Trois cent dix-neuf mille livres, soit environ 383 000 euros, pour louer le terrain d’une école primaire pendant vingt et un ans. C’est ce que devra payer une administration locale du duché de Cornouailles, qui verse ses bénéfices au prince William, pour obtenir le droit d’utiliser ces terres.
De son côté, le NHS, le service public de santé britannique durement touché par plusieurs années d’austérité, devra verser 829 348 livres par an, soit 11,4 millions de livres pendant vingt-cinq ans, au duché de Lancaster, qui reverse ses bénéfices à Le roi Charles III.
Les affaires commerciales de ces duchés ne s’arrêtent pas là : comme le révèle une enquête conjointe de la chaîne britannique Channel 4 et du quotidien Le temps du dimanchele ministère britannique de la Justice a signé un contrat avec le duché de Cornouailles pour louer le terrain sur lequel se trouve une prison abritant 640 prisonniers. Le montant du loyer : 1,5 million de livres par an.
De son côté, le journal britannique Le miroir a publié des photos de maisons louées par les deux duchés, révélant que certains locataires vivent dans des logements insalubres, alors que le prince William s’est engagé depuis de nombreuses années auprès des sans-abri.
Exonéré de certaines taxes
Les revenus du duché de Cornouailles et du duché de Lancastre sont traditionnellement versés respectivement à l’héritier du trône et au souverain de la couronne britannique, actuellement le prince William et le roi Charles III. Ces revenus servent à financer leurs dépenses privées, comme leurs propriétés non publiques et le personnel qui s’en occupe. Pour financer leur vie publique, les membres de la famille royale bénéficient d’autres fonds, principalement ceux du domaine de la Couronne, dont les bénéfices sont gérés par le gouvernement, comme nous l’expliquions dans cet article.
Les duchés de Cornouailles et de Lancaster sont exonérés de l’impôt sur les plus-values sur les sociétés et les entreprises. Volontairement, le prince de Galles et le souverain paient l’impôt sur les revenus qu’ils reçoivent de ces duchés, normalement au taux d’imposition le plus élevé de 45 %. Mais depuis 2022, ils ne publient plus le montant des impôts qu’ils ont payés. Pour la dernière déclaration connue, Charles, alors prince héritier, a réduit le taux de cet impôt à 25%, en déduisant les dépenses qu’il considérait liées à ses fonctions officielles, écrit le Dimanche Fois.
Ces révélations pourraient-elles mettre à mal la famille royale ?
Au Royaume-Uni, la publication de ces révélations a alimenté les appels à plus de transparence de la part de la famille royale. Le mouvement républicain réclame la « suppression » de ces duchés. S’adressant à la BBC, Margaret Hodge, ancienne présidente de la commission des comptes publics du Parlement britannique, a appelé les duchés à payer certains impôts : « Ils ne paient pas d’impôt sur les plus-values ni d’impôt sur les sociétés, et pourtant ils prétendent agir de manière commerciale. . Mais ils ne peuvent pas gagner sur deux tableaux. » Si les duchés « veulent être privés et commerciaux, ils doivent payer le même taux d’imposition que les autres, sinon ils ont un avantage concurrentiel ».
Ces appels à modifier la loi risquent cependant de ne pas trouver rapidement un écho. Au sommet de l’establishment politique britannique, les révélations n’ont pas suscité de fervents commentaires.
Keir Starmer, le Premier ministre travailliste, ne les a pas commentés, pas plus que son ministre du Budget et des Finances, occupé à présenter et défendre le premier budget d’un gouvernement travailliste depuis quatorze ans. Chez les conservateurs, les révélations surviennent au moment où le parti élisait un nouveau chef, qui n’a pas encore dévoilé son opinion sur le sujet. La tempête semble donc passer pour Charles III et le prince William, du moins jusqu’aux prochaines révélations sur leurs finances.