La marque du créateur de mode éponyme et ancienne Spice Girl affiche des ventes rentables pour la première fois depuis sa création en 2008.
Le chemin vers le succès dans la mode peut être long. Même quand on est une star internationale, mariée à une autre star internationale. Même si vous vous appelez Victoria Beckham. La créatrice éponyme a fondé sa marque en 2008. Et ce n’est que cette année, en 2024, qu’elle affiche pour la première fois des bénéfices. Elle a enregistré une croissance de son chiffre d’affaires de 52% en 2023 pour atteindre près de 107 millions d’euros contre 69 millions en 2022. Et son EBITDA ajusté, c’est-à-dire son bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements, est positif, il est donc rentable.
Laissons de côté les chiffres et ramenons l’histoire à ses débuts. Il y a dix-sept ans, l’ancienne chanteuse des Spice Girls faisait son entrée dans la mode avec une petite collection minimaliste, discrètement présentée lors de la Fashion Week de New York. Il est composé de robes, toujours très influencées par l’esprit de son ami et mentor Roland Mouret. La tendance est alors au stretch, au près du corps et au décolleté plongeant un peu écrasant. Puis, petit à petit, l’Anglaise s’est transformée en une véritable créatrice. Elle élargit son offre. Elle se libère de ses inspirations, s’affirme et trouve son style. Elle propose désormais une mode élégante, fluide, luxueuse mais sans fioriture et avec une grande attention portée aux découpes.
Stratégie payante
Tout en trouvant sa touche dans le design de mode, Victoria Beckham se révèle également comme une femme d’affaires. Elle fait des erreurs, apprend, s’entoure et fait des choix qui finissent par porter leurs fruits. Après quelques collaborations rapidement soldées avec Estée Lauder, elle décide de lancer une ligne de produits de beauté en 2019. Au lieu de s’appuyer sur un géant du secteur, elle se lance en son propre nom et collabore avec l’un des meilleurs nez pour ses parfums. , Jérôme Epinette, et l’une des plus grandes stars de la cosmétique pour ses produits, le Professeur Augustinus Bader, médecin et chercheur internationalement reconnu, possédant lui-même sa propre marque de soins.
Côté mode, elle change également de stratégie en renforçant la cohérence entre ses défilés et ses collections commerciales. Or, si le succès en matière d’estime s’obtient très vite, il n’en est pas de même pour les finances. Malgré de bonnes ventes, les dettes s’accumulent. En 2013, Victoria Beckham lance son site de vente en ligne et ouvre sa première boutique à Londres. La même année, elle double également son chiffre d’affaires qui s’élève alors à plus de 30 millions de livres sterling.
Lire aussi
Quand soudain, Victoria Beckham ose sortir en public avec un t-shirt troué
En 2017, la société d’investissement privée Néo Investment Partners est entrée au capital et a injecté 30 millions de livres sterling. L’année suivante, la marque enregistre des pertes s’élevant à 11,2 millions d’euros, soit 2,2 millions d’euros de plus que l’an dernier. L’équipe se renforce avec des profils plus que reconnus. Ralph Toledano, ancien président de la Fédération française de la haute couture et de la mode (FHCM), est nommé président du conseil d’administration et Marie Leblanc de Reynies, ancienne acheteuse en chef du Printemps, devient directrice générale.
Développement gagnant
Grâce à cette nouvelle orientation, la marque poursuit son développement en lançant, en 2022, une ligne bodywear et une ligne de maroquinerie. Elle va également doubler son chiffre d’affaires, pour atteindre près de 107 millions d’euros en 2023 et en croissance pour la troisième année consécutive. Arriver aujourd’hui à l’équilibre est donc un véritable tournant pour la maison qui défile désormais à la Fashion Week de Paris, un autre signe de reconnaissance.
“C’est une énorme réussite”, a déclaré le designer. Le bazar de Harper , alors qu’elle s’apprête à recevoir le prix de l’entrepreneure aux Women of the Year Awards 2024. L’entreprise a vécu tellement de choses en dix-sept ans, des hauts, des bas, des restructurations, ça a été un véritable voyage. Donc, pouvoir enfin dire que nous sommes rentables est quelque chose dont je suis très fier, car ce n’est pas un secteur facile et cela devient de plus en plus difficile. Victoria Beckham a réussi ce défi complexe de passer de chanteuse à directrice artistique, balayant, avec le temps mais surtout le talent, toute question de légitimité.