Dans les coulisses du nouveau défi relevé par le champion handicapé en Chelem, tous les jours, à 17h20, sur France 3. Entretien avec l’animateur Théo Curin.
Votre arrivée sur le petit écran vient de prendre une nouvelle dimension avec la présentation du spectacle Slam, comment s’est-elle progressivement concrétisée ?
J’ai fait ma première apparition en 2015 dans la série « Vestiaires », j’avais 15 ans, puis dans « Plus belle la vie » j’ai aussi participé à Duoday avec Marina Carrère d’Encausse dans « Le Magazine de la santé » quand j’étais 17 ans et j’ai eu un long métrage dans son émission.
Mais les choses se sont vraiment accélérées avec « T’es au top », l’émission pour enfants et la rubrique « Théo le Taxi ». Et aujourd’hui, Slam, c’est fou !
Comment vous êtes-vous préparé à ce défi ?
Alors que je me préparais pour les compétitions de natation. J’ai beaucoup regardé les émissions de Cyril Féraud, je me suis entraîné dans mon salon et j’ai réussi le casting. Ensuite, ce furent probablement les jours les plus longs de ma vie… Le téléphone ne sonnait pas, je me disais « ce n’est pas moi ». Et un jour, on m’a dit que c’était moi… C’était une grande fierté.
Comment vivez-vous ces premiers jours de présentation ?
Super bien ! Je suis encore novice, il y a encore pas mal de choses que je peux améliorer, tant mieux ! Mais je suis très attentif aux retours des téléspectateurs sur les réseaux sociaux et ils sont plutôt bons. France Télévisions me le fait aussi quotidiennement.
Et, dès début septembre, j’ai senti que je commençais vraiment à prendre du plaisir, je me suis libéré un peu des mécaniques de jeu pour vivre l’instant avec les candidats, le public, j’adore cette sensation !
J’ai hâte de retourner sur le plateau pour continuer à apprendre et à m’amuser.
Cela a-t-il nécessité des aménagements particuliers pour tenir compte de votre handicap ou tout s’est-il passé exactement comme pour Cyril Ferraud ?
Il n’y a eu que quelques ajustements de scène, lors de la finale, Cyril tenait normalement les cartes en main. Pour moi, c’est un peu plus compliqué, alors nous avons ajouté un bureau pour que je puisse les poser et vraiment me concentrer sur ce que dit le candidat.
A part ça, il n’y a pas de grands changements.
Les personnes handicapées sont peu visibles dans les médias. Était-ce une de vos motivations ?
Pour être tout à fait honnête avec vous, à l’époque, ma motivation première était de réaliser un rêve d’enfant : animer un match quotidien à la télévision.
Je n’ai pas tout de suite pensé au message, à l’impact de ma participation à cette émission. Je ne pensais pas que ça allait faire autant de bruit, que ça allait être aussi historique, dans le sens où, c’est vrai, on n’a jamais vu ça au quotidien,
Tant mieux si les choses avancent, je suis très très content. Maintenant j’espère que les portes s’ouvriront encore plus pour les autres car je ne suis pas le seul à avoir une différence visible ou invisible. Mais je pense que les choses changent. Il y a eu un vrai déclic avec les Para Games, donc j’espère qu’on va continuer sur cette lancée.
Vous parlez aussi d’un rêve d’enfant, quel est votre rapport à la télévision ?
J’ai toujours regardé la télévision, depuis que je suis petite, beaucoup avec mes parents, le week-end, le soir, le midi aussi pendant les matchs, quand je rentrais de l’école, donc ça a toujours été un rêve, mais je pensais que c’était impossible à réaliser pour de nombreuses raisons et aujourd’hui les portes se sont ouvertes.
Maintenant, à moi de faire mes preuves sur le long terme, c’est un marathon, il va falloir persévérer, travailler, progresser pour que les gens prennent de plus en plus de plaisir à suivre les émissions que j’anime, j’espère que ça va durer très longtemps.
La télévision vous a accompagné dès l’âge de 6 ans, pendant tous ces mois d’hospitalisation pour méningite qui ont ensuite conduit à votre amputation des bras et des jambes. Cela explique-t-il aussi ce lien intime qui vous lie au petit écran ?
Quand nous sommes à l’hôpital, la seule chose que nous avons dans nos chambres pour passer le temps, c’est la télévision, et je la regardais beaucoup à ce moment-là.
J’allais et sortais souvent de l’hôpital à cette époque et les jeux et les spectacles m’occupaient, j’ai grandi avec ça. Je me souviens, je ne sais pas pourquoi je pense à ça, qu’un jour je revenais de la salle d’opération, j’étais complètement drogué après une anesthésie générale et il y avait “The Price is Right” qui commençait, il y avait de la musique, ” la la la » (il chante la chanson thème) et mes parents mouraient de rire parce que je chantais la chanson et je ne pouvais pas m’arrêter.
Quand je me suis revu sur ce lit d’hôpital, j’étais loin d’imaginer qu’un jour ce serait moi sur le petit écran. C’est un beau message.
