“J’avais besoin de regarder derrière moi.”

“J’avais besoin de regarder derrière moi.”
“J’avais besoin de regarder derrière moi.”

Quatre ans plus tard AiméeJulien Doré marque son retour avec un album de reprises, les mêmes qui l’ont propulsé vers le succès lors du télécrochet Nouvelle Star. C’était il y a 17 ans. Dans Imposteurqui sort aujourd’hui, le chanteur investit dans les grands classiques de la chanson française pour y apporter sa touche, avec la maturité que lui confèrent ses 42 ans et le côté rieur qui le caractérise. L’artiste aux plus de 2 millions d’albums vendus reprend Dalida, Mylène Farmer, Naps, Montagné, Mitchell et Kendji Girac. L’auteur-compositeur et interprète nous dévoile les dessous de ce projet qui précède une grande tournée à partir de mars 2025.

Pourquoi un retour sur ces reprises qui vous ont rendu célèbre il y a 17 ans ?

C’est justement cela, pour le souvenir de cette naissance, quelque peu liée au hasard, avec l’émission Nouvelle Star. Sans vraiment savoir non seulement à quel point ma vie allait changer mais aussi à quel point les chansons des autres allaient m’aider à me présenter à l’époque et peut-être encore aujourd’hui donner envie à ceux qui viennent vers moi d’en voir des milliers en concert pour connectez-vous à mon voyage avec mes propres chansons. Il fallait que je regarde un peu derrière moi, que je regarde ce qui est fou depuis 17 ans maintenant, c’est-à-dire me réveiller le matin pour faire ce que j’aime.

Vous réinterprètez « Moi… Lolita » d’Alizée, un de vos premiers tubes, entouré uniquement de cordes. Pourquoi avez-vous réinvesti ce titre ?

Au départ, j’ai trouvé intéressant que ce ne soit pas dans l’album. J’avais prévu de reprendre des chansons dans lesquelles je n’avais pas encore investi. Quand j’ai décidé de garder Mourir sur scèneJe me suis dit que les deux chansons les plus importantes de mon passage à Nouvelle Star étaient ces titres de Dalida et Alizée, qui avaient en quelque sorte tout déclenché. Je voulais artistiquement, que la manière de revisiter ma première « visite » de ce titre soit un peu particulière. Le premier défi du studio était de retirer tous les instruments plombl’accompagnement d’une guitare, d’un piano. Qu’il y ait une vapeur de mélodies, d’harmonie pour accompagner ma voix. Et la seconde : que je ne m’accorde le droit de l’enregistrer qu’en une seule prise et c’est ce que j’ai fait. Comme si on m’avait offert un top live. La chanson clôt l’album, c’est avec elle que se clôt ce souvenir, cette nostalgie.

Lorsque vous avez débuté, un média titrait « Génie ou imposteur ? ». Souffrez-vous du syndrome de l’imposture ?

Non, je n’utilise jamais le mot souffrance à propos des artistes, il faut faire attention aux mots. Je n’ai jamais souffert d’avoir la chance d’être écouté, d’avoir la chance d’être regardé et encore moins d’avoir la chance de faire ce que j’aime. Il est possible que je me pose des questions sur ces mots, oui. Ce mot « imposteur » m’a marqué, j’ai compris des années plus tard que cette question de ma présence à la Nouvelle Star était légitime à se poser. On peut remettre en question n’importe quelle proposition artistique, c’est ce mélange de sentiments qui la rend intéressante.

Il y a beaucoup d’humour dans ce projet d’album. La couverture de « Pourvu qu’elles sont éclairs » est accompagnée d’un clip aux multiples clins d’œil…

Il y a une multiplicité de lectures dans ce clip : la première est d’imaginer qu’il s’agit d’une prestation télévisée d’un jeune candidat qui fait une reprise. Ensuite, je joue avec différentes choses : la mémoire à travers cette coupe de cheveux qui change et qui rappelle mes débuts, avec les codes de la télévision comme le panneau qui appelle pour envoyer un SMS sur un numéro court qui s’avère être un clin d’œil pour faire un don à le SPA, puis la chute clownesque du piano sur lequel je grimpe pour symboliser l’échec et laisser la possibilité de dire que, dans un spectacle live, à tout moment tout peut s’effondrer…

Qu’est-ce qui vous a donné envie de réinterpréter ce titre ?

Tout d’abord, l’attachement à Mylène Farmer et à sa carrière. A une époque où la surexistence est permanente, elle est l’une des rares artistes françaises capable d’entretenir le mystère, de cultiver le silence, l’absence. Et malgré tout, en un claquement de doigts, elle a rempli des stades entiers. Et cet amour entre elle et les gens qui l’aiment m’inspire beaucoup. J’ai beaucoup d’admiration pour cette femme et ce qu’elle a fait artistiquement. C’est une façon de lui rendre hommage avec une des chansons d’ouverture de son album, que je termine avec Salut…Lolitadont elle a écrit les paroles.

Tu as avoué que toutes ces chansons avaient une accroche dans un fragment de ta vie, mais ça n’a pas dû être facile de choisir…

Nous avons travaillé sur tellement de chansons pendant 2 ans ! Plus de 100 sous forme de démos, nous en avons produit environ 45 et nous avons décidé d’en finaliser un peu plus d’une vingtaine avant de commencer à assembler l’album. Quand j’ai commencé à choisir, c’était toujours ceux que je trouvais les plus justes et les plus intéressants musicalement. Et sans doute, ils avaient quelque chose en plus qui fonctionnait, même inconsciemment. Je me suis rendu compte alors que beaucoup avaient eu un écho dans mon enfance, dans mon adolescence… Il y avait une sorte d’évidence dans ces choix, c’est certainement quelque chose de l’ordre intime qui m’a guidé.

Pour « Paroles Paroles », en duo avec Sharon Stone, pourquoi avoir inversé les rôles en prenant celui de Dalida alors qu’elle incarne Alain Delon ?

Parce que c’est une chanson qui parle d’un rapport de séduction et j’ai trouvé intéressant de retrouver les rôles originaux, c’est à dire que c’est un acteur qui fait cette chanson avec un chanteur, donc là, je suis le chanteur bercé par les phrases d’une actrice.

Comment avez-vous choisi vos partenaires de duo ?

Francis Cabrel est l’homme qui m’a donné envie de faire de la musique. J’ai eu la chance d’échanger avec lui, des liens modestes et évidents se sont créés, nous avons tous deux choisi de retourner à nos racines pour vivre (il vit dans les Cévennes depuis 2018, NDLR) et de venir à Paris seulement quand nous en avons besoin. J’avais toujours rêvé de chanter avec lui et c’était génial comme premier duo d’enregistrer une chanson qui n’était pas la nôtre (Un homme heureux par William Sheller). Hélène Ségara, je l’écoutais beaucoup étant adolescente, avec cette chanson Il y a trop de gens qui t’aimentsans doute l’un de ceux que j’ai le plus écouté dans ma vie… Quant à Sharon Stone, nous nous sommes rencontrés il y a 16 ans au Festival de Cannes. Je faisais un concert piano-voix, elle s’est approchée, m’a écouté jusqu’au bout. Nous avons pris une photo qui s’est retrouvée le lendemain à Beau matin. J’ai raconté cette anecdote dans une émission, elle m’a écrit sur Instagram pour me dire qu’elle l’avait vu. Je me suis souvenu de ce message des années plus tard, alors je lui ai écrit à mon tour pour lui demander de chanter avec moi et elle a accepté !

 
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