mieux.

 
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