De cette chambre d’hôpital aux téléviseurs d’aujourd’hui, comment avez-vous vécu le regard des autres ?
J’ai toujours rencontré des gens plutôt gentils, j’ai eu beaucoup de chance. Evidemment, il y a des looks de tous les jours, un peu insolites, les gens ont plein de questions en tête quand ils me voient, mais j’ai appris à grandir avec ça et aujourd’hui je n’y prête plus du tout attention. .
Je suis très attentive au harcèlement scolaire, car j’ai vu des choses quand j’étais plus jeune, mais je n’ai jamais été concerné, les jeunes étaient plutôt cool avec moi, assez accommodants, en tout. cas devant moi. Dans mon dos, c’était peut-être différent, mais ce n’est pas grave.
J’ai aussi tout de suite montré que mon handicap n’était absolument pas un obstacle à la vie sociale que nous allions avoir ensemble à l’école, ou à l’extérieur.
La France a vécu une parenthèse enchantée avec les Jeux Olympiques, mais aussi Paralympiques, où vous étiez d’ailleurs à l’honneur lors de la cérémonie d’ouverture. Quelle image en garderez-vous ?
C’est une réussite générale, car les Français étaient là. Les stades étaient pleins ! Le deuxième jour des Jeux Paralympiques, quand je vais au centre aquatique voir mes amis nager et que je me rends compte qu’il n’y a plus de place, je me dis que ça y est, on a réussi.
On a souvent pris Londres en exemple en 2012, aujourd’hui les Français ont pris les devants parce qu’il s’est vraiment passé quelque chose. Les athlètes étaient exceptionnels, avec des performances jamais vues auparavant et, surtout, cela constituait un accélérateur pour leur visibilité.
On l’a vu dès la cérémonie d’ouverture, il y avait dix millions de téléspectateurs en France et c’était impensable il y a vingt ans.
Les gens étaient de plus en plus préparés à cet événement. France Télévision met en avant les sportifs handicapés, de nombreuses entreprises ont également créé des équipes avec des sportifs handicapés, dans chaque domaine les choses se sont améliorées.
Comment pensez-vous que nous pouvons maintenir cet élan ?
Je ne sais pas, je ne suis pas politique, mais ce qu’on a réussi à faire pendant les Jeux Paralympiques, je ne vois pas pourquoi on ne le ferait pas après.
Sensibiliser aux soignants, accompagner les plus petits : les engagements de Théo Curin
“Soignants, il est temps de les aider” : tel est le nom de l’émission diffusée le 8 octobre par Théo Curin, en prime time sur France 5. Pour mieux comprendre le quotidien et les difficultés rencontrées par ces 11 millions d’anges gardiens, l’émission Le présentateur de Slam a proposé à Bruno Solo et Clémentine Célarié de remplacer deux d’entre eux pendant quarante-huit heures. Une émission à (re)voir ici sur france.tv.
« J’ai eu des aides-soignants pendant une longue partie de ma vie, au départ, explique Théo Curin, j’ai été aidé par mes parents, puis je suis parti étudier en Auvergne, j’ai eu une aide pendant sept ans, ce sont des gens qui nous aident sans en comptant, il y a beaucoup d’amour, mais beaucoup de soignants finissent par s’oublier et être épuisés, malades. Il y a un soignant sur trois qui décède avant. la personne aidée est des chiffres alarmants”
“L’idée de ce spectacle est de créer des petites étincelles dans la vie de ces personnes, mais surtout aussi de penser à l’avenir, de les aider concrètement”, souligne-t-il.
Ce programme est visible en accès gratuit sur france.tv
“J’ai envie de continuer à faire plein de choses un peu différentes”, poursuit Théo Curin, “avec parfois des émissions comme celle-ci qui sont un peu sérieuses, où il y a du concret à défendre, comme “Tu es au top”, sur France 4, l’émission que j’anime pour les enfants, l’idée est de leur dire de croire en soi, de croire en ses rêves, et de les soutenir tout simplement, j’ai un peu le rôle de grand frère dans cette émission.
Les gens se sont attachés aux athlètes qu’ils ont découverts cet été, c’est désormais aux groupes, aux entreprises, aux politiques de pousser cela et de mettre en place des budgets.
Vous êtes l’homme de tous les challenges, quel est votre moteur ?
J’aime aller dans des domaines que je ne connais pas. C’est ce que j’ai fait à travers le sport pendant des années et c’est ce que je fais aujourd’hui à la télévision car c’est quand même un risque d’atterrir sur une émission aussi basique avec un rythme quotidien. .
Ça me donne de l’énergie le matin quand le réveil sonne tôt le matin, je me lève parce que je vais me pousser, ça va être un peu dur mais à un moment de la journée je vais avoir un sentiment de satisfaction indescriptible. J’aime être comme ça, un peu attendu au tournant car il y a une excitation, une tension, une pression positive, ça me maintient en vie.