Ridley Scott est revenu sur l’un de ses films les plus mal-aimés et il n’en démord pas : pour lui, c’était bel et bien une réussite !
Pour beaucoup, la filmographie de Ridley Scott est l’une des plus inégales de l’histoire du cinéma, alternant chefs-d’œuvre et échecs incompréhensibles. Ce n’est bien sûr pas l’avis de tout le monde. Certains jurent même que le cinéaste n’a jamais vraiment réalisé un seul mauvais film. Scott lui-même est l’un des plus ardents défenseurs de sa propre carrière et ses choix de réalisations.
Lorsqu’un maître parle, on n’est pas toujours obligé de l’acquiescer ou d’être d’accord avec lui, mais il est sage d’écouter. Alors quand Ridley Scott nous dit qu’un de ses films méritait bien mieux que l’accueil critique qu’il a reçu parce qu’il était loin d’être nulça nous donne envie d’y repenser. Parce qu’il a peut-être raison.
Ridley met le cartel sur la table
Dans sa récente interview pour Le journaliste hollywoodien (qui date du 7 novembre) Ridley Scott a ainsi évoqué l’un de ses plus grands regrets auprès de son mal-aimé Cartel (Le conseiller2013) Non pas qu’il regrette de l’avoir fait, mais il ne comprend pas l’échec critique. Sur Métacritiquele film est seulement 48/100 moyenne de la presse international. La note sévère de 1,9/5 sur Alloué en dit long aussi sur le ressenti des spectateurs français.
Pourtant, aux yeux du cinéaste, Cartel est une œuvre qui se démarque par de nombreuses grandes qualités, notamment ses dialogues :
«Cartel, pour moi, contient le meilleur dialogue que j’ai jamais eu dans ma carrière. Cormac McCarthy a écrit le scénario et il me l’a apporté avec [le producteur] Nick Wechsler. J’ai dit : « Je le ferai, mais il faut que ce soit maintenant. » Et à partir de là, j’ai choisi le casting en deux semaines : Michael Fassbender, Brad Pitt, Javier Bardem, Penélope Cruz, Cameron Diaz… ils se battaient tous pour obtenir ces rôles. J’ai reçu des critiques épouvantables, m’a-t-on dit. C’était un très bon film, mais trop sombre pour le spectateur moyen. Je pense que le dialogue est merveilleux. »
Tu comprendras un jour
Malgré un casting fr ou (c’est d’ailleurs l’un des derniers rôles marquants de Cameron Diaz) et un scénario que Ridley Scott juge excellent – ainsi queÉcran largeau moment de la sortie du film – Cartel était donc bien planté. Est-ce la faute à la noirceur du long-métrage, comme l’indique le réalisateur ? C’est toujours difficile à dire. Parfois, un film ne rencontre pas son public au bon moment. Scott avait déjà souligné, dans une interview en 2023, le fait que plusieurs de ses films cultes ne furent appréciés que bien plus tard.
C’était pour Pierres qui roulent à l’occasion de la sortie de Napoléonet déjà à ce moment-là, Scott disait beaucoup de bonnes choses sur Cartel :
“Cartel est l’un de mes films préférés […] J’étais tellement déçu [des retours] et je ne sais pas à qui blâmer parce que je pense que le film est vraiment bon. Il est tellement drôle et cynique. […] C’est toujours énervant parce que mes films ont tendance à être repris plus tard. Le plus célèbre est Blade Runner, resté mort vingt ans. »
Pour citer un célèbre voyageur temporel, si le public n’était pas prêt, leurs enfants adoreraient ça. Cartel ? Le temps nous le dira, mais la triste réalité est que tous les films (même les bons) ne sont pas pas toujours réhabilité avec le temps. Surtout lorsqu’il s’agit d’un long métrage qui ne cherche ni à plaire ni à adoucir son message pour séduire le spectateur.
Et c’est peut-être là que réside finalement le plus grand mérite de Ridley Scott et ce qui caractérisera sans doute sa filmographie à l’avenir. UN point de vue d’auteur non consensuel qui a toujours refusé de se soumettre aux attentes d’une industrie hollywoodienne parfois frileuse face à la complexité.